François hollande et Jean-Francois Copé sur France 2

 

C’étaitle premier débat de l’année organisé le 11/01/10 par Ives Calvi dans lasérie «mots croisés». Le débat était géré par Ives Calvi qui a faitsouvent référence au livre de François Hollande d’entretiens avec lejournaliste Pierre Favier. Mais aussi un débat portant sur des sujetsd’actualité comme la position de Jean-François Copé sur la burqa et surl’identité nationale pour François Hollande. Ce que l’on peut déplorerc’est que finalement les problèmes majeurs des Français n’ont que peuété abordés. Qu’il s’agisse des salaires qui sont bloqués depuis troplongtemps ou du pouvoir d’achat, de la santé ainsi que du chômage quine se résorbera pas de sitôt et de la fin de la crise, donc rien debien intéressant n’a été évoqué sur ces préoccupations majeures desFrançais, sinon une brève introduction faite par François Hollande.C’était plutôt un débat de gens bien élevés compétents certes, qui serespectent ou l’un comme l’autre voulait marquer son expériencepolitique, mais assez loin des réalités du moment ou les sujets appuyésne sont que secondaires, et font diversion.

D’une façon générale, il se dégage une coupure entre le dogmatisme dedroite basé sur la réduction des impôts des classes les plus aisées, etdes positions de gauche incarnées par François Hollande plus ouvertesconsidérant que ce problème doit être pris dans un ensemble incluanttous les revenus quels qu’ils soient.

On ne présente plus Jean-François Copé une langue bien pentue, parfoisde bois, énarque, ancien ministre délégué au budget, puis àl’intérieur, secrétaire d’État aux relations avec le parlement et porteparole, et maintenant président du groupe UMP à l’Assemblée nationale,maire de la ville de Meaux, et probablement présidentiable en 2017.Quand à François Hollande pas de carrière ministérielle, énarque,conseillé de François Mitterrand puis des postes de directeurs decabinet, actuellement président du Conseil Général de Corrèze, maire deTulle et surtout premier secrétaire du parti socialiste pendant 11années, et qui brigue l’Elysée en 2012.

Extraits

La première question est posée à Jean-François Copé sur la burqa et sur le fait qu’il a déposé une loi.

Pour lui le sujet est grave et difficile, ce n’est pas une questionreligieuse ni d’immigration, beaucoup de ces femmes sont Françaises,mais deux questions, la première concernait le respect des femmes commeélément majeur et la seconde la sécurité sur le fait que l’on neconnait pas le visage de la femme lorsqu’elle va chercher un enfant àl’école, ce qui est, il faut bien le reconnaître dangereux pour lasécurité de l’enfant et pose un problème à l’enseignant qui à la chargede cet enfant. Sa démarche est porte donc sur deux volets, il faut à lafois une résolution pour expliquer et une loi pour agir et décider.

Dans ce contexte, il est rejoint par François Fillon et par Sarkozyainsi que par 220 députés UMP. Toutefois, Sarkozy souligne qu’il fautattendre les conclusions de la Commission parlementaire sur laquestion, et là il rejoint François Hollande.

FrançoisHollande qui est aussi contre le port de la Burqa, met une parenthèseconsidérant que les principales préoccupations des Français sont cellesdu chômage du pouvoir d’achat, de la retraite de la santé signifiantque pour lui ces questions passent avant le problème de la burqa. Maisil convient qu’il faut aussi s’occuper de sujets d’actualité,d’ailleurs mis en ligne par la majorité. Pour lui il faut rechercher unconsensus général rejetant le débat gauche droite puisque tout le mondeest contre et d’abord affirmer ce principe, et pour cela, laisser laCommission parlementaire terminer son travail, et qui doit donner, à lafin janvier ses conclusions.

«Pour lui les lois en vigueur permettent déjà d’exclure le voileintégral de l’espace public, école, administration, santé, etsouhaite que les textes soient appliqués. Et s’il faut en faire denouvelles, il convient d’en décider ensemble et de faire des textes quirègleront la question. Aujourd’hui un parent voilé ne pourrait allerchercher un enfant à l’école, si les textes étaient appliqués. C’est lacontroverse à l’argumentaire de Jean-François Copé».

