Les solutions actuelles pour résoudre la crise tentent désespérément de remettre en place une situation passée où toute l'économie était tirée par la recherche du profit. Ces solutions s'accrochent à des valeurs qui avaient une certaine efficacité : générer de la croissance, maintenir les grands acteurs économiques et la valeur des actions…
C'est oublier un peu vite que le monde a basculé : on a dépassé le pic du pétrole et de certains minerais, et les effets du changement climatique sont ressentis par des milliards d'individus. Nous ne pouvons donc pas utiliser des recettes obsolètes pour revenir à une ancienne situation qui « ne peut plus » exister. La relance économique, qu'elle soit par l'investissement ou la consommation, est vouée, au mieux à l'échec, au pire à deux catastrophes : la guerre pour l'accès aux ressources de plus en plus raréfiées et les soulèvements de populations dont les moyens de subsistance seront détruits par le climat.
Actuellement le drame n'est pas le ralentissement économique. Le drame est que le moindre ralentissement de l'économie ait un impact vital sur des millions de personnes alors que d'autres, beaucoup plus nombreuses, subissent seulement une « frustration » devant une diminution marginale de leur niveau de vie. C'est cette aberration qu'il faut corriger !
Au lieu de relancer vainement une économie du passé, nous devrions investir dans des fondamentaux essentiels et durables.
Le premier principe fondamental est de donner pour chacun, au minimum, un accès à « l'économie de subsistance » constituée de la production-consommation locale des biens et services « indispensables », ainsi qu'un accès au logement et à la santé. Par définition, cette économie là ne peut pas connaitre une baisse de la demande ; elle est par nature indifférente aux pannes de « l'économie de l'inutile ». Peu importe dans ces conditions si les actions montent ou descendent, ou si la production des voitures baisse de 40% ; cela ne concernerait que le superflu et chacun pourrait s'en accommoder car seul le portefeuille serait touché, pas le frigidaire !
Le deuxième principe fondamental est de donner une priorité à l'esprit, à l'alphabétisation, aux loisirs de proximité, et un accès à la pluralité des cultures mondiales via la presse, la télévision et internet. Par opposition, la santé économique des industries concernées est secondaire.
Le troisième principe fondamental est de débrider les structures actuelles en s'ouvrant aux idées rénovatrices. Par exemple mutualiser la connaissance au niveau mondial : au lieu que chaque pays protège son pré carré, que chaque industrie bloque l'accès aux innovations en posant des brevets sur le vivant, sur les médicaments et sur les économies d'énergie, nous devrions œuvrer à la mise en commun, dans le domaine public, de tout ce qui peut faciliter la mise en œuvre des deux principes fondamentaux évoqués précédemment, en s'inspirant de l'utopie « Gnomunisme ». Une autre idée rénovatrice est de déclencher la réduction des inégalités en révélant simplement les informations insoutenables : répartition des revenus, bénéfices et valeur ajoutée entre les acteurs économiques (coefficient de gini des entreprises). Ces informations détaillées pourraient être inscrites sur tout produit et service comme on le fait actuellement pour les valeurs nutritionnelles. Ne doutons pas que la pression publique fera rapidement effet sur les produits indiquant une répartition de 90% des revenus sur 5% des personnes ayant participé à l'élaboration du produit.
Pour résoudre la crise ouvrons les yeux et changeons nos priorités.