Après d’autres, l’église catholique de Belgique est entrée dans la tourmente, accusée par de nombreuses victimes abusées par des prêtres durant les dernières décennies d’avoir gardé le silence sur ces crimes et même d’avoir protégé les coupables…
Jusqu’ici, les enquêtes semblaient se dérouler dans la dignité. Mais suite à des perquisitions spectaculaires à l’archevêché de Malines, à la recherche (ou la découverte?) de mystérieux documents compromettants enfouis dans des tombeaux, et à la très longue audition de l’ancien primat de Belgique, les rumeurs les plus absurdes et les plus sordides ont fait leur apparition ce matin sur internet et même dans certains journaux, rappelant celles qui couraient à l’époque de l’affaire Dutroux.
Le 24 juin au matin, des dizaines de policiers encerclaient la cathédrale de Malines où se tenait la conférence épiscopale mensuelle. D’autres se rendaient au domicile de Monseigneur Daneels, l’ancien primat de Belgique. On n’avait jamais vu çà!
Y avait-il un dangereux terroriste à capturer, une prise d’otage, une menace d’attentat. Pas du tout! Ce n’était, d’après le juge, qu’une simple perquisition liée au dossier d’abus sexuels et décidée suite aux déclarations d’un informateur crédible.
Les évêques seront retenus toute la journée, leurs ordinateurs, téléphones portables et documents saisis. L’ordinateur personnel de Monseigneur Daneels sera lui aussi emporté par la police.
Les réactions de l’église à cette démonstration de force de la justice seront immédiates et à la mesure de l’évènement: elle parlera de séquestration, de viols de sépultures et l’actuel primat de Belgique, Monseigneur Léonard, déclarera que ces perquisitions s’étaient déroulées dans une ambiance digne du Da Vinci code. Le juge se justifia, dit que les évêques avaient pu manger et boire du vin! Quant aux viols de sépultures, il ne s’agissait que de perforer deux tombeaux afin d’y introduire des cameras pour vérifier la présence d’éventuels documents devant se trouver là d’après le mystérieux indicateur…
La tension entre l ‘église et la justice monta rapidement et se transforma en incident diplomatique lorsque le cardinal Bertone, furieux, menaça la Belgique de « suites ». Le pape lui-même fit une déclaration…
Ce mardi, Monseigneur Daneels a été entendu comme témoin par la justice afin de savoir si, comme le disent de plus en plus de ses accusateurs, il aurait eu connaissance des plaintes des victimes et aurait toujours cherché à étouffer l’affaire. L’archevêque a confirmé ses déclarations précédentes, rappelant qu’il n’avait aucun souvenir d’avoir été informé de ces faits. Il a été confronté à ses deux principaux accusateurs: un prêtre et une ancienne magistrate, le fameux indicateur mystérieux.
On peut se demander pourquoi le prêtre a attendu vingt ans avant de révéler un tel scandale. Et la magistrate, si elle avait vraiment connaissance de dossiers explosifs cachés dans des tombeaux, pourquoi n’a-t-elle pas elle aussi fait ses révélations plus tôt? Ces documents existent-ils vraiment? La police les a-t-elle trouvé?
On n’en sait pas plus, et c’est peut-être la cause de l’apparition ce matin sur internet et dans la presse de rumeurs, pareilles à celles qui se colportaient à l’époque de l’affaire Dutroux. On ne parlait alors que d’hommes politiques et de membres de la famille royale impliqués dans des réseaux de pédophilie et dénoncés par de prétendues victimes. La fausseté de ces rumeurs a été prouvée par la justice et voici qu’elles réapparaissent! On retrouve les mêmes histoires de réseaux et de sectes, s’en prenant cette fois à Monseigneur Daneels. De telles billevesées devraient faire sourire.
Mais la rumeur peut tuer. Il faut espérer que l’église et la justice donneront rapidement des réponses aux questions que se pose la population, sans quoi le pire est à craindre.