Lu un article qui parlait des exigences d'augmentation de salaires des bonnes à Dakar. Les prix augmentent, les bonnes qui ne travaillent pas pour le plaisir demandent à ce que leurs salaires assez misérables soient augmentés. Les employeurs y rechignent vu que leurs revenus n'ont pas, eux, augmentés. Des exigences de salaires de 30 000 cfa sont jugées excessives pour des bonnes qui ne sont pas logées.

Les rapports entre les bonnes et leurs employeurs m'ont toujours parus symptomatiques du type de rapports humains existant au Sénégal.

La logique est toujours la même : je ne peux pas payer plus. Un des commentaires de l'article disait : "comment un fonctionnaire qui gagne 95 000 cfa peut donner le tiers de son salaire pour payer la bonne". Cela est vrai. Mais il est aussi vrai qu'avoir une bonne n'est pas obligatoire, non plus. La quasi présence d'une bonne dans tous les foyers est un privilège de pays pauvre, si l'on peut dire. Privilège de pays où la nécessité fait accepter n'importe quelle exploitation.

Il m'est arrivé d'en discuter avec des enseignants qui ne voyait pas le parrallèle entre leurs exigences salariales, parfaitement justifiées bien sûr, et celles de leurs bonnes, totalement injustifiées bien sûr. Un poids deux mesures. Ce qui est vrai pour eux ne l'est pas pour leurs bonnes !

Peut être faudrait-il revoir profondément notre mode de vie et nos modes d'être. Pourquoi les bonnes sont-elles si indispensables dans nos maisons, même quand la maitresse de maison ne travaille pas et qu'il y a des grands enfants à la maison ? Ou même chez des célibataires ?

Pourquoi les bonnes seraient-elles le seul service dont le prix se négocie en fonction des moyens de l'acheteur ? Le prix du 4X4 baisse-t-il parce que vous ne pouvez vous payer qu'un vélo ? Le prix d'un devis baisse-t-il en fonction de l'épaisseur de votre porte-feuilles ?

Les bonnes sont un luxe que chacun se paye à prix de misère… Au prix de l'exploitation.