l’effet boule de neige.

 

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Support Wikipedia Après la Tunisie, l’Égypte, la Libye, le Bahreïn maintenant le Yémen mais également la Syrie en proie ces jours-ci à des manifestations réprimées par des tirs d’armes à feu, quinze personnes dont une fillette ont été tuées à Deraa dans le sud théâtre manifestations importantes contre le régime, voir une géopolitique nouvelle pour le monde arabe.

Le président Yéménite Ali Abdallah Saleh à la fois chef de l’État et du gouvernement domine la vie politique bien qu’elle soit multipartite par le Congrès général du peuple depuis l’unification de la République arabe du Yémen et la République démocratique populaire du Yémen en 1990. Depuis cette réunification le pays est administrativement divisé en 19 gouvernorats,(plur., muhafazat, sing., muhafazah), Abyan, Adan, Ad Dali, Al Bayda, Al Hudaydah, Al Jawf, Al Mahrah, Al Mahwit, Amran, Dhamar, Hadhramaut, Hajjah, Ibb, Lahij, Ma’rib, Sa’dah, Sana’a, Shabwah et Ta’izz, voir l’excellent document la République du Yémen. Le pouvoir exécutif est détenu par le gouvernement tandis que celui législatif est partagé entre le gouvernement et le parlement. La domination du président Ali Abdallah Saleh est totale. Au pouvoir depuis le 22 mai 1990, il s’est engagé de partir à la fin de l’année mais la révolte des opposants à cette dictature refuse, voulant son départ immédiat surtout après le massacre d’une quarantaine de manifestants à Sana’a la capitale par les forces de sécurité. L’opposition craignant une manœuvre politique déclare ce qui était encore acceptable hier ne l’est plus aujourd’hui. Début février des dizaines de milliers de manifestants défilaient déjà dans les rues de Sana’a ce qui avait eu pour conséquence une déclaration du président de ne pas briguer un troisième mandat. Les choses se sont considérablement envenimées puisqu’une partie importante de l’armée, son clan et ses cadres l’auraient lâché.

On sait que le Yémen est en proie à l’activisme d’Al-Qaïda et le 22 mars 13 activistes ont été tués dans des affrontements avec des soldats Yéménites à Loder, non représentée sur la carte ci-dessous, Loder devant être un nom francisé, dans la province d'(Al byane ?) au sud du pays, selon un responsable local. Cette zone serait un des bastions du réseau terroriste bien implanté, par ailleurs dans certaines provinces du pays, échappant pratiquement au contrôle des autorités. Le Yémen Sud qui était indépendant avant 1990 est soumis depuis à une contestation animée par le mouvement Sudiste, une coalition dont certaines composantes appellent au fédéralisme et d’autres à la sécession du Sud. La fin du conflit entre le Nord et le Sud se joua après la chute d’Aden le 7 juillet 1994, et les principaux meneurs se réfugièrent à Oman.

Les principaux partis au Yémen sont le parti conservateur du centre mené par le président Ali Abdallah Saleh, l’Alliance Yéménite pour la réforme qui est un parti religieux dont le chef est le cheikh Sadek Al-Ahmar porte parole du gouvernement et à la tête des insurgés appelant le président à une sortie honorable, et le parti socialiste Yéménite issu de la révolution au Sud Yémen et dirigé par Al-Beidh vice président du pays.

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Dans le Sud-est la ville de Al-Mukalla, sur la carte, un premier incident le 21 au soir entre des éléments de l’armée régulière et des unités de la garde présidentielle a fait deux tués, selon des témoins et des sources médicales. Les terroristes de Oussama Ben Laden sont actifs au Yémen le pays n’étant pas stabilisé surtout dans l’Est très fortement désertique. Ils ont été impliqués dans les tentatives d’attentats aux États-Unis en 2009 et 2010, c’est pour cela que Washington finance le gouvernement par une aide de 150 millions de dollars pour les combattre. Le Yémen est un pays extrêmement pauvre l’un des 10 plus pauvres de la planète ce qui explique cette révolte réprimée dans le sang.

Cette pauvreté et le chômage sont au cœur de la révolte dans un pays de 24 millions d’habitants et de 40 habitants au km². 45 % de la population vit en dessous du seuil de la pauvreté fixé à deux dollars par jour, il peut être comparé au Cameroun. Le Yémen a des revenus pétroliers, il produit 300.00 barils de pétrole brut par jour, représentant 25 % de ses revenus. Par ailleurs le pays dispose d’importantes ressources en gaz d’une hauteur de 259 milliards de m3.

