Le super-volcan Toba : Vers une possible éruption ? Partie V.

La Solfatara et le Campi Flegrei, Italie.

 

Les plus grandes éruptions volcaniques I.

 

Dans une éruption volcanique, la lave, les téphras, – bombes volcaniques, lapilli et cendres -, et divers gaz sont expulsés par une cheminée volcanique ou une fissure. Alors que nombreuses éruptions ne présentent aucun dangers pour la zone circonvoisine à l’édifice volcanique, les plus gigantesques, les plus monstrueuses, les plus catastrophiques et les plus cataclysmiques d’entre elles , – le feu de l’Apocalypse s’arrachant des entrailles de la Terre -, peuvent avoir un impact majeur sur le monde animal et végétal régional, voire mondial, et, pour certaines, affecter le climat et contribuer à des extinctions de masse. Les éruptions volcaniques peuvent être généralement caractérisées comme étant soit explosives, – émission de laves fragmentées, de roches et d’éjectas dans l’atmosphère -, ou effusives, – principalement des laves fluides généralement basaltique, parfois andésitique ou dacitique, portée à des températures pouvant atteindre les 1.200° C, sous la forme de coulées depuis des fontaines ou des lacs de lave, dont la majorité se répand à la surface d’un volcan -. Si les éruptions effusives se produisent généralement sur les volcans rouges, notamment ceux des points chauds, les éruptions explosives se produisent généralement sur les volcans gris, notamment ceux de la ceinture de feu du Pacifique. Et il n’est pas exclus que les volcans rouges peuvent connaître des phases explosives, et les volcans gris des phases effusives..


Toutes les éruptions correspondant à un indice d’explosivité volcanique, – VEI -, de niveau 8, explosives, émettent, au minimum, 1.000 kilomètres cubes de laves et d’éjectas Elles sont, au moins, mille fois. plus importantes que l’éruption du Mont St. Helens, le 18 Mai 1980, qui ne produisit que 1 kilomètre cube de matériaux pyroclastiques et au moins six fois plus importantes que celle du Tambora, du 05 au 10 Avril 1815, la plus grande éruption, dans l’histoire récente, qui rejeta 160 kilomètres cubes de dépôts volcaniques :

 

1 – L’éruption du volcan Oruanui-Taupo, Île du Nord en Nouvelle-Zélande, avec un indice d’explosivité volcanique de niveau 8, est le plus importante éruption explosive connue au cours des 70.000 dernières années. Elle s’est produite, il y a environ 26.500/27.000 ans, au Pléistocène tardif et a généré environ 1.170 kilomètres cubes d’éjectas dont 430 kilomètres cubes de matériaux pyroclastiques et d’ignimbrite et 530 kilomètres cubes de matériaux intracaldera primaires, – magma-. L’éruption s’est déroulée en 10 phases distinctes dont neuf unités sont cartographiables et la dixième, mal conservée, mais volumétriquement dominante.

L’éruption du volcan Oruanui-Taupo présente plusieurs caractéristiques inhabituelles : nature épisodique, large éventail de conditions de sédimentation dans les dépôts, dispersion très large des éjectas, et interaction complexe des chutes d’éjectas et des coulées pyroclastiques. Les téphras et l’ignimbrite, sur plus de 200 mètres d’épaisseur, ont couvert une grande partie de l’île du Nord. Pratiquement tout le territoire néo-zélandais a été touché par les nuages de cendres jusqu’aux îles Chatham, situées à 1.000 kilomètres de l’édifice volcanique et recouvertes d’une couche de cendres de 18 centimètres d’épaisseur.

La sédimentation pyroclastique a eu des effets durables sur le paysage, et le fleuve Waikato, obstrué, a été obligé de changer son cours, passant de la plaine d’Hauraki à celle du Waikato. Il se jette dans la Mer de Tasman, au Sud d’Auckland, à Port Waikato. L’actuel lac Taupo, de 193 kilomètres de périmètre, d’une superficie de 616 kilomètres carrés et de 186 mètres, maximum, de profondeur, remplit en partie la caldeira du volcan Oruanui-Taupo générée au cours de cette éruption. Celui-ci s’écoule par le fleuve Waikato, l’un de ses émissaires et son exutoire. En l’an 180, connue comme l’éruption Hatepe, d’indice d’explosivité volcanique niveau 7, avec celle du Tambora, Indonésie, en 1815 et du complexe volcanique Baekdu-Tianchi, à la frontière Chine-Corée, en 969 ± 20 ans, la plus violente dans le monde au cours des 5.000 dernières années, l’éruption s’est déroulée en plusieurs étapes, a déclenché une colonne éruptive qui s’est élevée à 50 kilomètres d’altitude et a éjecté un flux pyroclastique d’environ 120 kilomètres cubes

Actuellement, il présente une activité hydrothermale sous-marine continue près de l’évent Horomatangi et des champs géothermiques, avec des sources d’eau chaude associées, se localisent au Nord et au Sud du plan d’eau volcanique, à Rotokawa et Turangi.

