L’enfant d’en haut, triste chronique sociale !

 

Le film d’Ursula Meier,«l’enfant d’en haut», est une chronique sociale construite autour d’un mensonge qui nous transporte à travers les vols d’un garçon de treize ans d’un monde d’en bas, boueux, terre à terre et aux lumières sombres vers un monde de cimes étincelantes, celui des montagnes suisses. Un peu comme l’enfance pétrie de misère de Mémona Hintermann où les vols qu’elle commettait petite, représentaient sa seule issue de secours, avant de parvenir à décoller vers une véritable ascension, non mécanique celle-là, et devenir la grande reporter.

Louise (Léa Seydoux) la liseuse de Marie-Antoinette dans les «adieux à la reine» endosse dans ce film le rôle de la grande sœur paumée du petit Simon (Kacey Mottet), le voleur de service. Ursula Meier n‘a pas trouvé mieux en début de film que de nous faire pisser Louise, déguisée en vulgaire jeune femme, pour ensuite nous bassiner interminablement avec des scènes de vols.

En effet, contrairement à la grande sœur démissionnaire, le frère refuse de baisser les bras en se laissant bouffer par la misère qui règne dans son HLM loti au creux d’une vallée, que surplombe une station fréquentée par des classes sociales bien huppées. Puis pour ce faire, l’adolescent se mettra à emprunter quotidiennement le funiculaire afin de quitter un univers précaire et s’envoler vers un autre plus lumineux tout recouvert d’une neige immaculée et où seul le précieux arsenal de ski de ces fameux vacanciers devient matière pour son fond de commerce.

Et tel un petit terroriste, il se camoufle le visage derrière sa cagoule et se met à chaparder le matériel de luxe avant d’aller le revendre pour subvenir à ses besoins les plus basiques. La caméra s’étant consacrée à la verticalité de ces deux mondes, elle nous tient à l’écart des escapades coutumières de Louise avec ses amants, laquelle ne rechigne pas à abandonner le frère submergé par un vide affectif.

De plus, peu encline au dialogue, Louise déboussolée au visage particulièrement expressif, échange peu avec le frangin sinon autour de l’argent, ce qui a pour effet parfois de resserrer des liens quelque peu endoloris. Parfois pour se payer le luxe d’une petite tendresse de la part de sa soeur, le gamin doit âprement négocier avec elle avant de débourser les billets restants au fond de sa poche.

Cependant les scènes censées nous faire trembler au moment où s’intensifient les risques qu’encourt Simon de se faire choper au cours de ces exercices de vol semblent surjouées, celles censées nous attendrir lorsqu’en mythomane, il invente son passé ne prennent pas trop non plus.

Une bien étrange chronique sociale que ce film qui traite de façon inédite d’une société matérialiste sur fond de crise dans laquelle règne l’indifférence, où le communautarisme entre pauvres et riches qui ne se ressemblent, ni ne se croisent, est flagrant Cet enfant du bas qui glisse mécaniquement vers le haut est un film qui bizarrement, a eu un écho positif et en plus reçu l’Ours d’argent à Berlin. Pourtant insipide et sans âme…

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