Les États-Unis sont dans une position délicate par suite de cette instabilité politique, aidant à la fois financièrement le gouvernement et condamnant les exactions violentes contre les civils lors des manifestations ou des chars sont entrés en action. La coalition contre la Libye intervenue à cause de la répression à l’arme lourde et de l’aviation contre des civils Libyens à justifié cette intervention occidentale visant à empêcher l’utilisation de ces armes, quelle peut être l’attitude de cette coalition envers le Yémen d’autant plus que la Ligue arabe a condamné le 22 «ces crimes contre des civils» et a demandé aux autorités Yéménites à répondre aux souhaits de la population de «façon pacifique» ? Y aurait-il deux poids deux mesures ?

En même temps, des chefs de l’armée Yéménite ont annoncé hier leur ralliement à la contestation contre le président Saleh. Selon l’AFP, deux commandants de régions, le général Ali Mohsen Al Ahmar c’est un proche du président, demi frère ou cousin, très puissant, il est le chef de la première division blindée, proche du courant islamique et responsable du nord-est qui comprend la capitale, Sana’a, et le général Mohammed Ali Mohsen, en charge du district militaire oriental, se sont déclarés en faveur des protestataires. A la suite de ce ralliement des officiers ont rejoint le mouvement de contestation. A Aden au Sud seconde ville du pays, le général Chouaïbi a apporté son soutien à la contestation, en même temps que 60 officiers de la province de Hadramout, à l’Est de Sana’a, et de 50 officiers du ministère de l’Intérieur. Et le gouverneur de la province, Ahmad Qaatabi, a présenté sa démission.

Plusieurs diplomates ont avec les ambassadeurs du Yémen en Arabie Saoudite et au Koweït annoncés leur décision de se joindre au mouvement de contestation. «J’annonce mon soutien à la révolution des jeunes et au changement au Yémen», a déclaré l’ambassadeur en Arabie Saoudite, Mohammad Ali Al Ahwal. L’ambassadeur Yéménite au Koweït, Khaled Rajeh Cheikh, a déclaré à son tour dans un communiqué qu’en raison «des pratiques sanglantes à l’égard des protestataires», il se joint «à la révolte des jeunes» et soutient leurs revendications. C’est donc une protestation unanime à laquelle se joint en Europe les ambassadeurs de plusieurs capitales enjoignant au président Saleh de démissionner. Que ce soit au Caire et auprès de la Ligue arabe ces ambassadeurs démissionnaires n’en continuent pas moins d’assurer la représentation de leur pays.

Pour les États-Unis, cette violence est inacceptable signifiant au gouvernement Yéménite, l’inquiétude qui se dégage contre la violence de ces derniers jours a déclaré le conseillé adjoint Ben Rhodes au président Obama. La France a été le 21 mars le premier pays occidental à condamner par la voix d’Alain Juppé cette violence et a réclamer le départ du président Ali Abdallah Saleh. «Il faut aider ceux qui veulent faire avancer les droits de l’homme, construire la démocratie. Ceci est valable pour tous les pays. Nous le disons au Yémen où la situation est en train de se dégrader». «Il faut que le pouvoir en place en tienne compte», a-t-il insisté. Paris apporte son soutien «à tous ceux qui se battent pour la démocratie» sans violence et a dénoncé «les régimes usés par la corruption, la pratique dictatoriale, la longévité excessive du pouvoir».

Le président Saleh qui a 69 ans a averti que tout complot pour précipiter son départ conduirait son pays à la guerre civile.

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Manifestation à la suite de l’interdiction du sit-in des jeunes place de l’université à Sana’a réclamant le départ du président Saleh. Document Le Point.fr

Le parlement a approuvé le 23 mars l’instauration de l’état d’urgence, un vote immédiatement rejeté par l’opposition qui continue de demander le départ immédiat du président Ali Abdallah Saleh. Le secrétaire Américain à la Défense Robert Gates s’est refusé de donner un pronostic sur l’avenir politique de M. Saleh. «Les choses sont de manière évidente très instables au Yémen. Il est trop tôt pour dresser un bilan», a déclaré M. Robert Gates, alors que M. Saleh, de plus en plus isolé lutte pour sa survie politique.

Compte tenu des conflits internes tant au Nord ou la rébellion est présente qu’au Sud qui réclame son indépendance et de l’influence grandissante d’Al-Qaïda le Yémen pourrait se trouver devant de grandes difficultés causant par la même occasion des inquiétudes pour les États-Unis ne voyant pas d’un bon œil le renforcement de l’opposition Yéménite du parti tribal et islamiste Al Islah avec des éléments salafistes extrémistes. Certaines tribus se sont aussi ralliées à la révolte des jeunes, comme la confédération tribale Hashed, à laquelle paradoxalement appartiennent le président Saleh et la confédération Bakil.