Alors qu’avec la fin du mandat du président Uribe, on aurait pu espérer une diminution des activités terroristes des FARC – puisque ceux-ci avaient déclaré le président sortant objectif militaire et qu’ils avaient annoncé à plusieurs reprises qu’aucune négociation n’aurait lieu sous sa présidence – on constate malheureusement en cette période d’élections une recrudescence des actions délictuelles des guérilléros.

Il y a quelques jours, ils ont dressé un barrage sur la route Cali-Buenaventura et ont bouté le feu à six semi-remorques. heureusement, on ne dénombre aucune victime.

Mais jeudi matin, ces mêmes guérilléros ont activé une charge explosive qui était dissimulée dans une voiture stationnée à proximité de la mairie et du palais de justice de Buenaventura. Cette explosion en plein centre-ville à une heure d’affluence a malheureusement tué neuf personnes, en a blessé une cinquantaine – dont une vingtaine grièvement – et a occasionné des dégâts matériels importants tant aux édifices publics qu’aux nombreux petits commerces de la zone. D’après une première estimation, la très forte explosion aurait endommagé plus de cent locaux commerciaux.

Le port de Buenaventura, ouvert sur le Pacifique et situé à environ 300 kilomètres de la capitale Bogota, est une ville stratégique pour les FARC puisqu’ils l’utilisent comme voie de sortie pour leur trafic de drogues et comme voie d’entrée pour leurs achats en armes et munition.

Depuis plusieurs années ce port est hélas le théâtre de nombreux actes terroristes, actes provoquant à chaque fois d’importants dégâts matériels, mais touchant, surtout, de nombreuses victimes civiles… principalement dans les couches les plus défavorisées de la population.

Malgré le déploiement d’importantes forces militaires, le gouvernement n’est toujours pas parvenu à sécuriser Buenaventura et ses environs, et c’est toute l’activité économique de la région qui en souffre. Il suffit de constater que malgré des centaines de kilomètres de plages et un écosystème unique, la côte Pacifique de la Colombie n’est pas considérée comme une destination touristique… même par les Colombiens qui lui préfèrent le nord du pays et les Caraïbes.

La multiplication des actions terroristes des FARC en cette période électorale, plutôt que d’affaiblir le parti social d’union nationale (le parti du président sortant), convint les électeurs qu’il faut poursuivre le programme de sécurité démocratique mis en place par Alvaro Uribe… et ce ne sont pas les tractations menées par la sénatrice libérale, Piedad Cordoba, négociations qui devraient aboutir à la libération de deux otages retenus par les FARC depuis plus de dix ans, qui pourraient faire pencher la balance de l’autre côté.

En poursuivant leurs actions violentes visant clairement à saborder le système électoral, les FARC confirment que leur ennemi n’était pas uniquement le président Uribe, mais la démocratie elle-même.