Les deux derniers jours de mars ont été riches en événements. Après les douze heures allouées au vote, le dépouillement des voix a nécessité soixante-douze heures et, dans certains cas, la Commission électorale du Zimbabwe (ZEC) procède toujours à des vérifications. De façon alarmante, les maîtres politiques de l’Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (ZANU-PF) ont cherché à forcer la ZEC à déclarer Mugabe vainqueur, avec 53 % des voix et une majorité de 115 sièges au Parlement.

Des sources de la ZANU-PF nous ont fait parvenir ces informations. Mais, encore une fois, la ZEC nous a agréablement surpris en refusant la manipulation des résultats et en annonçant progressivement les chiffres définitifs au public. Elle semble ainsi vouloir donner à la ZANU-PF la possibilité de « nettoyer la maison » pour permettre un transfert relativement rapide du pouvoir, une fois les résultats définitifs de l’élection présidentielle connus.

Il semble que des mesures désespérées pour contrecarrer une victoire du Mouvement pour le changement démocratique (MDC) ont été prises tard le 31 mars et au cours de la nuit suivante, mais qu’elles ont été découragées avant le lendemain matin. En effet, la présence policière accrue du 31 mars au soir n’était plus aussi dense le jour suivant : les policiers et les militaires qui patrouillaient dans les rues avaient disparu.

Les événements se présentent comme si la ZEC allait finalement annoncer la victoire électorale de Morgan Tsvangirai – personnellement, je m’attends à ce que le décompte final de la ZEC donne 58 % des voix à Morgan Tsvangirai, 27 % à Mugabe et 15 % à Simba Makoni [ex-ministre de Mugabe, il a quitté la ZANU-PF pour se présenter à la présidentielle]. Je m’attends également à des résultats accordant 115 sièges au Parlement au MDC, 12 au groupe d’Arthur Mutambara [chef d’une faction dissidente du MDC], 8 à des indépendants et 75 à la ZANU-PF. Il est évident que de nombreux sièges de la ZANU-PF ont été obtenus par truquage, mais la ZEC accepte cet état de fait, car il ne s’agit que d’un « microtruquage » – un terme de mon invention pour nommer les opérations de manipulation du nombre de votants.

La ZANU-PF peut avoir employé diverses méthodes pour arriver à ses fins, notamment les menaces adressées à la population – « votez ZANU-PF, sinon… » -, les votes multiples dans les régions isolées où il n’y a pas eu suffisamment de surveillance, le vote par correspondance ou le déplacement de votants dans des circonscriptions clés. Nous allons examiner de près chacune de ces possibilités pour voir lesquelles nous pourrons invoquer devant les tribunaux.

Il n’y a cependant pas de doute que nous avons été témoins d’un bouleversement important. Toute une série de facteurs semblent avoir contribué à faire chuter la ZANU. Le parti présidentiel avait procédé à un découpage des circonscriptions électorales rurales, généralement acquises à Mugabe, pour accorder deux fois plus de poids au vote rural par rapport au vote urbain. Il avait également manipulé les listes électorales et la répartition des bureaux de vote, mais deux éléments significatifs ont annulé l’effet de ces mesures : une participation importante des électeurs des zones urbaines et une faible participation dans les circonscriptions rurales (15 % ou moins).
Le parti de Mugabe avait également sous-estimé l’effet Makoni, qui a obtenu de bien meilleurs résultats que ce à quoi on s’attendait.

Ces élections constituaient une sorte de plébiscite pour Mugabe et, en dépit de toutes les manipulations et du découpage électoral, celui-ci est désormais si impopulaire qu’il ne peut plus être « sauvé ». Cela m’étonnerait qu’il ait obtenu plus de 10 % des voix au niveau national. Nous avons assisté, ces dernières quarante-huit heures, aux convulsions d’une dynastie à l’agonie.

