Savez-vous, chers lecteurs, qu’en enfilant chaque matin vos chaussettes pour aller au travail vous pouvez, si vous le voulez vraiment, contribuer à la sauvegarde de l’emploi dans les Vosges…

Mon propos vous fait rire ?

Et pourtant je vous assure que c’est la vérité .

Tombée par hasard sur un vieux numéro du Nouvel Obs. j’y ai découvert, relatée par la journaliste Nathalie Funès,  l’histoire passionnante de l’entreprise «  Tricotage des Vosges ».

Cette histoire n’a pas fait la une des grands médias, ce n’est pas une histoire de sexe, de pouvoir, ni une de ces  belles »affaires » dont se régale le microcosme parisien !

Et pourtant !

Pourtant elle concerne des hommes et des femmes comme vous et moi, soucieux de leur gagne-pain, de leur outil de travail, de leur avenir , hommes et femmes qui auraient pu perdre tout cela sans que nul ne s’en préoccupe …

En Septembre 1994, un ancien cadre de Rhône –Poulenc , monsieur Jacques Marie rachète pour 1 franc symbolique une usine textile de 250 salariés à Vagney , dans le massif vosgien.

Spécialisée dans la confection de chaussettes, collants, leggings, l’unité de production travaille avec des matières nobles ( laine mérinos, soie, laine et soie, fil d’écosse, coton peigné) et doit son succès à la qualité de sa fabrication et  aux soins apportés aux finitions . Ses produits séduisent par la variété et le style très mode de la gamme proposée, qui se décline dans de nombreux coloris et tailles tant féminines que masculines.

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Jusqu’en 2008, la société commercialisait ses produits sous la marque « Bleuforêt » et l’essentiel de sa fabrication était écoulé sous licence par la marque DIM , son principal client.

Et puis voilà que Dim est racheté par un fonds d’investissement ( Sun Capital Partner)… On annonce alors à monsieur Marie que les royalties qu’il doit acquitter en échange de sa licence vont doubler. Les comptes sont vite faits : sauf à délocaliser l’usine en Turquie ou en Chine pour diminuer les coûts de fabrication, impossible de payer !!

Le croirez-vous ?  Un patron qui dit « je n’ai pas voulu toucher à mon personnel, j’ai fait une croix sur ma licence »… ce qui ce traduit par une perte sonnante et trébuchante des 2/3 de son chiffre d’affaires !

Car bien entendu, Dim n’a pas renouvelé cette licence  et ses chaussettes (maintenant commercialisées par Kindy ) sortent désormais d’usines étrangères .

La belle saga aurait pu se terminer là, laissant à la porte du Pôle–emploi 250 personnes peu susceptibles de retrouver un job dans ce domaine …

Mais c’était mal connaître monsieur Jacques Marie qui, courageusement, a fait front et changé son fusil d’épaule en décidant « de créer pour les hypermarchés une nouvelle gamme Bleuforêt, moins chère que celle distribuée dans les grands magasins. Nos nouvelles chaussettes sont maintenant disponibles dans les rayons de Casino, Cora…Et les ventes ont l’air de bien démarrer. »

matieres.jpgEt en effet si vous cherchez bien c’est dans toutes les enseignes de la grande distribution ( ainsi que dans leur boutique en ligne) que vous trouverez maintenant chaussettes….à votre pied !!!  Bleuforêt s’adresse donc à un large public, réactif à la mode et soucieux de qualité à un prix abordable .

Et bien me direz-vous, voilà une « Happy end » qui doit beaucoup à l’énergie et au sens de l’éthique d’un chef d’entreprise peu ordinaire !!  Bravo à ce patron hors normes qui a su rester fidèle à ses valeurs …

A son crédit on doit également porter un souci de l’environnement qui a valu à Bleuforêt de se voir décerner par l’Agence de l’Environnement et de la Nature de l’Europe ( ADEME) le label européen  « Motor challenge ». Bien avant la grande mode de « l’écocitoyenneté », l’entreprise avait fait des choix énergétiques importants :

– production de l’énergie électrique de l’usine par turbine hydraulique, sans rejet de CO2 ni déchets. Réalisation du bilan carbone pour mieux connaître   le niveau de gaz à effets de serre et mise en place d’une politique de réduction de ces gaz.

– production de vapeur à partir de gaz naturel, sans rejet d’imbrûlés, ni résidus de combustible.

– utilisation de matières premières naturelles, dont la traçabilité est assurée et emploi exclusif de fils teints pour éviter les traitements chimiques polluant l’environnement.

 

Si vous êtes intéressés par cette expérience passionnante, vous pouvez profiter de vos vacances pour visiter l’usine des Vosges et découvrir les diverses étapes de fabrication …Vous serez accueilli avec plaisir en n’oubliant pas de réserver au 03.29.23.45.45

 

Sources : Nathalie Funès in NouvelOBs 16/22 avril 2009 –  Site www.bleuforet.fr/