La Terre se réchauffe peut-être, mais l’Amérique du Sud grelotte depuis le mois de juillet ! Selon les spécialistes colombiens, l’océan Pacifique n’a plus été si froid depuis 40 ans et le niveau de ses eaux si bas.

D’un autre côté, alors qu’en juillet et en août la Colombie profite normalement de l’été, le phénomène de la Niña y a provoqué d’importances inondations, faisant déborder les grands fleuves et faisant chuter les températures à des niveaux étonnamment bas pour la saison. Le pire, selon les météorologues, c’est que nous sommes à peine au début du phénomène et que celui-ci n’arrivera à maturité qu’en fin d’année !

Selon les experts, ce qui s’est produit au mois de juillet, c’est que la Niña aurait permis à une masse d’air particulièrement froide de remonter de l’Antarctique jusqu’à l’Amérique du Sud où elles seraient restées bloquées plusieurs semaines.

Ce froid inhabituel pour la région a tué plusieurs centaines de personnes (voir article : Une vague de froid meurtrière), mais également de nombreux animaux, tant dans le bétail que parmi les animaux sauvages. Ainsi, en Bolivie, se seraient six millions de poissons qui seraient morts à cause de cette vague de froid qui aurait également tué cinq cent cinquante manchots au Brésil, et serait responsable de la perte de milliers de têtes de bétail dans ce pays et dans le Paraguay voisin.

Les spécialistes qui ont voulu évaluer l’hécatombe ont constaté un nombre alarmant de cadavres de poissons et de dauphins dans l’Amazone, ainsi que ceux de plusieurs milliers de reptiles dans l’immense forêt.

En Bolivie, Michel Jégu, chargé de recherches à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) a constaté qu’on pouvait dénombrer environ mille poissons morts par cent mètres de rivière. Il affirme que cette quantité impressionnante de poissons tués représente la catastrophe écologique la plus importante que la Bolivie n’a jamais connue, et que la pollution provoquée par les cadavres de poissons a obligé les habitants à chercher des sources alternatives d’eau potable. Les pêcheurs se sont également vu interdire l’accès aux fleuves transformés en charnier, d’un côté pour éviter d’aggraver le désastre en empêchant de capturer les derniers exemplaires de poissons (ce qui rendrait le repeuplement impossible), et d’autre part pour empêcher la mise en vente de poissons probablement impropres à la consommation.

Pour comprendre ce qui s’est passé dans les fleuves sud-américains, il faut savoir que la température des eaux qui s’écoulent sur ce continent est en moyenne de quinze degrés Celsius or cette année les relevés n’ont plus indiqué qu’un maximum de quatre degrés ! Et lorsque l’eau de surface est trop froide, les échanges entre courants de surface et courants plus profonds sont bloqués, ce qui perturbe l’oxygénation des fleuves et les poissons meurent par asphyxie. Si certains scientifiques se refusent à considérer le froid comme la seule cause de cette hécatombe, ils admettent malgré tout que des températures trop basses et le manque d’oxygène ont affaibli les poissons ce qui les aurait rendus plus vulnérable aux maladies et à la pollution.

Selon les spécialistes colombiens, aucun élément probant ne peut encore lier l’amplitude de ce phénomène naturel avec le changement climatique mondial. Ils affirment que des Niño ou Niña extrêmes ont été constatés tous les quarante ou cinquante ans et rappellent entre autres l’hiver de 1955 ou des températures moyennes de 2,5 degrés Celsius avaient été enregistrées.

Il est par contre fort possible, ont-ils poursuivis, que le réchauffement de la Terre à empêcher l’hiver austral de cette année d’être aussi froid que celui d’il y a 55 ans, et même si la différence n’est que de 1,5 degré, elle a peut-être permis de sauver des milliers de poissons et de reptiles.

Évidemment, si l’on tient compte de la terrible sécheresse provoquée par le phénomène du Niño (qui précède toujours celui de la Niña mais a des effets inverses), on peut craindre que le réchauffement de la planète ait renforcé le Niño, aggravant la sécheresse et affaiblissant avant l’hiver la faune et la flore.

De toute évidence, tous ces phénomènes sont d’une grande complexité. La Nature nous a rappelé qu’elle était dangereuse et meurtrière. La disparition des dinosaures et de nombreuses autres espèces — dont celles de nos lointains ancêtres homo sapiens et homo erectus — l’attestent… point n’est donc besoin de se joindre à elle pour rajouter notre touche aux destructions naturelles !