Le point de vue de Greenpeace.

 

Il était important de prendre l’avis de cette Organisation Non Gouvernementale, non violente, internationale de protection de l’environnement. De telles organisations sont utiles elles ont une action d’alertes de l’opinion publique qui à pour but de faire respecter l’environnement sous quelle que forme que ce soit. Indépendante des États, des pouvoirs politiques et économiques, elle agit dans le monde entier.

Son but est de dénoncer les atteintes à l’environnement et d’apporter des solutions qui contribuent à la protection de l’environnement et à la promotion de la paix. Greenpeace est une organisation présente dans 41 pays, en Europe, en Amérique du Sud et du Nord, en Asie et dans la Pacifique, et en Afrique. Les actions de Greenpeace ne se comptent plus, elle est la conscience humaine de la nature.

Elle compte aujourd’hui près de 3 millions d’adhérents dans le monde, voir ici le site de Greenpeace .

 

Les déchets.

Greenpeace dénonce le centre de stockage de la Manche comme une poubelle éternelle.

On ne peut qu’être d’accord, mais il faut comprendre pourquoi ?

Cela voudrait signifier que les responsables de ce centre n’auraient pas conscience de ce problème ? Ne connaissant pas leur argumentaire il est impossible de prendre position qui ne soit pas dogmatique, ce que l’on peut regretter c’est qu’une solution satisfaisante pour tous ne soit pas mise en œuvre.

 

La France est parsemée de déchets radioactifs. Ce fléau trouve sa principale origine dans le vaste programme électronucléaire lancé il y a maintenant plus de 30 ans, mais aussi dans le développement militaire de la bombe atomique.

 

Des déchets tout au long de la chaîne nucléaire.

 

La pollution nucléaire commence dès les mines d’uranium. Des centaines de tonnes de minerais sont nécessaires pour obtenir une tonne d’uranium pur. Il faut ensuite procéder à un enrichissement isotopique visant à augmenter la proportion d’uranium 235 qui va réagir en réacteur. Là encore, des tonnes d’uranium appauvri sont produites afin d’obtenir de l’uranium enrichi utilisable pour la fabrication de combustible. De la même manière, chaque étape ultérieure va créer ses propres déchets. voir l’illustration «L’impasse du nucléaire», ici.

Des déchets près de chez vous, l’Andra a recensé plus de mille sites où sont actuellement entreposés, de manière plus ou moins légale, avec ou sans conditionnement, des déchets radioactifs de toutes catégories. Des milliers de tonnes de résidus de retraitement attendent un conditionnement à La Hague, d’autres à Cadarache ou à Marcoule. De surcroît, le démantèlement des anciennes installations n’a pratiquement pas démarré.

 

Des déchets pour des milliers d’années, 

Les déchets nucléaires sont avant tout caractérisés par leur extrême toxicité dont il faut se prémunir sur des périodes pouvant être de l’ordre de plusieurs milliers voire millions d’années. Les combustibles irradiés des centrales nucléaires (et leurs dérivés) sont les plus dangereux et les plus problématiques car ils sont hautement radioactifs et à longue durée de vie.

Le parc nucléaire Français en rejette environ 1200 tonnes chaque année. Très peu au regard des autres déchets, scande l’industrie, environ 20 grammes par habitant et par an. Mais ce qu’elle passe sous silence, c’est que ces 20 grammes de déchets contiennent des milliers de fois la quantité de plutonium susceptible de déclencher un cancer. Autre détail, ce plutonium perdra la moitié de sa dangerosité dans … 24 000 ans !

La gestion des déchets nucléaires est un enjeu écologique majeur à l’échelle de la planète. Le potentiel toxique de cet héritage des guerres chaudes ou froides entre les nations et contre notre environnement est immense et derrière les bombes atomiques se profilent les bombes à retardement des dizaines de milliers de sites de déchets nucléaires. Après un demi-siècle d’existence, le nucléaire n’a toujours pas trouvé de solution à la gestion de ses déchets et commence seulement à tenter de faire face à ce vaste problème.

 

En attendant, les déchets s’accumulent faisant peser une menace de plus en plus grande sur l’environnement et les générations futures. Il est temps de sortir de cette impasse, si l’industrie nucléaire n’a aucune solution pour ses déchets, elle doit arrêter d’en produire.

 

Décodage,

Matières «valorisables» et déchets nucléaires. L’industrie a trouvé une façon très efficace de limiter la quantité de déchets nucléaires : il suffit de qualifier toute une série de matières comme étant «valorisable» ! Elles sortent alors du champ des déchets. Pourtant, la grande majorité de ces matières ne sont pas valorisées dans la pratique pour des raisons techniques ou économiques, et ne le seront pas dans un avenir proche. Elles sont donc… stockées. Mais, dans un futur lointain elles pourraient constituer des «ressources stratégiques»… Ainsi EDF a prévu de stocker l’uranium de retraitement pendant 250 ans ! Au cas où… Cette hypocrisie ne doit pas nous faire oublier le caractère dangereux de ces matières et la nécessité de les gérer tout comme les déchets, de la manière la plus sûre pour l’environnement et la santé.

 

Retraitement.

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Le retraitement est responsable des plus importants rejets de radioactivité d’origine humaine dans l’environnement, notamment en mer.

