Les dessous d’une boulangerie-pâtisserie

  Les vitrines de l’extérieur sont toujours très attirantes. Les pâtisseries font saliver d’avance et il est difficile de résister devant l’odeur des viennoiseries ou des baguettes chaudes le matin. Mais avez-vous eu déjà la chance de voir comment cela se passe de l’intérieur ? Si ce n’est pas le cas, je vous invite à partager mon expérience, disons, inattendue dans ce domaine particulier.

  Vivre  quelques mois au-dessus d’une boulangerie m’a permis de découvrir cet univers fabuleux qu’une gourmande comme moi se devait d’admirer. Alors, quand l’opportunité m’a été offerte, je l’ai saisi au vol ! Bien sûr, on n’entre pas comme dans un moulin …

  Mes yeux pétillaient face à l’odeur des viennoiseries chaudes qui me titillaient dès le matin. Voir les ouvriers s’activer tout sourire avec une complicité si rare dans le milieu du travail que j’ai du réviser mon jugement du tout au tout. Ainsi, de fil en aiguille, je me suis vue observer le travail de chacun puis y participer. La difficulté était telle que le matériel pas toujours au top menaçait de lâcher à tout moment. Entre le laminoir fonctionnant un coup sur deux ou bien le tapis de cuisson ne glissant plus en pleine cuisson des baguettes, c’était compliqué. Et pourtant, le résultat final était toujours plus que correct amenant du monde à craquer. Je me suis donc interrogée sur ce qui amenait à ceci. Des employés toujours en forme malgré l’accumulation de fatigue qui se lisaient sur leur tête, des vendeuses toujours souriantes pour plaire à la clientèle et surtout beaucoup de communication.

 

  Petit à petit, je suis passée du stade d’observatrice au stade de second. Avec, pour bagage, la seule envie de participer. Bon, j’avoue que d’avoir pour compagnon, le pâtissier de la boîte, ça aide, mais sans plus. Car sans bonne volonté de ma part, je pouvais reprendre mes affaires et partir vite fait. Je me suis retrouvée à faire la plonge, à nettoyer le sol et les toilettes, bénévolement puisque je logeais sur place. Puis, j’ai commencé à goûter les nouveautés de l’entreprise pour les tester. Avec le retour à la mode des verrines, la créativité était de rigueur. Les différentes saveurs ont titillé les papilles et j’ai pris conscience de ce que le sens du goût nous apportait réellement. De simples mélanges tels que le chocolat blanc et la framboise ont créé en moi une émotion intense de bonheur. Je suis redevenue petite fille le temps de quelques minutes. Et, enfin, pour les fêtes de fin d’année, les patrons avaient besoin d’une personne supplémentaire afin d’aider les ouvriers et de les décharger puisqu’ils n’étaient que deux.

 

  Me voici donc en train de couper 10 kgs de beurre, de surveiller le paton et de malaxer les fruits pour les enrouler dans des buches. Je fournis les éclairs, passe les grilles aux vendeuses, pose les décors sur les bûches. Je pèse les ingrédients, fait fondre le chocolat et le caramel. La seule consigne : ne pas m’approcher trop près des machines pour éviter les accidents étant donné que je n’étais pas habilitée dans ce domaine. J’enroule les croissants et les chocolatines, sert de nez pour les baguettes en train de crâmer dans le four, continue d’admirer toujours autant les machines telles que la diviseuse et m’essaye même à faire les préfous. Tout cela sous les yeux amusés des ouvriers qui avaient pris l’habitude de me voir débarquer avec mes talons aiguilles et de faire le ménage ainsi. Quel changement de mettre des chaussures de sécurité et un tablier. Plus de bijoux, de maquillage, de cheveux dans les yeux pour le fun ! Debout 23h, couché 13h. Je force le respect en respectant les horaires sans y être contrainte. Etant en vacances, autant me rendre utile, non ? J’insiste pour continuer à découvrir leur talent, tente de les aider du mieux que je peux, parce que ces gens-là, je ne les vois pas en grêve du matin au soir. Ils sacrifient leur week end, leurs jours fériés, les fêtes de famille et parfois même leur vie privée pour leur travail. Peu de gens en feraient autant.

 

  Voilà comment une jeune étudiante en Lettres de 20 ans est devenue en l’espace de quelques mois, une employée à part entière en boulangerie-pâtisserie grâce à beaucoup d’amour et au goût du travail bien fait.