Lorsque même le sport ne nous fait plus rêver, cela confirme la crise de société, que nous traversons depuis des années.

 

 

Je me souviens de mon enfance (les plus gentils me rappeleront que ce n’est pas si éloigné), où enfant, je me passionnais pour le Tour de France. Les vacances déclarées, je savais, que les Alpes et les Pyrénées me promettaient quelques bons moments de sport. J’ai toujours conservé cette passion. Le Tour de France, un monument à lui tout seul, et pour une fois (c’est assez rare pour le souligner), que je suis entièrement d’accord avec notre président, François Hollande, ne boudons pas notre plaisir. Oui, le tour de France est aussi une formidable des plus beaux paysages de notre pays, et il donne envie de voyager à travers nos terroirs.

 

Seulement voilà, je ne suis plus un petit garçon, et le Tour de France me fait nettement moins rêver. Rassurez – vous, les paysages sont toujours aussi féériques et enchanteurs, mais ces hommes de légende ont quelque peu perdu de leur superbe.  Bien évidemment au fil des années, les affaires de dopage sont venus ternir cette image de héros des temps modernes. Il n’y a pas de fumée sans feu dit l’adage, alors que les flammes reviennent chaque année, on se dit, que le foyer doit couver depuis des décennies, et les rêves s’envolent.

 


Puis, le cyclisme a affirmé haut et fort, que le temps de l tromperie et de la duperie était révolu, et que désormais, les cyclistes seraient irréprochables. Bien sûr, certains champions espagnols ont été trompé en absorbant des viandes, contenant des substances illicites. Mais paraphrasant un philosophe des temps modernes, c’était à l’insu de leur plein gré. Puis, Lance Armstrong est venu sur le tour dominant tout et brisant tout suspens. Le coureur a battu tous les records. Personne à l’époque n’osait remettre en cause les performances, et on se surprenait à applaudir ce rescapé d’un cancer des testicules enchainer les cols,  et surclasser tous les contre la montre.

 

Dèjà à ce moment, le Tour avait perdu son intérêt. Après  200 kilomètres de courses, Lance Armstrong brisait tout suspens en surclassant tous ses adversaires dans le dernier col, battant au passage la vitesse moyenne, mais aussi les records de vitesse en montée. Aujourd’hui, des soupçons sérieux laissent penser, que ce rêve n’était une fois encore qu’illusion.  La justice tranchera.

 

Alors, pour se redonner bonne conscience, le Tour de France semblait pour cette édition 2012 avoir fait peau neuve. Certes, aucun coureur ne s’est imposé pendant 3 semaines de courses, mais un britannique a réussi à s’emparer du maillot jaune, et semble bien être en mesure de parvenir ainsi vêtu jusque Paris. Les écarts ne sont pas démesurés, et le vainqueur annoncé a montré des signes de faiblesse à plusieurs reprises, grimaçant de douleur. Enfin un tour propre, …Oui, sauf que…Au détour d’un col, le second au classement général, également un britannique, a placé une accélération fulgurante, laissant sur place le leader jusque là incontesté. Il était parti fier et sur de lui, et on pensait déjà qu’un nouveau héros était en train de naître. Pour les néophytes, une telle ascension permet à un tel coureur de prendre 5, 6,…12 minutes d’avance sur ses poursuivants écoeurés d’une telle facilité.

 

Enfin, je retrouvais le tour de mon enfance et commençais à m’enflammer. Mais, avant même que j’ai pu sortir drapeaux et trompette, ce héros se relevait et abandonnait tout effort se laissant rejoindre par ses poursuivants. Trop flagrant pour être naturel…Une piqure de guépes, une roue crevée, une chaine qui déraille,…toutes les hypothèses en quelques secondes, pour au bout du compte comprendre la véritable raison. Ce héros en devenir est en fait un équipier du leader, et lorsqu’il a placé son accélération, il pensait que son leader, réputé être le meilleur, le suivrait…jusqu’à ce que son directeur lui hurle dans l’oreillette, que son chef était distancé…d’où cet arrêt brutal de l’effort et la disparition en quelques secondes de mes derniers espoirs.

 

Le Tour de France n’a donc pas convaincu cette année, bien au contraire, mais il nous a permis de prendre conscience d’une chose : le cyclisme est le sport le plus stratégique parmi tous les sports collectifs….