Le troc.

En ces temps de crise, c’est le grand retour du troc, de la récup et des vides-greniers. C’est, certes, très sympathique et convivial comme moyen alternatif de s’équiper et de vivre (pour certains, malheureusement, ce serait plutôt survivre…).

Socialement, c’est aussi le retour à l’échange direct, au contact. C’est bien. Une autre philosophie de vie et de partage que celle que l’on nous fait miroiter à travers les pubs. Autre point positif, c’est que cela casse les conditionnements que d’aucuns essaient de nous enfoncer dans le crâne depuis une 30 d’années. C’est timide, mais ça vient doucement, sous la pression de la crise. En quelque sorte, la doxa capitaliste et ultra-libérale met en place les conditions de sa propre chute : tant mieux !

En attendant…


…n’oublions pas que pour bien des personnes, c’est devenu un moyen incontournable pour survivre avec un peu plus ce qu’ils ont au quotidien. En parallèle, on pourrait aussi évoquer la montée en puissance de l’assistance au plus démunis, restos du cœur et autres institutions, des réquisitions de logements. Louables démarches, mais qui est sur le point de conduire à l’asphyxie ces organismes en ces temps de crise. Ils sont de plus en plus sollicités et ne peuvent compter,  la plupart du temps,  que sur la bonne volonté d’une armée de bénévoles, souvent issue du 3ème âge.  Population qui devrait s’effilocher au fil du temps au vu des lois sur les retraites… En arriver là signifie tout simplement que la démission des institutions républicaines est archi-patente. Les gens en sont à un point où, ne pouvant compter sur l’aide qu’ils sont, (malgré les beaux discours sur la liberté d’entreprendre et contre le tout-état) en droit d’attendre à minima d’une république qui arbore fièrement aux frontons de ses édifices la devise Liberté, Egalité, Fraternité, ils n’ont d’autres choix que de se débrouiller par eux-mêmes : face à des politiques plus prompts à satisfaire les plus riches et influents, ils sont obligés de mettre en place des solutions alternatives pour régler leurs soucis quotidiens !!! Certains beaux esprits, de ceux qui ne ressentent cette crise qu’à la marge, trouveront magnifiques que les gens « se prennent en main ». Mais entre s’organiser et être carrément laisser pour compte, il y a une sacrée différence, non ? Malgré ce qu’on peut dire du rôle de l’argent, il n’en reste pas moins qu’obtenir, en échange d’un travail, un paiement « virtualisable » pourra vous permettre d’avoir accès à tout un champ de consommation possible. Le troc, lui, reste une méthode d’accès aux biens plus que restrictif. On obtient que ce que l’on peut trouver à échanger. Alors ? Et bien, d’un point de vue social, ça reste une idée géniale. Ce qui l’est moins, c’est ce qui l’engendre, aujourd’hui.