 

Eddie Cross- 1 avril 2008 – The zimbabwean

Les deux derniers jours de mars ont été riches en événements. Après les douze heures allouées au vote, le dépouillement des voix a nécessité soixante-douze heures et, dans certains cas, la Commission électorale du Zimbabwe (ZEC) procède toujours à des vérifications. De façon alarmante, les maîtres politiques de l’Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (ZANU-PF) ont cherché à forcer la ZEC à déclarer Mugabe vainqueur, avec 53 % des voix et une majorité de 115 sièges au Parlement.

Des sources de la ZANU-PF nous ont fait parvenir ces informations. Mais, encore une fois, la ZEC nous a agréablement surpris en refusant la manipulation des résultats et en annonçant progressivement les chiffres définitifs au public. Elle semble ainsi vouloir donner à la ZANU-PF la possibilité de « nettoyer la maison » pour permettre un transfert relativement rapide du pouvoir, une fois les résultats définitifs de l’élection présidentielle connus.

Il semble que des mesures désespérées pour contrecarrer une victoire du Mouvement pour le changement démocratique (MDC) ont été prises tard le 31 mars et au cours de la nuit suivante, mais qu’elles ont été découragées avant le lendemain matin. En effet, la présence policière accrue du 31 mars au soir n’était plus aussi dense le jour suivant : les policiers et les militaires qui patrouillaient dans les rues avaient disparu.

Les événements se présentent comme si la ZEC allait finalement annoncer la victoire électorale de Morgan Tsvangirai – personnellement, je m’attends à ce que le décompte final de la ZEC donne 58 % des voix à Morgan Tsvangirai, 27 % à Mugabe et 15 % à Simba Makoni [ex-ministre de Mugabe, il a quitté la ZANU-PF pour se présenter à la présidentielle]. Je m’attends également à des résultats accordant 115 sièges au Parlement au MDC, 12 au groupe d’Arthur Mutambara [chef d’une faction dissidente du MDC], 8 à des indépendants et 75 à la ZANU-PF. Il est évident que de nombreux sièges de la ZANU-PF ont été obtenus par truquage, mais la ZEC accepte cet état de fait, car il ne s’agit que d’un « microtruquage » – un terme de mon invention pour nommer les opérations de manipulation du nombre de votants.

La ZANU-PF peut avoir employé diverses méthodes pour arriver à ses fins, notamment les menaces adressées à la population – « votez ZANU-PF, sinon… » -, les votes multiples dans les régions isolées où il n’y a pas eu suffisamment de surveillance, le vote par correspondance ou le déplacement de votants dans des circonscriptions clés. Nous allons examiner de près chacune de ces possibilités pour voir lesquelles nous pourrons invoquer devant les tribunaux.

Il n’y a cependant pas de doute que nous avons été témoins d’un bouleversement important. Toute une série de facteurs semblent avoir contribué à faire chuter la ZANU. Le parti présidentiel avait procédé à un découpage des circonscriptions électorales rurales, généralement acquises à Mugabe, pour accorder deux fois plus de poids au vote rural par rapport au vote urbain. Il avait également manipulé les listes électorales et la répartition des bureaux de vote, mais deux éléments significatifs ont annulé l’effet de ces mesures : une participation importante des électeurs des zones urbaines et une faible participation dans les circonscriptions rurales (15 % ou moins).
Le parti de Mugabe avait également sous-estimé l’effet Makoni, qui a obtenu de bien meilleurs résultats que ce à quoi on s’attendait.

Ces élections constituaient une sorte de plébiscite pour Mugabe et, en dépit de toutes les manipulations et du découpage électoral, celui-ci est désormais si impopulaire qu’il ne peut plus être « sauvé ». Cela m’étonnerait qu’il ait obtenu plus de 10 % des voix au niveau national. Nous avons assisté, ces dernières quarante-huit heures, aux convulsions d’une dynastie à l’agonie.

 

Eddie Cross- 1 avril 2008 – The zimbabwean

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