Alors… Lundi : J’arrive à Mamers. Je rencontre un black qui m’accompagne au camping qui me refuse… Le black lui disait : « Elle marche pour l’Afrique Madame, elle marche pour mon continent ! » Mais la jeune fille qui n’était que remplaçante n’a pas voulu prendre le risque de me reçevoir. Je peux la comprendre.

Je me rends donc au presbythère sur les conseils d’un jeune qui travaillait sur le paysage. Là, je suis accueillie par un frère tout souriant me disant qu’il partait en Belgique et que les autres frères arrivaient aujourd’hui d’Israël. Je me suis allongée 10 mn sur l’herbe dehors quand ceux-ci vinrent et me donnèrent un petit plateau repas. Un de »s frères m’accompagna dans une salle à part pour que je puisse manger tranquillement sans eux. J’en profitai pour lui poser quelques questions, du genre : « C’est quoi un moine ? » Il me dit moine venait du grec monos qui veut dire « seul », seul avec Dieu dans une vie de silence et de temps de prières, en vie commune (différent des ermites). Il me dit : « L’amour fort conduit au silence ». Il m’explica qu’ils étaient des moines catholiques et que la parole de Dieu était comme leur nourriture.

Je lui ai parlé, après l’histoire préservatifs, du fait que désormais « nouvelle », j’avais besoin pour une relation, que l’énergie vienne du haut pour commencer et non par le bas ; c’est-à-dire d’abord la rencontre d’âme, ensuite celle des coeurs et après celle des corps. Mais que l’inverse ne m’intéressait plus et que de ce fait, cela éloignait 50% ds hommes. Que 40% des autres étaient éloignés quand je leur disais que je ne repasserais pas leur chemise, que je ne serais pas une deuxième maman et que de ce fait, il ne restait plus que 10%… Dans ces 10%, combien en reste-t- il de spirituel ?

Puis il me conseilla d’aller à la mairie voir si je pouvais loger dans un petit studio qui serait plus accueillant pour moi. Je leur dis que j’aurai bien voulu parler un peu avec eux, que ce n’était pas tous les jours que je rencontrais des moines en France. Ils sont moines mais curés aussi car on manque de curés en France… Il me dit que je pourrais revenir en fin d’après-midi. Avant ça, je lui dis que je ne comprends pas que certains curés aient pu me refuser le gîte à cause du « quand dira-t-‘on des gens ». Là il se fâche monsieur le curé moine… Il dit qu’ils n’ont pas le choix… Alors je lui dis qu’il n’avait pas suffisamment la foi… Que les curés perdaient leur foi. « Non ! Cria-t-il. Il faut savoir se préserver ! Nous avons une réputation à tenir ! » Et il me donna pour exemple un couple d’amis chez qui il se rendait de temps en temps et chez qui il dormait quand il s’y rendait. Il m’expliqua que maintenant que l’ami est mort et bien qu’il délaissait l’amie parce qu’il ne faut pas faire parler les gens.

Je trouve ça « injuste ». Je lui ai rétorqué que c’était parce qu’il croyait que les gens allaient raconter ça, que cela provoquait des souffrances, que c’est pour ça que moi je ne crois en rien. Je préfère la Foi car la Foi est bien plus importante que la croyance. C’est parce que l’on croit que l’habit fait le moine qu’il y a autant de soucis… Alors que si on a suffisamment la foi, et bien personne ne viendra vous juger monsieur le curé ! » Une femme est arrivée pour lui parler, il me dit qu’on se reverrait plus tard, qu’il serait disponible vers 17h30. Je suis partie…

Quand je suis arrivée devant la mairie, il y avait un petit troupeau de gens assis sur un banc. Je leur dis bonjour et leur demanda comment ça allait. Quand une des femmes se mit debout et vint regarder mon baton de près. Elle se mit à crier qu’il ne fallait pas lui faire à elle, qu’elle ne se laissera pas berner. Je lui demande ce qu’il se passe et là elle me montre la croix blanche qui pend à bâton et me dit qu’on adore pas une idole et elle crie crie crie. Ooh, attendez-là ! C’est un cadeau qu’on m’a fait ! Je n’aurai pas été en acheter une pour moi, mais là c’est un cadeau ! Ohlala pas moyen de parler avec.

C’est bon, je me casse.

