Premièrement, il y a deux statistiques très importantes à signaler.
Sur le classement de l’indice de développement des Nations Unies concernant l’éducation, nous sommes 27eme (données de 2011). Dans le classement des pays de l’OCDE concernant l’égalité des chances, nous sommes avant dernier (c’est quelque chose que j’ai entendu lors d’un récent débat politique, mais je ne trouve pas de source).
Je pense que notre pays mériterait mieux.
Deuxième point. Est-ce que vous avez déjà essayé d’expliquer le système éducatif français à un étranger, en particulier à partir du lycée jusqu’à la fin des études supérieures?
Il y a quelques mois à Toulouse, je discutais dans un bar avec un ami Canadien (francophone) et j’ai donc essayé de lui expliquer ça. A un moment il m’a dit un truc du genre : "On dirait vraiment un système monarchique avec des nobles et tout"
Je crois qu’en fait je ne m’en étais pas vraiment compte moi même parce que je suis dedans depuis toujours. Mais enfin, essayez juste d’expliquer à un étranger cette partie de notre système éducatif, vous verrez bien l’effet que ça fait.
J’ai vraiment compris d’où venait cette statistique de l’OCDE.
Troisieme point que je voudrais développer : la mixité sociale et le positionnement géographique des lycées.
Prenons l’exemple de Toulouse. Considerons deux personnes issues des deux extrémes de notre société.
Le premier va naitre au centre ville, au Capitole par exemple. Il ira ensuite au Lycée Pierre de Fermat, car il est situé dans la zone géographique. La plupart de ses professeurs de Lycée (si ce n’est tous) seront agrégés. Il aura droit à beaucoup de profs relativement vieux, avec donc beaucoup d’expérience. Il sera presque sûr de pouvoir faire une prépa dans ce même lycee. Avec là encore un niveau denseignement supérieur aux autres prépas de la ville. Il aura de très bonnes chances de faire une très grande école.
Le second va naitre en banlieue, au Mirail par exemple. Et pendant ses études au Lycée, il vivra certainement au moins une un grève (du type CPE) qui lui enlèvera plusieure semaines (voir mois) de cours par rapport à ses amis du centre ville. Au lycée, Il aura quelques professeurs agrégés (et encore), et il aura droit à pleins de professeurs débutants tout juste sortis (dont certains n’auront jamais été devant une classe de leur vie, vu les dernières réformes). Il aura aussi droit à quelques profs dépressifs, ou a des profs absents qui ne seront pas directement remplacés.
Sa seule chance d’aller ensuite en prépa à Fermat et d’être le meilleur de sa classe de première/terminale générale. Mais même comme ça il va pas mal galérer pour récupérer son retard sur ses amis du centre ville. Donc il aurat de bonne chance d’arreter sa prépa en cours de route. Et s’il arrive à s’accrocher, ses chances d’obtenir une très grande école sont faibles : 5% des élèves des grandes écoles sont issus de milieux défavorisés.
Et je prend l’exemple de Toulouse, mais je crois que c’est à peu près pareil dans toutes les villes de notre pays, n’est-ce pas?
Il y a aussi une phrase que j’avais entendue il y a quelques temps, et qui résume bien tout ça : tous les étudiants des grandes écoles viennent de 200 maternelles en France.
Quatrieme point : l’accès aux institutions d’enseignement supéreur. Là je vais citer mon exemple personnel. Je n’étais dans aucun des deux cas extrèmes présentés précédement.
J’étais dans un lycée moyen, pas dans le centre ville, mais pas en banlieue non plus. Je fesais partie des élèves qui avaient les encrouragements de conseil de classe, sans jamais avoir eu les félicitations. Je précise aussi que je n’ai jamais essayé de faire de prépa, mais de nombreux amis sont passé par là.
A la fin du Lycée, trois élèves de mon lycée sont allés en prépa à Fermat. Un de ces trois a finalement réussi le concours pour aller à l’école polytechnique, c’était le meilleur de sa classe de première/terminale S. Mais sur la fin du lycée, il avait été devancé par un autre élève. Mais qui n’a pas été accepté à Fermat car ses notes de première n’étaient pas top (il s’était mit à travailler en Terminale, le bougre).
Donc à priori il avait un meilleur niveau au sortir de la terminale. Il a ensuite du se résigner à aller dans une autres prépa moins prestigieuse. Finalement il a laissé tombé au cours de la deuxième année, se plaignant notament de la qualité de l’enseignement.
Je crois qu’il n’y a pas vraiment de "capacité", qu’il est stupide de dire que "celui là a des meilleurs notes car il a plus de capcités". La plupart des gens ne sont pas d’accord avec moi quand je leur dit cette phrase , pourtant j’en suis vraiment persuadé.