En France pendant longtemps, une formule fait diversion, «on va retraiter les combustibles irradiés, et les déchets ultimes représenteront une quantité si minime qu’ils tiendront dans une simple piscine olympique». Mais ce choix se révèle inefficace, coûteux et surtout catastrophique. L’abandon du retraitement est une des premières mesures à prendre dans l’optique d’une gestion responsable des déchets nucléaires. Plus d’infos sur le retraitement ici.

 

Décodage,

Le «traitement-recyclage» A travers le retraitement, l’industrie nucléaire se targue de faire du «traitement-recyclage». Si à l’usine de La Hague, le plutonium est bien séparé d’une partie des combustibles irradiés, il est le seul à faire l’objet d’une réutilisation. Or le plutonium représente seulement 1% du combustible usé. De plus l’ensemble de plutonium extrait n’est pas réutilisé et le stock grossit chaque année, représentant aujourd’hui des dizaines de tonnes ! Quant aux autres produits, uranium de retraitement, actines mineurs et produits de fission, ils sont stockés en attente de solutions. Qualifier le retraitement de «traitement-recyclage» constitue donc pas moins que de la publicité mensongère. Une seule certitude, si il y a une chose que l’industrie nucléaire sait recycler c’est le vocabulaire environnemental !

 

Enfouissement.

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Action de Greenpeace et de la Coordination Nationale contre l’Enfouissement devant le Louvre, les déchets nucléaires sont l’héritage de notre société aux générations futures.

Face au casse-tête insoluble des déchets nucléaires, le dépôt sous-terrain en grande profondeur, pudiquement appelé l’enfouissement, est présenté comme la seule alternative. Cette option a majoritairement la faveur du nucléaire et des politiques, et se voit donc conférer le statut de «solution».

 

L’enfouissement n’a pourtant rien d’une solution.

 

Son principe, pour retarder le plus longtemps possible la remontée inévitable des éléments radioactifs dans la biosphère, on a va utiliser une barrière de confinement supplémentaire, la couche géologique ! C’est une véritable bombe radioactive à retardement qui est donc proposée comme solution. La hâte de l’industrie d’enterrer le problème des déchets balaie tout sur son passage et néglige les difficultés de taille auxquelles seront confrontés les sites de stockage dans les formations géologiques.

 

«La science est-elle en mesure de prévoir ainsi le comportement d’un stockage sur des durées aussi longues, allant jusqu’au million d’années ? Ne sommes-nous pas présomptueux à prétendre en être capables ?»

 

s’interroge la CNE, Commission Nationale d’Evaluation, avant d’écrire «En toute rigueur, il est impossible de prétendre prévoir le comportement exact d’un stockage sur de telles durées». Les recherches entreprises depuis 1991 ont pris énormément de retard. Une étude d’un panel d’experts internationaux commanditée par la CLIS, Commission Locale d’Information et de Suivit de Bure est sans appel dans ses conclusions, «Le jugement sur la faisabilité de la construction d’un centre de stockage géologique à Bure (…) est très prématuré » .Examen critique du programme de recherche de l’Andra.

De nombreuses inconnues restent en effet à étudier, la qualité de la roche sur un large périmètre, son comportement lors du creusement et lorsque des déchets très chauds y seront stockés, la faiblesse de la couche d’argilite, les failles, séismes, la géothermie, mais aussi le manque d’expérience, la question de la réversibilité du stockage, autant de questions sans réponse et qui laissent planer un risque de contamination importante. Il est ainsi probable qu’une partie des déchets radioactifs va fuir des conteneurs et traverser les barrières mises en place pour leur confinement, contaminant les sols, les ressources en eau, ou occasionnant des remontées de radioactivité.

De même, il est quasiment impossible de garantir qu’il n’y aura aucune intrusion humaine, qu’elle soit délibérée ou involontaire. Ces problèmes pour le moins épineux liés à la garantie de confinement des déchets soulèvent de vives inquiétudes de la part de l’opinion publique et une légitime opposition aux sites de stockage. Ils posent en effet, non seulement la question de la sûreté et de la protection de l’environnement, mais également celle de notre responsabilité vis-à-vis des générations futures.

Pourtant, pour l’industrie et ses nombreux supports au cœur de l’Etat, la tentation est grande d’entériner l’enfouissement comme solution aux maux des déchets nucléaires.

 

Par son principe et les risques incontrôlables qu’il représente, l’enfouissement en couche géologique profonde, représentant un abandon pur et simple des déchets, ne peut être une solution. La Terre n’a pas vocation à servir de poubelle éternelle et tout projet d’enfouissement doit stopper.

 

Les revendications de Greenpeace.

 

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Une équipe de Greenpeace vient d’installer une webcam sous-marine au bout du tuyau de l’usine de retraitement de COGEMA/La Hague.

 

ce que demande Greenpeace

Mise en place d’un programme de sortie rapide du nucléaire faisant appel aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique. Arrêt du retraitement (de la séparation du Plutonium), tant pour les combustibles Français qu’étrangers.

 

Arrêt de tout programme de stockage souterrain des déchets radioactif.

Abandon du programme EPR.

Désarmement nucléaire total.

 

Je laisse le soin au lecteur l’appréciation des revendications de Greenpeace.

 

Le dernier dossier sera sur les réflexions finales et la conclusion.