Épineux sujet… Traqué soi-disant par les gouvernements, le travail au black existe bel et bien, mais d’une façon totalement ouverte.

Les commerçants, artisans, professions libérales, c’est bien connu, font du black. Ce sont de grands vilains. Pensez donc, ils contribuent à l’effondrement de l’économie de notre pays. Un monceau d’argent pas déclaré, pas imposé. Du grand art…
Cela c’est pour la façade, pour rassurer le vulgum pecus. Chassons le travail au black ! Gare à celui qui se fait prendre, car l’impitoyable machine judiciaire sera là.

Mais la vérité est ailleurs. Finissons-en avec ce poncif éculé. Avec les paiements en CB, en tickets restaurants, en chèques vacances, il devient impossible au commerçant moyen de faire du Black et ce, depuis longtemps.

En revanche, des sites comme Airbnb, Blablacar, et Voulez vous dîner, pour ne citer qu’eux, font de la pub et incite les gens à se faire de l’argent. Oui, mais se faire de l’argent en le déclarant ou pas ?

Voici une pub d’Airbnb péché sur son site
"Ouvrez la porte à un voyageur et à une nouvelle vie.
Gagnez de l’argent en accueillant des voyageurs. "

Que l’on se comprenne bien. Je ne suis pas pour la répression des gouvernements qui veulent tout régenter. Je ne suis pas non plus sur le fait que chacun se débrouille comme il peut. Après tout, à part une minorité de gens qui gagnent confortablement leur vie, la majorité est obligée de trimer pour gagner des queues de cerise.

Mais ce qui est gonflant est cette espèce de "pensée et de vacuité boboïsante". Aujourd’hui tout doit se passer à la maison, tout doit être fait comme à la maison. Terminé, l’aspect ludique de certaines sorties. Aujourd’hui on adule un certain "communautarisme", ou il est de bon ton de se "serrer les coudes", tout en honnissant les indépendants (commerçants, etc), et ou tout doit être minuté et aseptisé.

Le covoiturage est peut-être une bonne idée, mais c’est déjà récupéré par de petits malins qui en font un business. (non déclaré of course). En fait, le covoiturage aide peu les gens qui sont réellement dans le besoin, mais aide le citoyen moyen qui ne gagne déjà pas trop mal sa vie. Outre le fait que voyager en covoiturage, à part le prix, n’est pas très planant, (arrêts minutés, mince on sera en retard, vite envoyons un SMS à celui ou celle qui vient nous chercher), cela ne développe pas vraiment la conversation. Tout le monde ou presque à le nez dans son portable.

Quand on faisait du stop il y a une trentaine d’années, ma foi, on allait à l’aventure. On n’était pas pressé, et on dormait quelquefois chez des gens ou quelquefois sous la voûte étoilée. Au moins, c’était fun. Évidemment quelquefois, on tombait mal, comme un copain aux cheveux longs qui s’était fait prendre en stop par un routier, à la tombée de la nuit, car il l’avait pris pour une nana. Bon, c’était le revers de la médaille, mais au moins ce n’était pas l’univers aseptisé d’aujourd’hui, ou tout est emballé, homogénéisé et prêt à l’emploi. Rien ne déborde, tout est bien calé.

Mais revenons à nos moutons. Airbnb. On croit rêver. D’une part, c’est une concurrence déloyale pour les hôteliers, et d’autre part, quand je vois les appartements luxueux ou châteaux qui sont proposés à la location, j’hallucine. En effet, ceux qui louent de tels biens sont riches et habitent ailleurs. Pourquoi louent-ils ? Mystère. Pour se faire mousser ? Pour gagner encore plus d’argent qu’ils en ont ? Pour jouer à l’hôtelier ?

En plus, les hôteliers ont des normes de sécurité à mettre en place avec de grandes dépenses financières, le particulier lui, rien. Ses hôtes ont le droit de cramer s’il y a un incendie, et personne ne dira rien.

Le must est le site Voulez-vous-diner. Ce site revendique plusieurs milliers d’utilisateurs et des centaines d’hôtes. Vous allez dîner chez l’habitant. Elle n’est pas belle la vie ? Ticket moyen 25 à 30 euros à Paris. Incroyable. À ce prix-là, je préfère manger dans un bon restaurant.

La dirigeante du site dans un interview donné au Figaro du 5 septembre, déclare que les hôtes ne rentrent pas dans leurs frais en proposant des menus à ce prix-là. Allons bon ! Les pauvres petits. Ils ne le font pas pour engranger des revenus ajoute-t-elle.

Elle nous prend pour une truffe la dirigeante. S’ils ne le font pas pour gagner de l’argent, pourquoi le font-ils ? Pour recevoir de parfaits inconnus chez eux ? Pour discuter le bout de gras ? Pour organiser des parties fines ? Allons donc.

On assomme les restaurateurs de normes d’hygiènes plus ou moins utiles, de traçabilité des produits, de la provenance des viandes et j’en passe. Et chez les particuliers ? Nada. Rien. Vous avez le droit de vous empoisonner si l’hôte n’est pas sérieux, ou de manger du cheval à la place du bœuf. Allez savoir. C’est la roulette russe. Pas bons, mes nems ? Cela fait quatre jours qu’ils stagnent dans le frigo mais bon…

En fait, les grands bénéficiaires de tout ce cirque, ce sont les créateurs de ce genre de sites internet. Blablacar, bientôt côté en bourse par exemple. Bravo à eux, je n’aurais pas parié sur une mutation aussi radicale et rapide de la façon de consommer du citoyen lambda.

Dans un futur proche, il n’y aura plus d’hôteliers indépendants, ni de petits restaurateurs. Place aux hôtels stéréotypés style groupe Accord, place aux restaurants (?) dans les zones commerciales des villes proposant des forfaits style 15€ buffet à volonté. C’est la formule qui marche. Buffet à volonté. Pas de cuisine, mais des plats tous prêts. J’ai vu un restaurant de ce type il y a peu dans une grande ville, qui affichait le premier menu à 7,90€ (entrée froide et dessert à volonté, puis 8,90 (entrées chaudes et dessert à volonté), puis 9,90, (plat et dessert à volonté), puis 10,90 (entrée, plat et dessert à volonté). Malin !
Plein à craquer, il était. Fabuleux ! Je n’ai pas testé, mais je ne me fais aucune illusion. Bouffe stéréotypé et aseptisé. Comme le reste de la société. Dormez braves gens et surtout restez bien anesthésiés.

Si vous voulez ouvrir un restaurant, faite du gastronomique. Il y aura toujours au moins 30 % de la population qui fréquentera votre établissement et sera content de manger de bons produits. Heureusement.

La morale de cette histoire serait que les gouvernements et les médias nous lâchent sur les fraudes et le black des indépendants, car à ce compte-là, tous les utilisateurs et les hôtes de ces sites internet en font. Laxiste pour beaucoup et répression pour certains ? Cela ne peut pas fonctionner. Les mêmes règles doivent être appliquées pour tous, sinon, c’est de l’injustice caractérisée. La répression stupide n’est bonne pour personne, donc laissons les gens faire comme ils veulent. Sans distinctions.