Le super-volcan Toba : Vers une possible éruption ? Partie VI.

 

Les plus grandes éruptions volcaniques II.


3 – L’éruption explosive du supervolcan Toba, sur le site de l’actuel lac Toba, s’est produite vers 73.500 +/- 3.000 ans ou, suivant certains vulcanologues, vers 73.000 +/- 4.000 ans. Elle a été la dernière d’une série d’au moins trois événements majeurs avec formation, chacun, d’une caldeira, datant de 1,2 +/- 0,16 millions d’années « Haranggoal Dacite Tuff », de 840.000 +/- 3.000 ans « Oldest Toba Tuff » et 501.000 +/- 5.000 ans « Middle Toba Tuff ». Décrite comme méga-colossale, elle a été estimée d’indice d’explosivité volcanique de niveau 8. Éjectant plus de 2.800 kilomètres cubes de téphras et de matériaux pyroclatiques Bill Rose et Craig Chesner du « Michigan Technological University » ont déduit que près de 2.000 kilomètres cubes sont de l’ignimbrite, connue sous le qualificatif de « Youngest Toba Tuff », – ou « Jeune Tuff Toba » -, et environ 800 kilomètres cubes des cendres transportées par des vents soufflant majoritairement vers l’Ouest.

Cette éruption volcanique explosive est, en fait, la plus importante qui se soit produite, sur le planète Terre, au cours des 25 derniers millions d’années. Les coulées pyroclastiques et les nuées ardentes, avec des dépôts de 600 mètres d’épaisseur, ont détruit et stérilisé une superficie supérieure à 20.000 kilomètres carrés. Bien que l’éruption ait eu lieu sur l’île de Sumatra, en Indonésie, le nuage volcanique dépose une couche de cendres d’environ 15 centimètres d’épaisseur sur toute l’Asie du Sud. Au centre de l’Inde, celle-ci est de 6 mètres et, dans certaines régions de Malaisie, elle atteint 9 mètres. En outre, divers calculs dévoilent que 10.000 millions de tonnes d’acide sulfurique, – ou 6.000 millions de tonnes de dioxyde de soufre -, ont été éjectés dans l’atmosphère lors du méga-événement, provoquant des retombées de pluies acides partout sur la planète.

D’après les études réalisées, en 2000 et en 2002, par Stanley H. Ambrose, – professeur d’anthropologie à l’Université de l’Illinois à Urbana-Champaign -, Stephen Self, – Département des sciences de la Terre, Université d’Hawaii à Manoa -, et Michael Robert Rampino, – biologiste à la faculté des arts et des sciences de New-York -, « L’éruption méga-colossale du supervolcan Toba aurait produit 2.500 à 3.000 kilomètres cubes de magma « dense rock equivalent », aurait, probablement, injecté au moins 1 million de tonnes de fines particules cendreuses dans la stratosphère : le flux pyroclastique aurait, quant à lui, recouvert une superficie d’environ 100.000 kilomètres carrés, les coulées de lave auraient atteint, à la fois, les côtes du détroit de Malacca et celles de l’Océan Indien, et des couches de téphras, identifiées comme jeune tuf Toba, auraient été découvertes en Inde, à plus de 3.000 kilomètres de l’édifice volcanique, et dans la Mer de Chine du Sud. »

La caldeira du supervolcan indonésien Toba est certes moins connue et moins visitée que celle, états-usinienne, du Yellowstone, mais son éruption explosive, avec ses 2.800 kilomètres cubes d’éjectas, est bien plus importante. En effet, l’éruption du Yellowstone, il y a 2,059 millions d’années, créant la caldeira du « Island Park Caldera » dans l’Idaho, n’a émis que 2.450/2.500 kilomètres cubes de téphras et matériaux pyroclastiques, et celle du « Huckleberry Ridge Tuff », 1.000 kilomètres cubes. A titre de comparaison, la plus conséquente éruption volcanique, aux temps historiques, celle du Tambora, en 1815, n’a éjecté qu’environ 100 kilomètres cubes de cendres, lapillis, bombes, matériaux pyroclastiques et roches denses et a généré, en 1816, une « année sans été » sur l’ensemble de l’hémisphère Nord, tandis que celle du Mont Saint Hélens, dans l’Etat de Washington, en 1980, a légèrement été supérieure à 1,2 kilomètres cubes de matériaux expulsés.

