Le gaélique écossais, ou erse, est devenu l’une des dernières langues à obtenir le statut de langue officielle européenne. La proclamation en a été faite en… anglais !

C’est The Independent daté du 8 octobre qui nous l’apprend : l’erse, soit la langue gaelique des Highlands d’Écosse, est devenu langue officielle européenne le 7 octobre. Ce qui implique, indique le journaliste Ben Ferguson, que désormais un ersophone peut s’adresser directement dans sa langue à toute l’administration de l’Union européenne et qu’il lui sera répondu dans cette langue.

Apparemment, tant l’ambassadeur du Royaume-Uni auprès des Communautés européennes, Sir Kim Darroch, que le secrétaire d’État britannique pour l’Écosse, Jim Murphy, n’ont rien trouvé à y redire, bien au contraire. Des déclarations favorables à cette « avancée significative » qui met encore davantage en valeur la culture et l’histoire écossaises ont été doctement prononcées.

Mais comme le relève le journaliste du quotidien de Londres, il a été impossible de trouver rapidement en Écosse, notamment au parlement écossais et au quotidien The Scotsman, quelqu’un qui soit capable de fournir des versions en erse des protocoles et des déclarations.

En fait, si la langue irlandaise a été fortement promue après l’indépendance de la future République, si la langue galloise est assez largement soutenue et diffusée, l’erse n’est sans doute pas davantage parlé en Écosse que l’une des trois variantes celtiques parlées en Cournouailles britanniques.

Il n’y aurait pas d’obstacle formel, a priori, à ce qu’un cornouaillan britannique unifié soit reconnue langue officielle du Royaume-Uni et par la suite langue de l’Union européenne.

Pour le moment, 23 langues européennes donnent lieu à des traductions de tous les textes officiels européens. Mais d’autres langues sont sur les rangs pour élargir ce nombre. Les partisans du basque, du catalan et du galicien voudront sans doute que cet exemple, qui succède à la reconnaissance du gaélique irlandais en janvier 2007, renforce leurs candidatures. Le luxembourgeois pourrait aussi obtenir des soutiens au-delà de sa zone de pratique si les autorités luxembourgeoises voulaient bien rendre la pareille.

Quant aux cercles celtiques de France, la reconnaissance du breton (voire du gallo) ne pourrait que les réjouir. Mais la pratique de l’anglais, lors des manifestations interceltiques, n’en sera pas pour autant révolue de sitôt.