Le Tour de France pour une maternité : 11ième semaine (2ième partie)

Jeudi : La femme de Clyde me propose de me mettre sur la bonne route de Chartres car je ne sais quel détour j’avais fait, mais je m’en étais bien éloignée. Elle roule, elle roule. Je lui dis de ne ne pas aller trop loin quand même, qu’il faut que je marche, sinon que ça ne serait pas très juste.

Elle continue de rouler et m’a déposé devant la cathédrâle de Chartres. Dégoûtée, je n’ai rien marché…Ca devait être ainsi… Elle part. Je prends quelques photos, j’entre dans la cathédrâle. Je m’asseois un peu. Je la visite un peu. Quels détails ! Il y a tellement de statues et de minutie dans la construction. Impressionnant… Et les vitraux romans et gothiques avec leurs histoires et la passion du Christ sont aussi à voir ! Ce que j’ai aimé observer malgré les chaises, ce fut le labyrinthe.

J’entends des cris. Un monsieur est fâché contre le curé et me donne l’impression de… l’insulter. Je l’entends qui crie après le curé : « Que le Christ vous sauve ! Qu’il vous sauve ! » Ooh ! It’s strange (c’est étrange)… Je m’apprête à intervenir mais l’homme s’en va. Je m’approche du curé qui s’en va aussi. Je parle au monsieur resté seul et lui demande s’il fait partie de la maison, s’il est prêtre. Non, il est juste venue se confesser.

Ok. Je lui raconte un peu mon pèlerinage particulier. Il sourit, me pose 2-3 questions. Le curé arrive et me demande ce que je lui raconte. Je lui réponds « ma vie ». Il répète : « Mais qu’est-ce que vous lui racontez ? » « Ma vie, je lui raconte ma vie en vous attendant », dis-je. « Il y a la Sainte Marie pour ça, allez plutôt lui raconter à elle ! » Me dit-il. Woufgh… Sans commentaire. Je passe les détails…

Ce qui m’a plu de voir et de comprendre, c’est le labyrinthe de Chartre. Celui où l’on se perd non seulement physiquement, mais psychiquement. Le but est d’atteindre le centre pour y connaître l’enfermement qui nous libèrera… Ensuite, pour s’en sortir, il y a les 4 voies de la croix.

Vous savez que les plus vieux labyrinthe datent de plus de 15000 ans ! Là, je me rends compte que le jeu de l’oie pour les enfants est en fait un pèlerinage pour leur apprendre le jeu de la vie. Pareil pour le jeu de la marelle qui relie la terre au ciel, l’enfer au paradis, en passant par la croix…

Mon voyage, mon pèlerinage humanitaire à moi, est initiatique à sa façon. Il représente le début et la fin. Il me permet de voir de l’avant mais aussi de regarder l’arrière, là où tout a commencé « avant ». Parfois, j’ai l’impression d’être comme dans un conte de Noël où il y aurait un ange invisible qui m’emmène voir des bouts de ma vie de mon passé, pour me faire comprendre des choses où pour me montrer ce qu’il se serait passé si j’avais continuer dans telle ou telle voie…

Et ? C’est peut-être frère JV… Il m’a appelé… Il voulait savoir comment j’allais. Il m’a dit qu’il avait jeté un coup d’oeil sur mon blog et qu’il allait me laisser un petit mot. Et tout compte fait, il m’a carrément écrit un mail. J’étais trop contente. Un pratiquant catho sympa ! Un frère-moine-curé sympa ! Il n’y en a pas beaucoup mais ça existe ! Si si ! Il m’a dit qu’il était rare qu’il parle autant comme il l’a fait au petit déjeuner, qu’il avait aimé mon message… et mon côté direct, franc du collier ! mon regard franc qui semblait chercher la lumière.

Je lui ai répondu que je ne la cherchais pas, que je la voyais… Puis il me demanda si j’avais toujours mal à ma jambe. Je mis directement la main à ma cuisse et réalisai que je n’avais plus aucune douleur ! Nooon ! Siiiii ! A partir du moment où je lui ai dis que j’avais mal, je n’ai plus eu de douleur ! Trop fort ! Il est magique cet homme ! Ses prières doivent être puissantes ! Il m’a dit que je n’avais qu’à le considérer comme mon grand frère, ou encore comme mon ange qui veille sur moi en me confiant à l’intercession de Marie et de Jésus… Qu’il est chou… Nous allons garder contact. Ca c’est du moine ! Tous les curés devraient se faire moine, ils comprendraient mieux les êtres…

Ce soir là, j’ai été accueilli chez Vincent et Nadège, 2 professeurs de math et d’histoire-géo. Ils sont chrétiens. Lors du repas, je leur expliquais que Soeur Anièce m’avait dit la veille au téléphone que j’étais le nouvel apôtre des temps modernes de Jésus. Et Vincent qui tend les bras et qui me dis : « Mais Tu es Jésus car tu partages notre repas et le pain avec nous ! » Je suis bien sûr très loin d’arriver à la cheville de Jésus, mais ces mots m’ont touchée. Je suis touchée de ressentir autant d’amour des gens que je croise sur ma route.

