un peu plus de Sarkozy, un peu moins de liberté.

 

En plein remaniement ministériel, la proposition de loi sur les bandes, examinée le mardi 23 juin à l'Assemblée nationale, s'apprête à nouveau, sous des dehors anodins, à entériner un recul sévère des libertés. Préoccupés par ce remaniement les médias n'ont pas porté l'attention qu'il aurait fallu à ce projet présenté par Christian Estrosi député UMP et maire de Nice.

Que prévoit ce projet, trois ans de prison et 45.000 € d'amende pour la «participation, en connaissance de cause, à un groupement qui poursuit le but de commettre des violences volontaires». Le port d'une cagoule constitue une circonstance aggravante.

Personne ne conteste que les bandes posent problème, les bandes des banlieues ont toujours existé. Moi même lorsque j'étais adolescent j'étais en bande et nous allions sur les buttes nous chamailler avec d'autres bandes. A cette époque nous étions des enfants de coeur à coté du phénomène actuel qui prend des proportions dangereuses voire criminelles. Mais le monde à changé, ces jeunes sont devenus les nouvelles classes dangereuses de la société. Même si le phénomène n'est vraiment pas nouveau, les affrontements réguliers entre quartiers sont d'abord redoutables pour les jeunes eux-mêmes, pour «les victimes innocentes» ensuite, comme le dit gentiment la proposition de loi, pour les biens ou l'ordre public. Seulement si le monde à changé, l'injustice s'est accrue et la culture de ces jeunes n'est plus la même que celle que j'avais à leur âge, ils sont plus mûrs. Le constat s'appui sur un rapport discutable, des anciens renseignements généraux, qui assure que 2 453 individus forment le noyau dur de 222 bandes en France, réparties à 79 % en Ile-de-France. La précision des chiffres n'a évidemment aucun sens, d'après le Monde.fr, les alliances dans les quartiers sont par essence mouvantes et on n'adhère pas à une bande comme au Rotary club.

Le projet devrait poser la question de ce qu'est une bande, quelle définition ?

Pour beaucoup de jeunes une bande c'est une petite communauté de même origine et même classe sociale ou on s'fend la guelle. C'est un lieu de détente ou l'on parle le même langage, ou on se comprend. On vit dans les immeubles, dans ces citées inhumaines en prison dans ces murs de façade, mais on se marre. Une bande comprend un chef, le plus fort en général, mais aussi le plus le plus culotté celui qui mène les autres, c'est comme partout et cela existe depuis toujours.

Je suis une bande à moi tout seul Renaud :

 

Mes copains sont tous en cabane Ou à l'armée,
ou à l'usine Y se sont rangés des bécanes
Y'a plus d'jeunesse, tiens ! ça m'déprime
Alors, pour mettre un peu d'ambiance
Dans mon quartier de vieux débris
J'ai groupé toutes mes connaissances
Intellectuelles, et c'est depuis

Que j'suis une bande de jeunes
A moi tout seul
Je suis une bande de jeunes
Je m'fends la gueule.

Je suis le chef et le sous-chef
Je suis Fernand le rigolo
Je suis le p'tit gros à lunettes
Je suis Robert le grand costaud
Y'a plus d'problème de hiérarchie
Car c'est toujours moi qui commande
C'est toujours moi qui obéis
Faut d'la discipline dans une bande,
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La peine envisagée de trois ans de prison et 45.000 € d'amende pour ces jeunes est trop lourde pour qu'elle soit un effet dissuasif, ces jeunes n'ont pas les moyens ni leurs parents pour payer une telle somme, c'est de la démagogie pour faire plaisir à une classe de la société. Une classe qui croit que la répression à outrance est la solution au problème de la délinquance des jeunes.

Les mauvais esprits relèveront que la peine est exactement trois fois supérieure à la fraude électorale, qui ne vise, elle, que les politiques, d'après le Monde.fr.

La police doit pouvoir interpeller un groupe qui s'apprête à commettre des violences avant qu'elles ne soient commises. Le simple fait d'appartenir à une bande sera désormais un délit, a expliqué le député Estrosi. On est dans le domaine d'une responsabilité collective qui n'existait pas jusqu'ici, alors qu'il est très difficile d'établir une responsabilité individuelle.«Le texte reprend en fait mot pour mot l'article 450-1 du code pénal qui définit l'association de malfaiteurs», utilisée contre le grand banditisme et surtout contre le terrorisme.