 

2 – L’éruption explosive ultra-plinienne du Campi Flegrei-Summa, – Archiflegreo 39.280 ans ± 110 ans -, indice d’Explosivité Volcanique 8, a éjecté environ 350 à 500 kilomètres cubes de magma trachytique, 900 kilomètres cubes de téphras et de pyroclastes et 500 kilomètres cubes d’ignimbrite campanien couvrant une vaste zone, – 30.000 kilomètres carrés -, de la Méditerranée centrale, représentant le dépôt volcanique le plus vaste et un des marqueurs stratigraphiques le plus important de l’Eurasie occidentale. Centrées, suivant les théories émises, soit dans le Golfe de Pouzzuoli, soit au Nord-Ouest de Naples, les coulées pyroclastiques ont franchi, au Nord-Est, les piémonts des Appenins et, au Sud-Est, les pointes rocheuse de la péninsule de Sorrento, deux barres montagneuses culminant à plus de mille mètres d’altitude.

Ainsi, les témoins y étant existants, elle s’étend jusqu’à Roccamonfina, à une distance de 40 kilomètres au Nord-Ouest, Alifé, 49 kilomètres au Nord, Benevento, 45 kilomètres au Nord-Est, et Salerno, 56 kilomètres à l’Est. La vitesse de cette déferlante, – nuée ardente et pyroclastite à forte détente gazeuse -, éjectée à plus de 80 kilomètres d’altitude, est estimée avoir été au moins égale à 160/170 mètres/seconde, dans la zone limitrophe à l’événement explosif, de 140/150 à 100/110 mètres/seconde à 50 kilomètres du point éruptif.

Elle a produit le piperno et le tuf gris pipernoïde, l’ignimbrite campanien, qui a enseveli, sous 200 mètres d’épaisseur, toute la zone du Campi Flegrei et la moitié de ville de Naples. Cet ignimbrite est reconnaissable dans la colline de Camáldoli, à l’Ouest et à la crête nord du Monte di Cuma, au Monte di Procida, dans les falaises côtières. En outre, il a recouvert, d’une épaisse couche de pyroclastes, la majeure partie de la Campanie, le retrouvant dans la province de Salerne, à la « Grotte di Castelcivita » et du Latium. Au-delà, à Rignano Garganico, à la « Grotte di Paglicci » et autres sites moindres dans la région d’Apulie et jusqu’en Crimée, une fine pellicule de tephras, correspond aux caractéristiques physiques et chimiques des produits émis par l’éruption ultra-plinienne du supervolcan Campi Flegrei-Summa.

Avec ses 40 édifices vulcaniens le composant, un nombre indéterminé de structures vulcaniennes sous-marines, certaines identifiées, dans les Golfes de Puzzuoli et, en sa partie occidentale, de Napoli, une kyrielle de bâtis de type secondaire tels des domaines fumerolliens, des geysers et des épanchements de boues chaudes ,- Pisciarelli, la Polla, la Solfatara…-, des émanations de vapeurs toxiques et des sources hydrothermales, – Agnano, Pozzuoli, Lucrino…-, et une caldeira de 12 sur 15 kilomètres de diamètre reconnu, – mais probablement au moins le double, voire plus, pouvant être estimé -, il est aussi célèbre pour son éruption apocalyptique, – indice d’explosivité volcanique de niveau 7-, plus ou moins 17.000 ans, et son tuf jaune Napolitain recouvrant une partie de la Campanie sur un rayon de plus de 50 kilomètres, et, depuis le début de l’Holocène, pour ses éruptions sub-aériennes et sous-marines durant trois périodes bien caractéristiques, la première se situant entre 13.000 et 7.500 avant J.C., la seconde entre 6.600 et 6.200 avant l’Ère Chrétienne, et la dernière entre 2.800 et 1.800 ans avant J.C. En outre, deux éruptions se sont produites dans les temps historiques, l’une, en 1158, à la Solfatara, et l’autre, en 1538, au Lac d’Averno, concrétisée par la formation du dernier cône volcanique de 133 mètres d’altitude, le Monte Nuovo.

Enfin, il est affecté par le bradyséisme visible tout particulièrement dans l’un de ses cratères, la Solfatara, le phénomène de remontée, de stagnation ou de baisse lente fluctuant avec les périodes éruptives du Summa-Vésuve. Il connaît, après la dernière éruption en 1538, une subsidence lente jusqu’au 04 avril 1944, – fin de la dernière éruption du Summa-Vesuve qui avait débuté le 5 juillet 1913-, suivie d’une période de stagnation et une reprise progressive de l’inflation, environ 1 centimètre l’an, et ponctuée par deux périodes de bradyséisme d’une durée d’environ deux ans chacune, de 1970 à 1972, provoquant une remontée du sol de 1,70 mètre, et de 1982 à 1984, engendrant une élévation du sol de 2 mètres, une élévation accompagnée d’environ 10.000 tremblements de terre, dont le plus important, de magnitude 4.2, s’est produit le 04 octobre 1983. Depuis 1985, la déformation, ayant une symétrie circulaire centrée proche de la vieille ville de Pouzzoles, enfle, entrecoupée de brefs stades de déflation ou de stagnation, de 0,8 à 1,8 centimètres l’an.

