On m’a demandé diplomatiquement (pour ne pas dire imposé) de trier mes déchets selon quoi mes sacs ne seraient plus ramassés.

      Sournoisement, on m’impose le choix d’utiliser des ampoules basse consommation dont la durée de vie n’est pas forcément plus longue qu’une ampoule à filament classique, sans parler de la quantité (même infime) de mercure qu’elles contiennent.

      On m’interdit de brûler les branchages et mauvaises herbes du jardin pour devoir les amener dans la benne à déchets verts de la déchetterie (pour ce faire d’utiliser mon véhicule à gasoil).

      On m’impose le choix d’être solidaire par l’intermédiaire d’une « participation éco » sur les produits que j’achète.

      On me harcèle pour faire installer des panneaux photovoltaïques ou encore faire un bilan énergétique de la maison.

       Le message anti-production de CO2 passe très bien par le système scolaire et de loisirs pour enfants via des spectacles de fin d’année ou de fin de centre aéré.

      Le battage médiatique sur les économies en CO2 économisé par des entreprises qui choisissent de rouler à l’électrique plutôt que le carburant ou de faire qu’une levée de ses citernes de lait par jour ; nous l’avons compris.

      Ces voitures réputées de moins en moins polluantes, le « bio », les composteurs, les récupérateurs d’eau, les éoliennes, le gaz naturel, les cruches d’eau filtrantes, les combines pour utiliser moins d’eau lorsqu’on tire la chasse dans les wc, refaire des poules pour ses œufs etc. Les astuces pour œuvrer en faveur de la nature, il y en a des tonnes, il y aura des révélations chaque jour…

Mais dès lors que l’on veut conjuguer utile à la nature et économie pour soi, c’est interdit et polluant qui plus est !

 

En effet, en me rendant à la déchetterie une énième fois pour débarrasser mes herbes et autres gravats (je n’ose faire le bilan carbone de mes déplacements à la déchetterie), l’hôtesse vient déjà inspecter au millimètre le contenu de mon coffre. Soudain elle me dit « vous avez votre carte au moins ? »

Perplexe, c’est la première fois qu’on me la demande, surtout qu’elle me connait et que ce n’était pas la première fois que je venait. Bref je présente mes excuses, pas de cartes car je n’en n’ai jamais faite.

Sitôt dit, elle me tend un papier à remplir que je dois envoyer à la communauté de communes avec cinq ou six photocopies qui justifieront de mon droit à accéder à la déchetterie. Vive l’économie de papier et de CO2 encore là-dessus.

Néanmoins, elle accepte que je passe. Je décharge mes déchets et je vois dans une petite beine qui reçoit du matériel électronique, une tour de pc qui a été jetée. Certainement a-t-il déçu son ex-propriétaire, un virus très hargneux ou tout simplement irréparable.

Informaticien néophyte, je songe tout en débarrassant le coffre que cette tour, une fois destituée de ses composants, pourrait accueillir de nouveaux composants et avoir une seconde vie. Je m’en approche et regarde l’intérieur. Aussitôt, l’hôtesse surgit et conteste : « Non monsieur on ne récupère pas ! , c’est interdit !».

Surpris dans un premier temps par son irruption, j’ai été surpris par cet interdit. J’expose alors mes arguments anti-pollution, pour une fois que cela venait de moi.

Mais elle a tenu tête, interdit de récupérer, si je veux une tour vide, je devrai l’acheter en magasin…

Je ne voulais pas attiser les conflits surtout qu’à l’origine je voulais simplement me débarrasser de quelques déchets.

Mais en remontant dans la voiture je ruminais. Combien d’objet sont jetés ainsi dans les bennes à ordures chaque jour et qui sont soit encore en état de marche, soit potentiellement récupérables pour une autre utilisation ?

Même pour leur donner une seconde vie, c’est impossible. Non il faut acheter du neuf, donc se déplacer (youpi du CO2), qui plus tard sera mit en déchetterie (youpi du CO2 pour le transport et des milliers d’années si enfouissement), et pour le porte monnaie, se vider.

J’étais abasourdi, on nous dit de moins polluer mais finalement de consommer autant voire plus. Où est la logique?

Bah après tout je soulage ma conscience en me disant je suis solidaire, je paye la « taxe éco » !