Enfin, la plus grande éruption connue, depuis l’événement Toba, l’éruption de l’Oruanui-Taupo, sur l’île du Nord, en Nouvelle-Zélande, il y a environ 26.500/27.000 ans, a vomis 530 kilomètres cubes équivalent magma. Bien que l’année de ce méga-cataclysme ne puisse être déterminée avec précision, la saison peut être définie. En effet, seule la mousson d’été a pu véhiculer, sur de longues distances, le nuage vulcanien et, ainsi, permettre aux cendre, de se déposer dans la Mer de Chine du Sud.

Cela implique que l’éruption n’a pu se produire qu’au cours de l’été boréal, vers 73.500 +/- 3.000 ans. Son amplitude-durée n’a certainement pas dépassé deux voire trois semaines au plus, mais « l’hiver volcanique » qui en a suivi, a entraîné, les carottes de glace du Groenland, afférentes à cette période, enregistrent un niveau de la séquestration du carbone organique nettement réduit, une diminution des températures mondiales de l’ordre de 3 à 3,5 degrés Celsius durant plusieurs années.

Certaines preuves, basées sur l’ADN mitochondrial, laissent entendre que l’espèce humaine est peut-être passée à travers un goulot d’étranglement génétique, au cours de cette période, qui aurait réduit la diversité génétique de l’espèce. Selon la théorie de la catastrophe de Toba proposée, en 1998, par le professeur Stanley H. Ambrose, de l’Université de l’Illinois à Urbana-Champaign, la population humaine a été réduite à seulement quelques dizaines de milliers d’individus, – certains biologistes avancent même le chiffre d’un millier de couples reproducteurs -.

De petites éruptions se sont produites depuis l’événement apocalyptique qui a affecté le Toba au Pléistocène. Le petit cône de Pusukbukit s’est formée sur la marge Sud-Ouest de la caldeira et des dômes de lave ont résurgé. L’éruption la plus récente est celle du Tandukbenua sur le bord Nord-Ouest de l’édifice caldeirien, l’absence de végétation étant compatible avec une éruption qui s’est produite au cours des derniers cent ans. En outre, certaines zones de la caldeira ont connu des soulèvements dus au remplissage partiel de la chambre magmatique : résurgence de l’île de Samosir et de la péninsule Uluan au-dessus de la surface du lac. Les sédiments lacustres, sur l’île de Samosir, énoncent que ce soulèvement est au moins égal à 450 mètres depuis l’éruption cataclysmique.

4 – L’éruption explosive de la Caldera Whakamaru, 30 sur 40 kilomètres de diamètre, dans le complexe Arc volcanique-surpervolcan « Taupo Volcanic Zone », sur l’île du Nord en Nouvelle Zélande, s’est produite, au Pléistocène moyen, – 780.000 à 13.000 ans -, vers 254.000 ans. D’indice d’explosivité volcanique de niveau 8, elle a expulsé 1.200 à 2.000 kilomètres cubes d’éjectas qui ont formé le « Whakamaru ignimbrite » et le « Mont Curl téphra. »

Elle a été précédée de quatre événements majeurs, tous d’indice d’explosivité volcanique de niveau 7, qui se sont produits, trois dans la caldeira Mangakino, – 1,23 millions d’années, 300 kilomètres cubes « Ongatit ignimbrite » ; 1,01 millions d’années, 300 kilomètres cubes « Unité E » ; et 0,97 millions d’années, 300 kilomètres cubes « Rocky Hill ignimbrite » -, et le quatrième dans la caldeira Haroharo, – 280.000 ans, environ 120 kilomètres cubes de téphras-, et suivie de trois événements colossaux d’indice d’explosivité volcanique de niveau 7,caldera Reporoa, – 10 sur 15 kilomètres de diamètre, 230.000 ans, environ 100 kilomètres cubes de téphras – ; caldera Maroa, – 16 sur 25 kilomètres de diamètre, 230.000 ans, 140 kilomètres cubes de téphras ; et caldera Rotorua, – 22 kilomètres de diamètre, 220.000 ans, 340 kilomètres cubes de téphras -.

