l’éminence grise et le mauvais génie

Dans son dernier numéro magazine mensuel « Matalana, le Temps de l’Afrique » de Rachid N’Diaye consacre son dossier aux hommes d’influence au Maghreb. Nous reprenons ici les deux portraits relatifs à la Tunisie : Abdelwaheb Abdallah, Monsieur censure, blocage et fermeture et Abdelaziz Ben Dhia, inventeur de la « République de demain » avec « Ben Ali » président à vie. Le texte en intégralité peut être consulté sur le site Afrique.Com.

Portraits des vrais maîtres du sérail

Ils sont au centre de toutes les conversations, mais finalement on les connaît peu et mal. Ils fuient les mondanités, parce qu’ils n’ont pas besoin de s’afficher. Ils sont craints et enviés. Ces hommes – car ce sont tous des hommes -, qui ont souvent en commun le goût de l’intrigue et du secret, jouissent d’un privilège incommensurable dans des sociétés aussi pyramidales que les sociétés maghrébines : celui de l’extrême proximité et même parfois de la familiarité avec les chefs. Loyaux serviteurs, ils savent cependant rester à leur place et ne pas se prendre pour ce qu’ils ne sont pas : des dauphins ou des héritiers putatifs. Ce sont les hommes de l’ombre, les conseillers du Prince, les vrais décideurs. Ils sont beaucoup plus puissants et influents que les ministres dont ils peuvent faire ou défaire les carrières. Dans son dernier numéro, en kioske actuellement, le magazine Matalana lève un coin du voile.

Tunisie : l’éminence grise et le mauvais génie

d72a6291231c6642393ddc6b35b78622.jpgAbdelwaheb Abdallah, 68 ans. Ennemi juré des libéraux et de tous les partisans de l’ouverture du régime, il passe pour l’architecte et le maître d’oeuvre de la politique de verrouillage de l’information. Décrit comme l’âme damnée ou le mauvais génie du Président, ce monastirien habile et intelligent, ancien professeur à l’Institut de presse et des sciences de l’information (Ipsi), ancien directeur de la TAP, l’agence de presse officielle, intègre le gouvernement, en septembre 1987, comme… ministre de l’Information. Après un intermède de deux ans à Londres, entre 1988 et 1990, il devient ministre-conseiller et porte-parole du président de la République, poste éminemment stratégique, qu’il conserve treize ans. Plus apparatchik qu’électron libre, l’inamovible « AA » connaît pourtant une semi-disgrâce en novembre 2003, quand les attributions de porte-parole lui sont brutalement retirées pour être confiées à Abdelaziz Ben Dhia. Mais il conserve son bureau au palais de Carthage et continue d’exercer son influence en coulisses. Dix-huit mois plus tard, début 2005, il est nommé aux Affaires étrangères. Un poste auquel il n’était pas spécialement prédisposé. Le choix d’« AA » ne doit cependant rien au hasard : Zine el-Abidine Ben Ali veut un homme sûr pour piloter la réussite du Sommet mondial sur la société de l’information, organisé à Tunis, du 16 au 18 novembre 2005. Décrit comme un véritable Mazarin, Abdelwaheb Abdallah, dont la femme, Alia, préside le conseil d’administration de l’Union internationale de banques (UIB), passe aussi pour être un proche de Leïla Trabelsi- Ben Ali.

f3564c6dc6935f872ec84d29bd059716.jpgAbdelaziz Ben Dhia, 70 ans. Natif de Moknine, ce professeur de droit privé, ancien doyen de la faculté de Tunis, est issu d’une famille nationaliste de la moyenne bourgeoisie sahélienne. Homme des dossiers sensibles et des missions secrètes, le ministre d’Etat, conseiller spécial et porte-parole du Président est parfois présenté comme l’éminence grise de Zine el-Abidine Ben Ali. C’est en réalité son premier collaborateur. Abdelaziz Ben Dhia a débuté sa carrière ministérielle en 1978, à l’Enseignement supérieur et la Recherche scientifique. Assez discret, ce politicien tout en rondeurs et amateur de bons mots est devenu un des piliers du régime depuis qu’il a été propulsé, en 1996, à la tête du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti au pouvoir, après cinq années passées au ministère de la Défense – un poste nettement moins exposé que l’Intérieur, la Tunisie ne possédant qu’une armée de dimension restreinte. Caution libérale du gouvernement sous Habib Bourguiba, Abdelaziz Ben Dhia s’est transformé sous Zine el-Abidine Ben Ali en apparatchik modèle, et excelle dans le rôle de grand ordonnateur du « soutien inconditionnel et spontané » au Président. Plus royaliste que le roi, c’est lui qui a coordonné la campagne du candidatprésident en 2004. Son légalisme, sa loyauté et son absence d’ambition avouée expliquent en partie son ascension. Mais en partie seulement. Zine el- Abidine Ben Ali apprécie aussi ses qualités de juriste. Abdelaziz Ben Dhia a, en effet, été le principal artisan de la révision de la Constitution opérée en 2002 et c’est lui qui a rédigé l’amendement levant l’interdiction faite au Président d’exercer plus de trois mandats successifs…

Dans son dernier numéro magazine mensuel « Matalana, le Temps de l’Afrique » de Rachid N’Diaye consacre son dossier aux hommes d’influence au Maghreb. Nous reprenons ici les deux portraits relatifs à la Tunisie : Abdelwaheb Abdallah, Monsieur censure, blocage et fermeture et Abdelaziz Ben Dhia, inventeur de la « République de demain » avec « Ben Ali » président à vie. Le texte en intégralité peut être consulté sur le site Afrique.Com.