Je crois que le principal facteur quant à la réussite scolaire réside dans la qualité de l’enseignement proposé (mais aussi du suivit des parents au début quand les élèves sont jeunes).
Ce qui va faire qu’un élève va réussir ou non est la qualité d’enseignement (de la part des profs surtout, mais il ne faut pas oublier les parents pour le début) qu’il va recevoir tout au long de sa scolarité, et cette qualité d’enseignement qui elle même dépend du lieu (donc du milieu) de naissance (ou de vie en tout cas). Il y a en effet beaucoup plus de profs agrégés et/ou avec plus d’expérience dans les lycées de centre ville que dans les lycées de banlieue, c’est un fait. Il y a beaucoup plus de profs absents, mal remplacés, et qui ont tendance à faire la grève plus facilement dans les lycées de banlieue que dans les lycées de centre ville, c’est aussi un fait. A la sortie de l’IUFM (RIP) il y a toujours une tendance à envoyer les profs débutants beaucoup plus en banlieue qu’au centre ville.
Dernier point important : le nombre de place dans les institutions "d’élite".
Les institutions d’élite dans notre pays sont les très grandes écoles.
Faisons une liste ici :
X ECOLE POLYTECHNIQUE (2660)
CENTRALE PARIS (1800)
MINES DE PARIS (1 270)
PONTS ET CHAUSSEES (1200)
SUPELEC (2000)
SUPAERO (550)
ENS PARIS (2700)
SCIENCE PO PARIS (9000)
HEC (2700)
INSEAD (994)
(le nombre d’étudiants est écrit entre parenthèses).
Soit un total de 25 000.
Prenons comme premier point de comparaison les Etats-Unis d’Amérique. Je me permet de faire la liste des institutions d’élite dans ce pays.
Harvard University (20 042)
Stanford University (15 319)
Massachusetts Institute of Technology (10 894)
University of California, Berkeley (35 000)
California Institute of Technology (2 100)
Princeton University (6 600)
Columbia University (20 000)
University of Chicago (14 000)
Yale University (11 200)
Cornell University (20 000)
(le nombre d’étudiants est écrit entre parenthèses).
Soit un total de 155 000.
Comme autre point de comparaison prenons le Royaume-Uni :
Cambridge (18 500)
Oxford (21 500)
(le nombre d’étudiants est écrit entre parenthèses).
Soit un total de 40 000.
Relativement à la population (pour cela on peut diviser par 5 le nombre d’étudiants US), les Etats-Unis ou le Royaume Uni (et surtout ce dernier !) forment beaucoup plus de gens qui seront considéré comme des "élites" que nous n’en formons dans notre pays.
Je pense vraiment qu’en France il y a vraiment eu, dans les dernières décennies, une volonté politique de limiter les places dans les institutions d’élites, là où les anglo-saxons ont augmenté la taille de leurs institution. Je pense notament à la création de nombreux colleges (=facultés) à Cambridge dans les années 60/70.
Maintenant en venons aux solutions que je proposerai.
– Pour assurer la mixité sociale à coup sûr : prendre tout les élèves et les professeurs des lycées (voir des collèges avec). Classer les élèves suivant plusieurs groupes suivant leur niveau et leur origine sociale. Prendre tout les profs, et classer dans plusieurs groupes : agrégés, non agrégés, niveau d’expérience.
Et puis enfin répartir tout le monde de facon la plus equitable possible dans tous les lycées. C’est a dire que je voudrais que dans chaque lycée (au moins dans les grandes villes, car il faudrait qu’il y en ait assez) il y ai la même proportion d’élèves issus de classe moyenne, milieu favorisé, milieu défavorisé. Quitte à forcer des riches du centre ville à aller en banlieue et des banlieusards à aller au centre ville (là, il faudra pas les forcer). Et puis faire de même pour les profs pour qu’il y ai strictement la même proportion de professeurs agrégés dans tout les lycées, et une même répartition des niveaux d’expérience.
– Augmenter sensiblement la taille et le nombre de places dans les très grandes ecoles. La multiplier par deux ça serait pas mal.
Ces solutions sont surement un peu radicales mais elles auraient le merite d’être efficaces pour assurer l’égalité des chances.
Bravo pour cette examen poussé de notre « éducation nationale. MAis comme d’ahbitude, on commence par le haut. Il existe un problème de base : l’école primaire qui en 5 années d’étude n’est plus capable d’apprendre simplemnt à lire, écrire et compter correctement. Alors, poursuivre ses études dans ces conditions devient très difficile.
Pourquoi l’énseignement primaire n’est-il jamais remis en cause ?