Là on me dirige vers les services sociaux qui me disent « trop tard, la gendarmerie vient d’appeler pour qu’on loge une sdf ». D’un côté, je préférai, j’avais envie de retourner voir les moines, surtout celui qui avait encore la lumière dans ses yeux.

Je repars, je marche et puis je croise le regard d’un homme assis par terre. Je lui demande si ça va. Il me dit bof. Je m’asseois à côté de lui et je lui dis : « Si vous aviez la possibilité de changer quelque chose, là tout de suite, qu’est-ce que ça serait ? » Ooughf… Euh… Je lui répète… : Si vous pouviez changer quelque chose dans votre vie, là, maintenant, que changeriez-vous ? Attention, réfléchissez bien, vous n’avez qu’un voeu, alors choisissez-le bien… » Il me regarde, sourit, rit, et me demande : « J’ai l’impression que je vous ai déjà vu quelque part ? » Je lui réponds que c’était avant sa naissance. Il éclate de rire et puis prends sa tête dans ses mains, me regarde à nouveau et me demande : « Vous pensez qu’une voiture ça peut rendre heureux ? » Je lui dis : « Ca dépend… Oui dans le sens où ça peut vous permettre plus d’indépendance. Mais cela peut aussi vous rendre malheureux. Par exemple, quelqu’un qui boit… s’il prend sa voiture et qu’il renverse quelqu’un, qu’il tue un enfant parce qu’il avait trop bu, alors sa voiture l’aura rendu malheureux. »

Il se reprend la tête dans les mains et me dit qu’il n’en peut plus de tous ces bruits de voiture qui passent, qu’on ne s’entend plus parler, ni penser, qu’il n’en peut plus, n’en peut plus, n’en peut plus… Aaaaah !

« Pourquoi restes-tu là sur ce trottoir devant toutes ces voitures qui passent ? Il y a d’autres endroits où tu peux être plus tranquille. Viens avec moi, je vais te montrer. » Lui dis-je

Et je le guidai vers un petit parc avec des bancs non loin de là et nous croisâmes des mamis et des papis qui avaient tous leur canne. Et en rigolant je leur dis que nous avions tous notre bâton de pèlerin… et je leur racontais un peu… Et à quelques mètres, j’amenai le monsieur, Jean quelque chose sur le banc, près des arbres. Nous nous sommes  assis. Nous discutâmes un peu. Il me dit qu’il avait faim, qu’il n’avait mangé qu’un camenbert en une semaine. Alors je sortis de mon sac le tuperware avec les pâtes à la spiruline que m’avait fait Annick la veille (Pardon Annick, j’aurai adoré les manger, mais il avait plus faim que moi…). Jean me dit et toi ? Je lui répondis de ne pas s’inquiéter, que je savais que je reçevrais au soir à manger…

Puis, je lui écrivis sur un bout de papier les adresses internet du site C4N où j’y écris mes articles ainsi que celle de mon blog pour y suivre mes aventures. Au même moment, arriva le moine à la lumière dans les yeux. Je ne peux m’empêcher de le regarder. Il a le regard si particulier. Il me demanda si tout allait bien et si j’avais trouvé un endroit pour dormir. Je lui dis non, qu’il n’y avait plus la place pour moi, mais que je pouvais revenir au presbythère… Que son compagnon l’avait proposé au cas où je ne trouvais vraiment rien. Il me dit ok, que lui allait à l’oraison, c’est-à-dire au temps de prière et que nous pourrions nous voir après. Je lui demande si c’est un truc seulement pour les moines. Il me dit que non, que c’est ouvert à tout le monde. Alors je lui dis que peut-être je viendrais faire un tour pour voir ce que c’est.

Je dis à Jean que j’allais partir mais il décidé de m’accompagner jusqu’à l’Eglise. Avant de rentrer, je lui dis que cela pouvait durer longtemps (je n’avais pas envie non plusqu’il m’attende trop longtemps…). Au bout de quelques minutes, alors que c’était le silence complet, nous entendîmes « Va pourrir en enfer ! Va pourrir en enfer ! » Mon coeur fit bam-bam, qu’est-ce que c’est que ça ? Qui ose parler comme ça devant un lieu saint ? Ohlala j’imaginais les pauvres pratiquants, les moines et les chrétiens à fond dans leurs prières comme ils devaient être mal. Alors je sortis de l’Eglise voir ce qu’il se passait et Jean dehors me dit : « Ce n’est pas à vous que je disais ça » et je lui dis :  «  Oui, mais en attendant, tous ceux qui prient n’entendent qu’une chose, c’est va pourrir en enfer ! Vous pensez que c’est bien ça ? » Il partit directement, la tête basse.