L'appartenance à une bande sera donc comparable à une «association de petits malfaiteurs», un cran au-dessous. «L'association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste» devient désormais applicable aux jeunes, voire aux enfants puisque, selon le député lui-même, les bandes sont constituées pour moitié de mineurs.

On ne poursuit désormais plus la culpabilité mais «la dangerosité». Ce n'est certes pas une première. Le Parlement a voté sans sourciller le 25 février 2008 une loi incroyable, en rupture totale avec la tradition pénale. La loi sur la rétention permet de maintenir indéfiniment en détention une personne qui a purgé sa peine, sur le seul critère de sa «dangerosité».

La dangerosité a pris le pas sur la culpabilité, la mesure de sûreté sur la peine.

Si l'accusé est présumé innocent et bénéficie du doute, la personne dangereuse est, elle, présumée dangereuse, il ne s'agit que de la mettre hors d'état de nuire. «La peine est un droit pour le criminel lui-même, disait Hegel, car en le punissant on l'honore comme un être raisonnable». A l'inverse, «la prédiction de la dangerosité» est la négation du libre arbitre, qui fonde pourtant la responsabilité pénale.

Ce texte est aussi le dix-neuvième sur la sécurité voté depuis 2001.

Cet emballement législatif, est d'abord un aveu d'impuissance comme nous n'en avons jamais eu,

il repose sur une illusion, personne ne pourra jamais éradiquer la violence criminelle. Comme le résumait Robert Badinter dans Le Monde lors du vote de la loi sur la rétention,

«nous sommes dans une période sombre pour notre justice».

C'est comme cela que l'on exaspère son peuple et que tôt ou tard vient la révolte. Mais ces politiques seront impunis, et ils laisseront aux suivants un héritage déplorable de lois inapplicables et dangereuses pour notre démocratie. Croire que la loi peut juguler la délinquance des jeunes montre une inconscience et une irresponsabilité, car de cette façon, ils ne s'attaquent pas au problème de ce fléau, ils l'activent.

A villiers-le-Bel, Val d'Oise, la situation est explosive. Les patrouilles de police sont suivies en permanence par des véhicules de soutien, les agents se déplacent Flash-Ball à la main. Les affrontements entre jeunes et policiers se multiplient dans la commune. A quelques semaines du procès des émeutiers présumés de l'automne 2007, les «grands frères» jugent la situation «très inquiétante». Dans la nuit, un petit groupe d'adolescents, probablement âgés d'une quinzaine d'années, a ouvert une armoire électrique. Des fils arrachés, un court circuit et l'éclairage public s'est éteint. Il est 23 heures, ce vendredi 12 juin, et les quartiers sensibles de Villiers-le-Bel, se préparent à vivre une nouvelle soirée de tensions. Comme tous les week-ends ou presque depuis un mois, dans une effrayante routine, le face-à-face entre adolescents et policiers se met en place.

Une demi-heure plus tôt, une patrouille avait déjà été la cible de jets de bouteilles. Cette fois-ci, les forces de l'ordre, qui accompagnent un camion de pompiers, reçoivent une pluie de tirs de «mortiers», des feux d'artifice tirés à plusieurs dizaines de mètres grâce à un tube en plastique, voir ici .

Croyez-vous que cette loi aura des effets sur cette délinquance ?

Les Français en donnant aux élections Européennes l'avantage à l'UMP creusent leur malheur quand on voit l'importance de nos déficits et que l'on ne cesse de nous dire qu'il ne faut pas augmenter les impôts. Il est envisagé un emprunt c'est bien, mais il faudra le rembourser, comment, c'est toute la question. Quand vous empruntez, on vous demande des garanties, et c'est bien normal, mais l'État peut faire ce qu'il veut et laisser aux autres la lourde tâche de réparer les errements politiques. On ne peut échapper à une politique d'extrême rigueur qui sera catastrophique en termes de délinquance.