Samedi 3 avril 2010, 21h16.

Je suis là, les fesses posées sur la lunette des toilettes et je lis du Jack Kerouac. Je m’ennuie, et puis les 3 heures de cette position me donnent des crampes au derche.
Page 312, je me lève.
Le taxi parental m’attend dehors, impatient. Ce soir au programme, dîner familial à Bruxelles.
C’est trop pour moi.
A la demande d’un ton hypocrite et surtout poli, mes parents cèdent et m’abstiennent de cette corvée où le sourire est de rigueur: "Bonjour mamy, comment va ta libido? … Et toi cousine, toujours avec l’autre… comment déjà? Ha oui, je ne m’en souvenais plus.  Alex! Prêt pour refaire une 4ème 5ème? … Quand est ce qu’on mange? … Oui cousine, tu peux m’embrasser mais juste une fois. "

Prochain arrêt: le carré, où je retrouve mes amis déjà bourrés et quelques filles sans t-shirt. La soirée se passe, les heures filent. Les Pixies du Bara Rhum nous saoul, alors on change de bar. 26 mètres à franchir en tout. Plus que 20… 14… 5… Et là, pour le plsu grand bonheur de nos yeux envirés, une bagarre. Ha, merde, 5 contre 2.
Puis soudain, le motif de la bagarre est scandé, craché, hurlé. Tous les yeux se tournent, ou plutôt se concentrent. Les 2 sont homosexuels. Je m’attend à ce que de bons samaritains se chargent de calmer l’affaire, mais non. Personne ne bouge, et un sourire apparait sur le portrait des spectateurs, devenus acteurs dans leur lacheté.

Les heures passent, mes méninges travaillent à plein tube:
Pourquoi personne n’a bougé?
Pourquoi les insultes ont doublé de volume et d’agressivité?
Mon cerveau essaye de se rassurer, genre "ce n’est pas de la faute de tous ces gens, ils ne sont peut être pas homophobes, au fond. C’est à cause des idées anciennes, du temps où les homosexuels passaient par la case prison sans toucher 2000 francs".

Mais mon coeur n’est pas d’accord.

Pourquoi ces êtres de la même famille que nous, respirant le même air, vivant sur la même planète, sont ils montrés du doigt, jugés, persécutés?
Pourquoi tant de dégout vers ‘eux’? Est ce parce qu’on imagine ce qu’ils font dans leurs moments les plus intimes? Où parce qu’ils ne sont pas comme la plupart des gens, et que le mot d’ordre de ce siècle est de chasser la différence?

Je n’y comprend rien. Non, rien de rien …