Après le dîner, nous avons partagé un thé sous les étoiles et nous avons refait le monde…

Vendredi : Le matin au lever, Vincent me montra un papier qui parlait de l’évangile selon Luc (11,1-13) qui raconte que Jésus dit à ses disciples que si un jour nous allions voir un ami en pleine nuit pour lui demander du pain afin de nourrir des gens du voyage parce qu’il n’a rien à leur offrir ; et que de l’intérieur cet ami refuse d’ouvrir la porte sous prétexte qu’il ne veut point être dérangé car il dort, et bien qu’il faut être sans gêne avec celui-ci. Car si l’ami ne se lève pas par amitié, il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami. Et il précise : « Demandez et vous recevrez, cherchez et vous trouverez, frappez et on vous ouvrira. »

Fin d’après-midi… Dégoutée, dégoutée, dégoutée. Le curé ne peut pas me reçevoir, ne veut pas me reçevoir ! Il a demandé à la mamie de l’accueil de trouver une solution mais il n’y en a pas, donc du coup, ni un ni l’autre ne peuvent m’aider. Je leur ai demandé si ça avait été Jésus, s’ils l’auraient rejeté comme ça. Elle m’a dit « peut-être ». Alors je lui ai sorti l’évangile de Luc, 11 que m’avait montré Fabien ce matin tout fier de m’avoir reçu, je lui ai même lu. Et puis encore plus, je lui ai écris un mot à monsieur le curé, pour ne pas qu’il oublie. Je lui ai écris tout ce que je venais de dire à la mamie, et je lui ai dis de relire son évangile et aussi de retrouver sa foi qu’il avait perdu. La mamie ose me dire que la société avait évolué et que ce n’était plus comme avant. Evoluée ? Pardon ? Vous pouvez répéter ? Evoluée ? J’appelle ça de la régression quand on est plus capable de discerner le bon du mauvais, le bien du mal.

Elle me répond que parfois on discerne après et je lui rétorque qu’il sera trop tard quand il discernera que j’étais peut-être Jésus réincarné juste pour une nuit de passage, que je serais partie. Je lui ai dis et écris que celui-ci avait bâti son église en lui et sur lui et quand frappant à la porte de son église, en frappant à la porte de son coeur, on ouvre le chemin vers Dieu et que là, j’étais déçue. Ca je l’ai dis et écris 2 fois. Snif… Je peux pas y croire. Alors j’ai insisté et je lui ai demandé d’appeler la gendarmerie, que peut-être eux trouveraient une solution pour moi. Mais malheureusement, ils n’ont rien, pas de centre d’hébergement, rien. Si, une cellule. J’ai dis ok, mais le gendarme n’a pas voulu car il y avait déjà quelqu’un dedans. J’ai dis que ça me ferait vivre l’expérience, comme je n’avais jamais dormi en cellule. Mais le gendarme a dit non. J’irai bien forcer la main quand même… Je suis vraiment tentée… Après je ferais publier dans tous les journaux : « Une jeune pèlerine passe la nuit en cellule parce qu’un curé l’a rejetée ! » Ah ah ah ! Qu’est-ce que je fais, je vais les insulter pour qu’ils me mettent au cachot ou quoi ? Bon allez, ça n’en vaut pas la peine…

19h30, je me retrouve devant le gîte Le Vieux Logis, Etape de charme à la campagne. Je regarde les prix, glouuuk… Le moins cher est à 78€… Va falloir négocier… J’y vais… Je toque. Une élégante femme me fait un grand sourire et me dit que c’est plein. Alors je mets la tête sur mon bâton et lui raconte l’histoire du curé et blabla et blabla et blabla… A la fin, elle finit par me dire qu’elle peut me prêter la toile de tente de son fils qui tout compte fait n’avait pas les piquets. Je me suis donc retrouvée sur son canapée… Elle m’a prêté sa propre douche. J’ai bien compris que c’était un grand privilège. Elle n’a pas dû faire ça avec beaucoup de monde.

Quelle classe cette maison ! Le jardin est magnifique ! Tout était magnifique dans ce gîte. Pour ceux qui en ont les moyens, c’était à Maintenon, à une centaine de kilomètres de Chartres. Ca en vaut le détour car c’est charmant comme tout ! Cette femme m’a même dit que si j’avais besoin d’un sponsor pour partir sur le Tchad, que je pouvais l’appeler… On verra si elle était sérieuse…

Samedi : Je suis partie d’un bon pied malgré le manque de sommeil. Mes jambes dépassaient du canapé pendant la nuit et je glissais sur le cuir malgré la petite couverture et le chat me poussait, mais j’ai adoré dormir avec le chat…. J’ai peu dormi cette nuit mais j’étais bien quand même le matin. Sauf quand j’ai vu la méga grosse araigné velue pour 3 hivers avancer sur la couverture, aaaaaaaaaaaargh !

