Chaque année apporte sa série d’attaques de chiens plus ou moins dramatique. Depuis le week-end dernier, en l’espace de quelques jours, ce ne sont pas moins de cinq accidents qui ont eu lieu, dont quatre  impliquant des enfants. L’un est décédé, un autre est très grièvement blessé, les deux autres resteront  marqué à vie. Les chiens à l’origine de ces attaques sont-ils de dangereux molosses ?

Mardi, un enfant de 11 ans est attaqué en pleine rue par trois chiens errants. Alors qu’il rejoint des camarades pour jouer, aux alentours de 18h30, les trois animaux, deux bergers allemands et un dogue, l’attaquent et le blessent gravement au bras. Si l’un des canidés a été aussitôt abattu par la police, les deux autres sont toujours en liberté. La municipalité de Sarcelle tente de les retrouver mais, si les appels sont nombreux pour signaler les animaux, la poursuite est restée pour l’instant sans succès. Il s’agirait de trois chiens errants, abandonnés, vivant en totale autonomie. Si un homme a été arrêté, suspecter d’être le propriétaire, il ne le serait pas officiellement et n’aurait fait que nourrir occasionnellement la bête selon le maire de la ville. 

Il est difficile d’identifier les responsables pour des animaux errants. Ils sont pourchassés par les services publics, 45 auraient été capturés à Sarcelles en 2008 et pourtant, il y en a toujours en liberté.

Il y a également cette femme qui promenait son caniche. Pour sauver son chien, elle s’interpose et se fait mordre. Le propriétaire de l’animal agressif s’étonne de la réaction de sa chienne : « elle n’a jamais mordu personne, elle a du avoir peur du caniche ». 

Mercredi, c’est encore une petite de vingt mois qui est mordue derrière la tête par un américain Staffordshire, classé chien dangereux. Le pronostic vital n’est pas engagé mais la fillette gardera des séquelles. Il s’agirait là d’un manque d’attention de la part des parents qui ont laissé l’enfant seule avec le chien. 

Samedi dernier, une fillette de 6 ans est tuée par deux dogues appartenant à la famille à Chalons en Champagne. Les animaux vivent dans un enclos qui leur est destiné, isolé du reste de la propriété par des barrières. Ils sont habitués à cohabiter avec la fillette. Pourtant, alors que celle-ci joue dans le jardin, elle échappe à l’attention de sa maman et entre dans l’enclos. Elle escalade la niche des chiens qui l’attaquent et la mordent à la tête. Elle meurt sur le coup. 

A priori, toutes les mesures de prudence ont été respectées par la famille. Si l’enclos n’était pas ce qu’il y a de plus conventionnel et solide, les animaux étaient cependant correctement dressés et ne souffraient d’aucune maltraitance. L’enfant et les chiens ne se retrouvaient jamais seuls sans surveillance. Les deux dogues avaient été habitués à la présence de la petite et celle-ci avait été sensibilisée à la cohabitation avec ces deux gros chiens. 

Les parents de la fillette ne seront pas poursuivis. Le décès est considéré comme accidentel.

 

Tous les chiens sont potentiellement dangereux

 

Si la presse dénonce une loi des  séries, il s’avère que chacun de ces faits divers est différents des autres. Les animaux sont tantôt des chiens dangereux, tantôt des animaux non classés. Certains vivent au quotidien avec les victimes, d’autres les ont croisé par hasard. La majorité semble ne jamais avoir manifesté de comportements agressifs envers l’homme. 

Les services publics se sont empressés de rappeler quelques règles élémentaires, notamment en ce qui concerne la cohabitation entre des gros chiens et des enfants. Encore une fois, des doutes sont émis quand à l’efficacité de la loi, mise en place en 1999 et à laquelle Michelle Alliot-Marie a fait ajouter des décrets suite à une série d’agressions en 2007. 

Peut-on alors se prémunir de la dangerosité des chiens ? S’il est aisé de ne pas en avoir à la maison, quand bien même les accidents sont rares, il est impossible de faire disparaître les chiens extérieurs. La solution semble évidente lorsque les chiens subissent des maltraitances, des comportements illégaux ou irresponsables de la part de leurs maîtres. Mais que dire des chiens qui se sont toujours montrés calmes ou des animaux errants ? Il semblerait que personne ne soit à l’abri d’un accident canin. C’est pourtant à chaque fois la responsabilité humaine et la dangerosité animale qui sont avancés au détriment des propriétaires et amoureux de la race canine se considérant comme responsables et prudents. 

Les chiens sont des animaux qui ont un instinct et des réflexes qui ne sont pas toujours cohérents pour l’homme. Ainsi, l’animal, même s’il est impressionnant pour nous, pourra se sentir menacé par des choses apparemment innocentes. Ainsi, un molosse enfermé dans un enclos qui voit une fillette escalader sa niche se sentira envahit et menacé. Pris au piège, il optera pour la seule solution qui lui reste, l’attaque. Comprendre ces comportements animaliers peut aider à prévenir les risques mais ne protège pas de l’accident malheureux. L’attaque animale est-elle comparable à la chute d’un arbre sur une route ? Imprévisible et simplement imputable aux risques de la nature ? 

Pour Patrick Rouchon, spécialiste interrogé par France-Soir, tous les chiens peuvent attaquer s’ils se sentent menacés. Chaque cas serait différent et il n’y aurait pas de risque zéro. Les dogues qui ont attaqué la fillette en Champagne sont une espèce rarement impliquée dans des accidents. Pour M. Rouchon, la loi est donc peu judicieuse puisqu’elle distingue des animaux plus ou moins dangereux en fonction de leur gabarit et de leurs origines. Labradors ou bergers allemands sont pourtant régulièrement impliqués. 

 

Illustration : Françoise Bessières