Prières terminées, un des frères vint vers moi et me demanda si c’était moi que Jean insultait. Je lui dis que non, que j’étais avec eux quand j’ai entendu ces ignominies, alors que je suis sortie pour m’en occuper. Il m’a dit que j’avais bien fait et qu’il ne fallait pas lui en vouloir, que cest un pauvre gars naïf et que des gens sans scrupules abusent de lui alors que parfois il se laisse emporter par sa colère…

Puis il m’accompagne jusqu’au presbythère et me montre la pièce avec table et chaise, où je vais dormir… Il m’a trouvé un vieux matelas dans une pièce abandonnée et m’a donné un drap pour mettre dessus au cas où il aurait des puces… J’ai demandé si je pouvais prendre une douche, ils m’ont dit qu’il n’y en avait pas. Alors je leur ai demandé comment eux faisaient pour se laver ? Ils m’ont répondu que c’était en clôture.  J’ai parlé avec les 2 séparément. Ils se sont chacun donné la peine de venir me voir et cela j’ai apprécié. Avec le plus « frileux », je lui ai parlé de la petite agression verbale que j’avais connu sur le chemin par un homme qui ne comprenait pas le fait que le pape interdise le préservatif et qu’à côté de ça, on allait construire des maternités là où des gens font des enfants sans compter…

 Le frère m’a dit, un peu agacé par ma question, que c’était de l’écologie corporelle, que c’est un peu comme si on étouffait le corps avec la pollution plastique, qu’on l’empêchait de vivre sa nature. D’un côté a-t’-il tort de dire ça ? Mais d’un autre côté, pour prendre un exemple flagrant, si les chinois avaient conçu à volonté, il y aurait 400 millions de personnes en plus aujourd’hui dans leur pays…

Attention aux extrèmes car à cause de cette régulation des populations, à cause du 1 enfant et pas 2, et à cause de la culture du « on veut un fils et pas de fille », l’équilibre de la répartition des hommes et des femmes a été mis en cause… Peut-être conseiller 2 enfants par couple dans les pays pas suffisamment développés ? Peut-être… Je ne sais pas… Qui suis-je pour conseiller ce qui serait le mieux pour eux ? Et puis dans l’histoire préservatif, il n’y a pas qu’une question de fécondation, il y a aussi l’histoire des maladies. Est-ce que le pape prône l’abstinence pour les sexuellement malade ?

Voilà, j’ai mangé mon bol de soupe et mes 2 tomates. Le frère moine frileux s’est agacé que je ne mange pas de viande, je l’ai bien ressenti. Quand j’ai refusé son poisson, il a presque frappé la grappe de tomate sur la table en demandant si cela allait pour ma religion végétarienne ? Si je n’avais beosin de rien d’autres ? Je lui ai dis que c’était trop et me suis enlevée 2 tomates et j’ai demandé un bout de pain. Il m’a d’abord répondu qu’il n’en avait plus puis est revenu quelques minutes plus tard avec une demi-baguette… Comme quoi il a du coeur quand même…

Ensuite, le moine à la lumière est venu me faire coucou. Nous avons bien parlé, je me suis un peu confiée. Pas dans le sens « je me confie », mais plutôt dans le sens je partage une expérience pour vous expliquer la leçon que j’en ai tiré.

Et bien, je ne pensais pas en écrire autant pour ce jour… J’avais vraiment l’impression de ne pas avoir à dire grand chose. J’avais peur que cette semaine soit courte en parole, mais non…

Oh ! Une dernière chose avant de quitter ce jour… J’ai dit au frère lumière que j’avais froid depuis 2 jours et 2 nuits, et qu’il m’aurait fallu un pull ou un gilet. Il m’a offert son polaire. Alors j’ai pensé qu’avec son pull, le pull d’un moine, c’est pas n’importe qui ! Et bien que je n’aurai plus jamais froid froid sur le chemin… et je n’ai plus eu froid depuis…


Mardi : Je me réveille. Aaaagh ! Horreur ! Quelle est cette brulure dans ma cuisse ? Nooon ! Déjà hier ça me brulait et avant hier aussi, mais ce n’était qu’un peu. Pourquoi autant ce matin ? On croirait des coup d’électricité, terribilus ! La dernière fois que j’ai eu ça, c’était il y a 3 ans sur le chemin de Compostelle. J’avais marché 5km de plus que je n’aurai dû. Bon, j’essaye d’oublier, ça va passer, ça passe ça passe. J’ai rendez-vous avec les frères dans la chapelle pour la petite prière chantée en raisonnance. Puis ils m’ont invité à déjeuner avec eux. Ce fut sympa.