Pendant que je marchais, un cycliste s’est arrêté et m’a posé pleins de questions. Au début je me suis dis « Mais qu’est-ce qu’il veut ? », surtout quand il voulait savoir comment je faisais pour récupérer mon budget journalier… Puis je me suis rendue compte que cet homme sympathique était mal dans sa peau, qu’il avait besoin d’une oreille. Je lui ai permis de pousser son vélo à mes côtés sur quelques kilomètres et nous avons discuté. Ensuite je lui ai dis que je préfèrais faire ma pause de midi seule… Il a compris et a fait un don pour l’association. Merci…

Me suis arrêtée dans un café/resto « l’Escale Des Saveurs » à Gazeran, assoiffée, asséchée… je n’avais plus une goutte d’eau depuis quelques kilomètres (oublié de remplir ma gourde en partant). Quand je suis arrivée, avec la chaleur, je marchais en zigzag. La femme, Eva, m’a donné un grand verre d’eau « pour commencer » en me disant de le boire doucement. Puis elle m’a dit de ne pas m’asseoir de suite, que je devais attendre 10 mn, sinon, que je n’arriverai pas à me relever pour repartir. Elle est sympa de me donner ses conseils, c’est au début que j’aurai dû savoir ça !

J’ai fini par arriver à Rambouillet. Là, sur mon chemin, dans la ville, j’entends de la musique sur ma droite. Je vais voir. Ce sont 3 jeunes en train de s’entraîner à danser le rap. Je m’approche, me met un peu dans le rythme, leur explique grosso-modo ce que je fais. Ils n’en revenaient pas… Puis je leur ai proposé de les filmer 1 mn, pour avoir un instant émotion sur le futur montage reportage/diaporama de mon tour de France… Ok, je les filme. Puis me vint une idée. Je demande à un s’il peut filmer pendant que je danse quelques secondes avec les 2 autres… Trop rigolo, me voilà à danser avec mon gros sac et mon bâton… Vous seriez pliés de rire si vous voyiez ça… Je n’oublierai pas ce moment, ça c’est sûr ! Merci les gars !

Voilà, j’arrive dans une famille protestante. Julien est pasteur, sa femme Isabelle va le devenir l’année prochaine. Ils vont être le le couple de pasteur le plus jeune de France ! 23 et 25 ans ! C’est rare ça, on en voit plus tous les jours ! Et il y a Marie qui vit avec eux, qui vient du Bénin. Alors leur particularité, c’est qu’ils chantent pour prier avant de manger. J’ai trouvé cela original… Avec eux, nous avons parlé du basculement du christianisme en Europe, qu’il y avait un changement de sens. Les églises européennes appellent les églises africaines et asiatiques à leur envoyer des prêtres car l’Europe est en manque… Un jour un pape black ? Ce serait bien ça comme renversement ! L’Europe se déchristianise de plus en plus, alors les nouveaux missionnaires viennent féconder afin que les évangélistes cessent de souffrir.

Mais un jour, tous les peuples rassemblés chanteront dans toutes les langues…

Dimanche, j’ai participé à un culte protestant qui fut intéressant. J’ai pu parler de mon chemin et du projet. Ils vont mettre les liens du blog et de C4N sur leur site et j’ai récolté des dons…

Je suis arrivée chez Anne ancienne scout toujours, en attendant de pouvoir voir la soeur de Mum ! Je vais connaître toute la famille ! Avec eux, ça a été discussion politique sur les députés qu’il faudrait diminuer en France parce qu’il y en a autant que dans toute l’Europe ! J’ai entendu parler de la cave de Matignon qui coûterait des millions ! Et puis nous avons parlé de la France qui doit retrouver ses valeurs, etc.

Ensuite, après le repas avec la soeur de Mum qui lui ressemble beaucoup, et son mari adorable (qu’ils étaient mimi tous les deux à s’appeler pupuce…), ça a été informatique… Nous avons fait un montage pour assembler les 3 petits bouts de vidéos pris la veille pour pouvoir l’envoyer à Gilbert. Ca n’a pas été de tout repos… Me suis couchée à minuit pour bosser encore jusqu’à 1h du mat’ !

Bon, il parait que j’écris trop alors celui là je l’ai fait en 2 fois et j’ai passé les détails… Désolée d’avoir des choses à dire. C’est un peu vexant mais je fais avec… Heureusement que je ne parle pas autant que j’écris… quoi que ça m’arrive parfois… 

Alors je fais mes calculs… A combien j’en suis ? 4699 ? Oh, je rajoute 1€ et ça fait : 4700€ !