En conclusion, chacun est contre le port de la burqa, mais c’est dansl’application que les avis divergent François Hollande voulant attendreles conclusions de la commission et légiférer si nécessaire, etJean-François Copé voulant précipiter le vote d’une loi, en d’autrestermes squeezer la commission. Tous deux sont d’accord pour considérerque le risque est grand qu’un texte soit censuré par le ConseilConstitutionnel ou le droit Européen s’il ne respecte pas les libertésindividuelles, et pour cela l’avis de la Commission est fondamental. Laplus large adhésion possible est donc de mise. Et Sarkozy de souhaiterque loi ou résolution ne doivent pas intervenir avant l’échéance desrégionales !

Yves Calvi interpelle François Hollande sur l’identité nationale. Ilest pour le débat en général et en particulier pour la France mais cedébat là, tel qu’il a été lancé et initié, mal préparé constitue unfacteur de discorde plutôt que de concorde, et il lui paraît raté.C’est pour lui dommage. Sa critique porte aussi sur un tel débat laveille des élections régionales, et le mieux serait d’arrêter ce débat,et de plus il se prononce pour la suppression du ministère del’identité nationale et de l’immigration. François Hollande estimantque ce débat aurait du être lancé par le président. Un débat cadré, surune plus large ouverture sur ce que nous voulons. Et François Hollanded’évoquer cette histoire pénible dénoncée par Libération pour desFrançais nés à l’étranger qui rencontrent des difficultésinsurmontables pour prouver leur identité et renouveler leur cartenationale d’identité. On leur demande des documents qu’ils ne peuventobtenir concernant leurs parents voire les grands parents. Et FrançoisHollande de sommer Jean-François Copé d’agir auprès du ministère del’intérieur pour que ces pratiques cessent.

S’adressantà Jean-François Copé, Ives Calvi pose la question est-ce que vousestimez que parfois ça dérape, et Jean-François Copé d’approuverpuisque l’on parle de quelque chose dont on n’a pas parlé pendant 30ans puisque l’on culpabilise surtout les sujets qui fâches. Pour Copéce débat à le mérite d’être lancé c’est un rendez-vous d’humanisme, desensibilité, et il ne faudra jamais l’arrêter. Par ailleursJean-François Copé reconnait que ce débat à développé des proposracistes à droite et il rejoint François Hollande sur ce cas douloureuxde ces Français dénoncé par Libération qui sont suspectés de ne pasêtre Français. Globalement sans franchement le reconnaitre FrançoisCopé reconnait que ce débat a été mal initié, mal ciblé et encadré. Etde plus, reconnait également qu’il devrait être élargit à la questionde l’intégration et de l’immigration, comment on réussit pour ceux quisont d’origine immigrée et qui sont Français et de celle de l’identitéqui oppose ceux qui habitent à la ville ou la campagne, c’est unproblème majeur aujourd’hui. Et de plus il évoque ceux qui pensentqu’il n’y a pas de problème entre les hommes et les femmes, alors quec’est aussi un problème majeur d’identité.

Dansles droits et les devoirs, sujet évoqué par Jean-François Copé, estl’instauration d’un service civique obligatoire pour tous les jeunesgens et jeunes filles et qui accompliraient pendant un temps trois moisou six mois une vraie mission, un vrai engagement pour notre pays. Etil pose la question est-ce que l’on ne peut pas mettre plus de mixitésociale, est-ce que l’on ne peut pas expérimenter tout ça. FrançoisHollande de répondre, j’aime bien réinventer ce que l’on a supprimé.Quand Jacques Chirac a décidé de supprimé le service militaire, ilaurait pu instaurer un service civique obligatoire pour garçons etfilles répond François Hollande. Et de reprendre que le service civiqueobligatoire était dans le programme du parti socialiste de 2007, on sesouvient très bien que Ségolène Royal l’avait inclut dans son programmelors de la campagne présidentielle, et Nicolas Sarkozy avait, d’aprèsFrançois Hollande déclaré qu’il en était favorable et il ne l’a pasfait.