La « Taupo Volcanic Zone »est une région très active qui compte de nombreux évents volcaniques et des champs géothermiques. Les monts Ruapehu, – un cône circulaire tronqué d’environ 110 kilomètres cube -, Ngauruhoe, – de forme conique aux pentes très prononcées et couronnées par un cratère sommital -, et l’ile de White, – sommet émergé d’un volcan sous-marin, de 16 sur 18 kilomètres de diamètre, constitué de deux volcans andésitiques imbriqués dont l’un est un cratère en forme de fer à cheval ouvert vers le Sud-Est -, subissent de fréquentes éruptions

Les plus récentes et les plus importantes éruptions se sont produites, la première au Mont Tarawera constitué de onze de dômes de lave alignés entaillés en leur centre par une large fissure éruptive,le 10 Juin 1886, produisant 1,3 kilomètres cubes de débris rhyolithiques, et la seconde au paléovolcan Kaharoa, actuel Tarawera, vers 1300, expulsant 7,5 kilomètres cubes de débris en partie rhyolitiques et une part de débris fins inconnue.

La « Taupo Volcanic Zone », comprenant les complexes volcaniques « Whakatane Graben », « Rotorua Volcanic Center », « Okataina Volcanic Center », « Maroa Volcanic Center », « Taupo Volcanic Center », « Tongariro Volcanic Center » et « Mangakino Volcanic Center », et implanté sur la zone de subduction des Tonga-Kermadec, est un monstre vulcanien de 350 kilomètres de long et de 50 kilomètres de large. Le Mont Ruapehu marque son extrémité Sud-Ouest, tandis que le volcan sous-marin de Whakatane, situé à 85 kilomètres au-delà de l’île White, est considérée comme sa limite Nord-Est.

Elleforme la part méridionale de l’arrière-arc du bassin actif de Lau-Havre-Taupo. L’activité volcanique se poursuit vers le Nord-Nord-Est, le long de la ligne de la « Taupo Volcanic Zone »,avec la présence travers de volcans sous-marins, – Clark, Tangaroa, le Muettes et le Rumbles -, se prolonge vers l’Est, parallèlement à l’arc volcanique des îles Kermadec et Tonga. Et elle est considérée comme la limite occidentale de la ceinture de feu du Pacifique, qui suit les zones de subduction autour de l’océan Pacifique.

Une étude récente dévoile que l’écorce terrestre, sous la « Taupo Volcanic Zone » n’a guère plus épaisseur que 16 kilomètres et elle héberge une chambre magmatique, à moins de 10 kilomètres de profondeur, de 160 kilomètres de long, de 50 kilomètres de large et de 30 kilomètres de haut. En outre, les archives géologiques précisent que certains volcans de la dite « Taupo Volcanic Zone », – Hatepe, Oruanui-Taupo, Mangakino, Haroharo, Reporoa, Whakamaru, Maroa, Rotorua -, entrent rarement en éruption, mais ils produisent, épisodiquement, de violentes éruptions explosives et destructrices. Enfin, la présence d’un rift, voire d’un point chaud, – les hotspots Lord Howe et Tasmanie se situant dans la Mer de Tasman entre la Nouvelle Zélande, la Tasmanie et l’Australie, d’une part, et, d(aitre part, que la Nouvelle Zélande et ses deux îles, île du Nord et île du Sud, et la Nouvelle Calédonie, sont les hautes terres du continent englouti Zealandia -, ne sont pas à exclure.

 
Articles précédents :

Le supervolcan Toba : Vers une possible éruption ? Partie I

Le super-volcan Toba : Vers une possible éruption ? Partie II.

Le super-volcan Toba : Vers une possible éruption ? Partie III.

Le super-volcan Toba : Vers une possible éruption ? Partie IV.

Le super-volcan Toba : Vers une possible éruption ? Partie V.