Avant de partir, le frère lumineux me proposa de m’emmener chez une dame sympa pour que je puisse prendre une douche, je ne dis pas non… Je lui laissa mes coordonnées C4N et celles de mon blog avec mon numéro de téléphone avant de le quitter. Je lui ai serré la main, mais j’aurai bien voulu l’embrasser, aller dans ses bras 5 mn, ou 7. Il fait très protecteur… Bon allez, j’arrête de rêver…

J’ai donc pris une bonne douche chez Laura après avoir bu un thé et discuté un peu. Elle est d’origine portugaise et son mari est originaire de la Lorraine, comme moi ! Elle me demanda si je connaissais « Points-Coeur ».Euh… non. « Vous ne connaissez pas Points-Coeur ? » Me répéta-t’-elle. « Points-Coeur est une oeuvre de compassion et de consolation qui est là pour être présent auprès des plus souffrants. C’est un mouvement d’Eglise fondé en 1990 par le père Thierry de Roucy, au service des plus rejetés à travers le monde. Particulièrement auprès des enfants. Points-Coeur offre à des jeunes de tous pays et de toutes conditions, désireux de rejoindre l’appel de Dieu, la possibilité de vivre au moins 14 mois au sein d’une petite communauté, dans un quartier défavorisé, en France ou à l’étranger. En s’appuyant sur une vie de communauté, les bénévoles accueillent et écoutent les enfants et les familles en détresse en leur apportant amour, aide et consolation. Ils tissent des liens d’amitié et de confiance en allant à la rencontre des délaissés, ils sont un relais et offrent un regard sur les personnes et le monde. Laura a fait cela sur le Brésil, et son mari sur l’Inde. Je trouve ça magnifique.

Il a fallu que je sois sur ce chemin pour savoir que cela existe. C’est subtil, mais le Bien a déjà gagné…

J’ai « cru » que je n’allais jamais y arriver avec toutes ces côtes… Mais j’y suis parvenue… Sur ma route, j’ai rencontré une famille qui plumait des poules, l’odeur était terribulus tellement ça sentait le cadavre. Ah je les ai fait bien rire !

Bon, désolée de ne pas entrer dans tous les détails mais il faut que j’en passe car nous sommes vendredi et j’attaque seulement la journée de mardi en écriture et c’est le dimanche que je dois terminer ma semaine pour valider l’article le lundi matin. Il faudra que je prenne le temps à mon retour d’ajouter pleins de détails entre les lignes, surtout si je dois transformer cela en « book ».

Nogen le rotrou, après avoir cherché en vain un curé qui n’est plus là, me voilà chez les soeurs, dans leur maison de retraite. Elles m’ont préparé une chambre avec couette et couverture ! Hourra ! Lalalilalou ! J’ai une couet-te ! Lalalilalou ! J’adore les couettes ! Et surtout j’adore dormir au chaud !

Au repas, dans le réfectoire, je me suis présentée devant tout le monde en expliquant mon pèlerinage particulier, mon chemin humanitaire… Puis un prêtre congolais est venu se joindre à nous. Ce dernier me demande si j’ai traversé quelques épreuves difficiles. Alors je lui raconte celle de Rivérac. Je lui ai dis que je m’étais posé quelques questions sur le fait d’avoir dû traverser ces épreuves. Qu’avais-je pensé de travers ou fait de pas correct pour devoir affronter cela ? Et bien tout simplement pour aider à sortir la jeune de là à ce moment… Et puis je lui dis : « Vous savez Monsieur le Curé, j’ai déjà connu l’enfer alors si je dois y retourner de temps en temps pour sauver quelques brebis, ça ne me fait pas peur ! »

Et j’éclate de rire… Et bien j’ai vu ses yeux briller à ce moment. J’aurai presque pensé qu’il avait été content de ma phrase… Peut-être bien que oui… Les soeurs m’ont expliqué qu’elles faisaient partie de la communauté de la Sainte Famille. Je leur ai demandé ce qu’elles avaient dû faire pour être soeur. Elles m’ont répondu qu’elles avaient fait les 3 voeux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance. A qui ? Aux supérieurs majeurs… Qu’est-ce que je n’aime pas ces histoires de supérieurs et d’inférieurs, grrr. Allez, dodo !