Portraits des vrais maîtres du sérail

Ils sont au centre de toutes les conversations, mais finalement on les connaît peu et mal. Ils fuient les mondanités, parce qu’ils n’ont pas besoin de s’afficher. Ils sont craints et enviés. Ces hommes – car ce sont tous des hommes -, qui ont souvent en commun le goût de l’intrigue et du secret, jouissent d’un privilège incommensurable dans des sociétés aussi pyramidales que les sociétés maghrébines : celui de l’extrême proximité et même parfois de la familiarité avec les chefs. Loyaux serviteurs, ils savent cependant rester à leur place et ne pas se prendre pour ce qu’ils ne sont pas : des dauphins ou des héritiers putatifs. Ce sont les hommes de l’ombre, les conseillers du Prince, les vrais décideurs. Ils sont beaucoup plus puissants et influents que les ministres dont ils peuvent faire ou défaire les carrières. Dans son dernier numéro, en kioske actuellement, le magazine Matalana lève un coin du voile.

Tunisie : l’éminence grise et le mauvais génie

d72a6291231c6642393ddc6b35b78622.jpgAbdelwaheb Abdallah, 68 ans. Ennemi juré des libéraux et de tous les partisans de l’ouverture du régime, il passe pour l’architecte et le maître d’oeuvre de la politique de verrouillage de l’information. Décrit comme l’âme damnée ou le mauvais génie du Président, ce monastirien habile et intelligent, ancien professeur à l’Institut de presse et des sciences de l’information (Ipsi), ancien directeur de la TAP, l’agence de presse officielle, intègre le gouvernement, en septembre 1987, comme… ministre de l’Information. Après un intermède de deux ans à Londres, entre 1988 et 1990, il devient ministre-conseiller et porte-parole du président de la République, poste éminemment stratégique, qu’il conserve treize ans. Plus apparatchik qu’électron libre, l’inamovible « AA » connaît pourtant une semi-disgrâce en novembre 2003, quand les attributions de porte-parole lui sont brutalement retirées pour être confiées à Abdelaziz Ben Dhia. Mais il conserve son bureau au palais de Carthage et continue d’exercer son influence en coulisses. Dix-huit mois plus tard, début 2005, il est nommé aux Affaires étrangères. Un poste auquel il n’était pas spécialement prédisposé. Le choix d’« AA » ne doit cependant rien au hasard : Zine el-Abidine Ben Ali veut un homme sûr pour piloter la réussite du Sommet mondial sur la société de l’information, organisé à Tunis, du 16 au 18 novembre 2005. Décrit comme un véritable Mazarin, Abdelwaheb Abdallah, dont la femme, Alia, préside le conseil d’administration de l’Union internationale de banques (UIB), passe aussi pour être un proche de Leïla Trabelsi- Ben Ali.

f3564c6dc6935f872ec84d29bd059716.jpgAbdelaziz Ben Dhia, 70 ans. Natif de Moknine, ce professeur de droit privé, ancien doyen de la faculté de Tunis, est issu d’une famille nationaliste de la moyenne bourgeoisie sahélienne. Homme des dossiers sensibles et des missions secrètes, le ministre d’Etat, conseiller spécial et porte-parole du Président est parfois présenté comme l’éminence grise de Zine el-Abidine Ben Ali. C’est en réalité son premier collaborateur. Abdelaziz Ben Dhia a débuté sa carrière ministérielle en 1978, à l’Enseignement supérieur et la Recherche scientifique. Assez discret, ce politicien tout en rondeurs et amateur de bons mots est devenu un des piliers du régime depuis qu’il a été propulsé, en 1996, à la tête du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti au pouvoir, après cinq années passées au ministère de la Défense – un poste nettement moins exposé que l’Intérieur, la Tunisie ne possédant qu’une armée de dimension restreinte. Caution libérale du gouvernement sous Habib Bourguiba, Abdelaziz Ben Dhia s’est transformé sous Zine el-Abidine Ben Ali en apparatchik modèle, et excelle dans le rôle de grand ordonnateur du « soutien inconditionnel et spontané » au Président. Plus royaliste que le roi, c’est lui qui a coordonné la campagne du candidatprésident en 2004. Son légalisme, sa loyauté et son absence d’ambition avouée expliquent en partie son ascension. Mais en partie seulement. Zine el- Abidine Ben Ali apprécie aussi ses qualités de juriste. Abdelaziz Ben Dhia a, en effet, été le principal artisan de la révision de la Constitution opérée en 2002 et c’est lui qui a rédigé l’amendement levant l’interdiction faite au Président d’exercer plus de trois mandats successifs…

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