Ils l’avaient prédit, ils ont eu raison. Les voilà, les flocons !

De ma fenêtre bien au chaud, je vois le ciel bas et tout gris, napper la terre de Chantilly… Je rêve d’igloos et de traineaux… Une comptine joue en sourdine. Ni croche, ni noire, rien que des blanches. Les flocons dansent et se balancent… De ma fenêtre, bien au chaud, je vois un opéra, des ballerines…

De la fête il faut que je sois ! La neige déjà, me fait un signe. Dans cet écrin où tout scintille, je veux l’empreinte de mes pas…  Je veux voir, sentir, et toucher, de l’atmosphère m’imprégner.

Me voilà partie ! J’entre dans le parc et fais le tour du lac… Je suis la seule invitée. D’autres ont du se décourager…

Tout est figé, tout est repos. Plus aucun bruit, même de fond. Mais qui a donc coupé le son ? Stoppé le temps, pris la photo ?

Le sol grelotte, mange mes bottes. Pas une couleur, pas une tache. Mon cœur s’affole, j’ai le vertige.  Nulle âme en vie, nulle marmotte..

Serait-ce la morte saison ? L’hiver prend-il quelque revanche ? N’est-il que glace et avalanches ? Un ange passe, nul ne répond.  La neige s’entasse et c’est si bon !

J’aime la neige quand elle se roule en boule, quand elle s’accroche à mes cils. J’aime la neige, tant que je m’y roule. Entre elle et moi, peut-être une idylle… J’aime la neige, quand elle s’attarde. L’heure venue, elle s’évanouit, donnant vie à quelques flaques. La neige est dure, quand elle se glace, et nous on peste et on s’agace.

Tiens, c’est drôle, il neige tellement, qu’on n’voit plus le banc ! Il était pourtant par là… C’est vrai qu’avec ce temps, avec ce temps-là, tout s’en va…  Je n’en reviens pas ! Je reviens sur mes pas…  Le banc et bien caché, et tout peint en blanc.

Et l’eau ! On ne se voit plus dedans ! C’est juste une drôle de glace, qui ne sert pas… Qui voit juste passer le temps, ce temps qui patine à tout va…

Dommage, je ne suis plus seule dans le paysage. D’autres ont voulu voir les images. C’est étrange, tous ces cabans, qui glissent en surveillant leur pas. Il parle du temps, du temps qu’il fait et qui fait que plus rien ne va…  Ce sont des gens qui ne s’amusent pas…  Mais pourquoi sont-ils là ? J’espère que bientôt ils riront, de leur coup de gueule, de ce coup de froid ! Ne voient-ils pas, pourtant, que la neige nous fait évoluer, dans le plus beau décor qui soit ?

Retrouvez donc votre âme d’enfant, prenez du bon temps, va ! Ce temps vous va comme un gant ! Regardez, vos gants vous montrent tout du doigt ! Dire qu’il y a des grands qui manquent ça !

C’est beau, on ne voit que du blanc ! L’été, ça n’est pas comme ça !

Dites, il n’est pas mauvais, ce temps, qui met la ville en tenue de gala ?