Mercredi : petit déjeuner de bonne heure, sans personne… J’entends les soeurs aller à la chapelle. Je les rejoins et demande si je peux faire une photo. Je me mets devant l’hôtel, les remercie pour leur accueil et les flash un coup. Puis je leur dis que je vais écouter une de leurs prières et m’en aller. Elles se mettent à chanter et j’écoute tout jusqu’au bout. A la fin, je leur demande si elles veulent bien chanter une chanson pour moi, et que je les filme un peu… Elles m’ont dit oui et ont chanté que j’étais l’enfant de Dieu et j’étais son prophète qui marchait devant lui pour lui ouvrir le chemin. Ohlala, après soeur Anièce la veille qui me dit que je suis le nouvel apôtre des temps modernes de Jésus, cela m’a touché ! Et, vous savez qu’il y a des soeurs moines aussi ? Si si ! Cela s’appelle des moniaques, ce sont des soeurs contemplatives. La différence avec des soeurs tout court, c’est qu’elles ont plus de temps de prière et de silence. Allez hop, on reprend la route !

Je marche, je marche. Je parle aux vaches… Je m’arrête boire un jus de fruit dans un routier, je rencontre un papi, une mami. Je leur raconte ce que je fais, ils font un don. Je leur laisse mes coordonnées C4N/blog… cool… Petit à petit, l’oiseau fait son nid…

Je marche, je marche. Là, je commence à avoir chaud, j’ai quelques courbatures et surtout, j’ai envie de… pipi ! Aïe. aïe, aÎe ! Rien sur ma route pour me cacher ! A part des voitures qui passent et des champs des 2 côtés, il n’y a pas un arbre assez gros pour que je m’arrête… Ooooh combien de temps je vais tenir comme ça. J’en peux plus, faut que j’trouve une solution !

Et hop, je vois une maison ! Ca a l’air d’être un magasin biker (de motard). Je m’avance. Grillage. Bon sang c’est fermé, nooon ! Il y a une voiture, il doit bien y avoir quelqu’un ! Je fais le tour, je me penche au-dessus d’une porte et j’en vois une autre au loin, ouverte… Yes ! Ouaf ouaf ! Ooh le gros rottweiler ! Je crie : « Il y a quelqu’un ? » Je vois une tête au loin qui me fait un signe de la main pour que j’entre, ce que je fais. 2 garçons. Surprise, ils pensaient que j’étais quelqu’un d’autre… Ils me proposent de m’asseoir et de boire un verre avec eux. Je blablatte, leur raconte mon parcours, mon projet. Le chef de famille, Doudou me dit directement que c’est bon que le gîte et le couvert est assuré pour ce soir et que je verrais pour le linge avec sa femme quand elle rentrera du boulot. Ok. Il n’arrête pas de m’appeler la bonne soeur. Il pense que je suis une soeur… Il invite son ami et sa femme à manger pour le soir. Puis me propose d’aller avec lui chercher du pain et visiter un ami. Son ami, c’était un patron de café. Son autre ami, c’était un autre patron de café… et ce fut dur-dur de le décoincer de ses « embuscades » histoire de retourner à la « maison » où ses invités allaient l’attendre… Un bon et sacré fêtard l’ami ! D’un coup, c’est comme si j’étais revenu 12 ans en arrière. J’avais l’impression d’être dans un conte de Noël où un ange m’emmenait dans diverses passages de mon passé comme pour me faire comprendre certaines choses… Il y a 12 ans, j’ai fréquenté un biker et tout le monde nous appelaient Bonny and Clyde, c’était l’aventure et le rock & roll’s…

Ca m’a montré ce qu’aurait été ma vie si j’étais restée avec lui car en plus ils se ressemblaient vraiment beaucoup… Ces hommes sont pleins d’humour et d’amour, mais tellement dans la souffrance qu’ils restent centrés sur eux-même… Par contre, cet homme Doudou, a une éthique : « Les gens qui passent, jamais tu les laisses sur le bord de la route » et lui n’a pas fait ce qu’un curé a fait 2 jours plus tard avec moi… Alors Doudou, quelque soit ton caractère, Merci ! Et encore Merci à tout ceux qui m’ont ouvert la porte.