"Cachez ce sein que je ne saurais voir" écrivait Molière dans Tartuffe.

Hier, après deux épisodes inédits de Doctor Who (au passage, pourquoi France 4 diffuse d’abord le second et ensuite le premier?), je zappe et tombe sur le concert Starfloor sur M6.

Après un Fatal Bazooka qui reprenait ses titres les plus populaires, la jeune Inna venait chanter son tube "Déjà vu", dans une merveilleuse robe digne de Madonna dans les années 80. A peine commence-t-elle à se trémousser que l’inévitable se produit: le sein gauche ne veut pas rester en place dans un corsage minimaliste et préfère s’exhiber fièrement, têton bien en vue. La jeune chanteuse ressent une gêne mais comme elle n’arrive pas à s’en sortir (ou plutôt à le remettre en place), elle continue son spectacle tout attribut dehors. Je ne suis ni puritain ni obsédé mais c’était assez grotesque et cela a carrément gâché sa prestation. On ne voyait plus que son sein pendant toute la durée de sa chanson, on ne pouvait pas le louper. Pourtant, elle ne pouvait que s’en rendre compte en répétant que sa tenue posait problème.

En 2004, l’affaire du Nipplegate fait un scandale retentissant: lors de la cérémonie du Super Bowl, Justin Timberlake, en duo avec Janet Jackson, doit arracher un morceau du bustier de sa comparse, ne devant laisser apparaître que le soutien-gorge. Or, pendant le spectacle, c’est une oppulente mamelle orné d’un piercing en forme d’étoile qui apparaît en gros plan devant 85 millions de téléspectateurs. Les deux chanteurs ont dû présenter leurs excuses devant l’ampleur du scandale. Pourtant, sur les plages et même ailleurs, on ne voit que ça!

Si je ne me trompe pas, même Dalida avait eu un problème avec une robe et avait malencontreusement montré un sein pendant une émission, mais elle n’avait pas pu garder le sourire.

Maintenant, c’est banal, cela fait presque partie du spectacle. On oublie que Mallaury Nataf a brisé sa carrière simplement parce qu’elle n’avait pas remarqué que sa jupe était trop courte pour ne pas dévoiler son jardin secret lorsqu’elle dansait sans culotte. Elle recommencerait, on la bisserait (non il n’y a pas de faute!!!).

Je trouve que cela donne une image dégradante de la femme, la maintenant dans son statut de femme-objet, fantasme qui ne doit servir qu’à donner du plaisir mais rien d’autre. Cela ne peut qu’encourager les jeunes garçons à traiter les filles comme des salopes, d’ailleurs on ne leur montre que cette face-là de la gente féminine. Pour réussir, il faut montrer son anatomie sans complexe et sans retenue. Qu’importe le talent ou autre, ce qui compte c’est d’étaler la marchandise car cela fait vendre.

C’est pareil pour les hommes, mais en moins marqué: on montre surtout des torses et parfois un peu de fesse. Mais c’est fait avec plus de pudeur et de sensualité. Pour les femmes, c’est comme le bétail: on les jette sur scène et on déflore leurs âmes en leur mettant des vêtements qui ne cachent rien. Seule la viande compte, et comme chez le boucher elle doit être un minimum appétissante pour qu’on l’achète.

Si beaucoup de starlettes et autres jeunes filles tentent de donner un coup de fouet à leur carrière en se dénudant à tout propos, quitte à n’être cantonnées qu’à un rôle de salopes de service, je ne vois pourtant pas les jeunes hommes devoir se montrer de façon aussi malsaine pour réussir. Quid de la parité? Les femmes sont-elles si différentes des hommes qu’un virus semble n’affecter qu’elles et faire que leurs poitrines s’affolent et s’acharne à se sortir de tout vêtement dans lesquels on les comprime? Les femmes sont-elles une espèce à part qui mérite de vivre nue, comme les animaux, tandis que les hommes sont correctement vêtus?

Je demande la parité et j’ai hâte de voir les jeunes chanteurs, pendant une danse, dévoiler par mégarde une partie cachée de leur anatomie. Il serait amusant de voir comment un tel incident serait traité. En attendant ce jour, les femmes vont devoir se déshabiller de nombreuses fois pour exister.