Onne peut que le regretter l’identité nationale commence par lacontribution de chaque Français à accorder un peu de son temps à laNation comme je l’ai fait avec beaucoup d’autres. La droite a détruitle lien entre les Français et parle d’identité nationale !

End’autres termes leur désaccord porte plus sur la période de mise enligne de ce débat qui sous entend un objectif électoral pour lesélections régionales ce qui est évident, et sur sa forme que sur sonfond. On peut s’étonner que l’on parle d’identité nationale alors quela France n’assure pas tout son devoir envers ses ressortissants. Quandon a plus de 7 millions de pauvres et de très pauvres et qu’en outreplus de 80.000 personnes n’ont même pas de quoi se loger et dormentdans la rue. Comment ces personnes peuvent comprendre qu’elles sontFrançaises à part entière alors qu’elles sont mises en marge de lasociété et quelles ont des devoirs envers leur pays ? Comment lesFrançais peuvent admettre que ce sont les plus aisés d’entre eux quiprofitent des réductions d’impôts alors que sont ceux en bas del’échelle sociale qui en subissent les conséquences. Pour FrançoisHollande la seule catégorie qui échappe aujourd’hui à tous effortscontributifs ce sont les plus favorisés.

Onvoit de plus en plus des gens stressés qui fument, c’est d’ailleurs ladrogue de ceux qui sont sujet à des problèmes d’existence, avec cedéfouloir de la cigarette et de la nourriture qui fait que l’on mangemal, le manque d’argent aidant, on cherche une compensation, unedétente par la cigarette, et la nourriture conduisant à l’obésité sontles deux marqueurs d’une société à la dérive. Mais aussi, le nombre desuicides en forte augmentation que ce soit dans les entreprises, dansles prisons ou ailleurs, les gens sont fatigués. Notre société va mal,le nombre de tranquillisants et autres antidépresseurs consommés parles Français le montre, alors ces débats surtout l’identité nationalequi met en exergue le nationaliste, ne font que les diviser. N’a-t-onpas vu à Marseille lors de la qualification de l’Algérie au dépend del’Égypte pour la coupe du monde de football 15.000 à 20.000 musulmanssur la Cannebière drapeaux Algérien en tête et pas un seul drapeauFrançais. Eric Besson était à Marseille pour débattre de l’identiténationale. Il aura suffi que le ministre de l’Immigration s’absentequelques minutes des salons d’honneur de la préfecture desBouches-du-Rhône pour que le débat dérape. Le motif, une déclaration dumaire de Marseille Jean-Claude Gaudin qui, évoquant les suites du matchAlgérie-Égypte en novembre, a parlé de «15 000 musulmans qui ontdéferlé» dans le centre-ville de Marseille. On voit ainsi qu’au lieu derassembler les Français en cette période de réformes et de crise on lesdivise par un racisme latent aiguisé par ses débats qui ne conduiront àrien car il n’y a pas de solution autre que celle de changer depolitique.

Cedébat montre une fois de plus le pouvoir d’analyse de FrançoisHollande, ce qui bien souvent, surprend ses interlocuteurs. N’est-ilpas pour les socialistes le meilleur homme politique ! Le mot de la finrevient Jean-François Copé à la question posée par Ives Calvi qui luidemande si Hollande à la stature présidentielle, réponse oui en 2017.

Unechose apparait clairement, François Hollande n’a pas l’intention dejouer les seconds rôles et se présente déjà comme un interlocuteurcompétent à la désignation du candidat à la primaire socialiste qu’ilavait négligée en 2005 laissant à sa compagne de jouer sa chance. Ilenvisage même s’il y est contraint de s’opposer à Ségolène Royal, lamère de ses enfants, pour lui le jeu politique n’a rien à voir avec lessentiments personnels. Son handicap majeur est celui n’avoir jamaisoccupé de responsabilités ministérielles ce qui n’est pas le cas deSégolène Royal qui de plus dirige une région dont on reconnait qu’ellele fait bien. 

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