 

Article suivant : Le super-volcan Toba : Vers une possible éruption ? Partie VI.

 

Articles précédents:

Le supervolcan Toba : Vers une possible éruption ? Partie I

Le super-volcan Toba : Vers une possible éruption ? Partie II.

Le super-volcan Toba : Vers une possible éruption ? Partie III.

Le super-volcan Toba : Vers une possible éruption ? Partie IV.


Pour en savoir plus sur le Campi Flegrei : Le complexe supervolcanique Campi Flegrei : Son emprise territoriale.

6 réflexions sur « Le super-volcan Toba : Vers une possible éruption ? Partie V. »

  1. Impressionnant Catalan, il ne fait pas bon traîner dans les parages….

    Mais il parait qu’il existe également des éruptions dans les grandes profondeurs des mers.Si tel est le cas, a t-on pu les étudier?

  2. Depuis des années, et suite a de nombreuses catastrophes d’origine volcanique, plusieurs instituts de surveillance volcanique ont été créés, le plus important étant USGS (USA). Ils sont reliés entre eux en temps réel, la dernière zone de couverture faisant suite au tsunami de Banda Aceh (Sumatra nord) en 2004.
    Si grâce aux satellites, nous connaissons bien la surface de la Terre, pour le fond des océans il en va autrement. Effectivement, ces fonds marins regorgent de volcans actifs dont les soubresauts sont signalés régulièrement. Encore faut-il que la zone concernée soit sous surveillance. Ainsi la « Ceinture de feu du Pacifique » est autant une kyrielle de volcans de surface, comme sous-marins. Or notre vision de ces grandes profondeurs (+/- 11 000 m) est encore trop restreinte pour avoir un aperçu réel de leurs configurations volcaniques. Mais ils existent. La carte des grands fonds est visible nettement sur « Google maps » ne vision satellite. Et si vous reprenez les articles traitant de vulcanologie, tectonique des plaques, vous aurez non seulement un perçu des zones de « danger » mais aussi leur mode de fonctionnement.
    La Terre est vivante. Elle appelle un peu de respect. Loin des grandes causes et autres discours alarmistes, seule notre conscience de ce socle merveilleux peut, par notre comportement au quotidien, en faire un paradis. Mais le voulons-nous sincèrement?

  3. [b]Qui s’amuse donc à censurer mes commentaires ?[/b]

    Je ne pense pas que ce soit le modérateur de service… Alors qui ?

    Je disais donc en réponse à
    [quote]Ludo a dit:

    Impressionnant Catalan, il ne fait pas bon traîner dans les parages….

    Mais il parait qu’il existe également des éruptions dans les grandes profondeurs des mers.Si tel est le cas, a t-on pu les étudier? [/quote]

    Si, « [i]sur le plancher des vaches[/i] », tous édifices volcaniques confondus, plus de 50.000 volcans ont été recensés, éteints, en sommeil ou actifs…

    il y en a au moins 900.000 au fond des océans, dont une majorité en activité, la plus longue des chaines volcaniques sous marines étant celle de l’Empereur… Mais vu leur grande profondeur ils sont difficilement « étudiables »….

  4. [b]Où se trouve cette chaine de l’empereur Catalan? dans le Pacifique je suppose.
    Excuse-moi si tu l’a mentionné quelque part, mais tes articles sont une source d’informations énorme et difficile de tout retenir.[/b]

  5. [quote]Ludo a dit : Où se trouve cette chaine de l’empereur Catalan? dans le Pacifique je suppose.
    Excuse-moi si tu l’a mentionné quelque part, mais tes articles sont une source d’informations énorme et difficile de tout retenir.[/quote]

    L’archipel d’Hawaii représente les parties émergées d’une vaste chaîne de montagnes sous-marine, la chaîne des monts sous-marins de l’Empereur, formée par l’activité volcanique sur un point chaud du manteau terrestre.

    Le point chaud d’Hawaï est un point chaud volcanique responsable de la création de l’archipel d’Hawaï dans le centre de l’océan Pacifique. C’est l’un des point chauds les plus connus et les plus étudiés sur Terre.

    L’expansion des fonds océaniques pousse les volcans d’Hawaï d’environ 10 centimètres par année en direction du nord-ouest. Il y a 30 millions d’années l’atoll de Kure et les îles Midway étaient situés où est l’actuel île de Hawaï. Le plus vieux volcan existant dans la chaîne, le mont sous-marin Meiji, commença à se former il y a 86 millions d’années, cependant, le point chaud pourrait être plus âgé, car la subduction des plaques tectoniques pacifique et eurasienne aurait pu détruire des volcans plus anciens.

    La chaine de l’Empereur, comptant plusieurs centaines d’édifices volcaniques dont 80 sous-marins identifiés, s’étend sur 5 700 km de la fosse des Aléoutiennes à l’extrême nord-ouest du Pacifique jusqu’au mont sous-marin Loihi, le plus jeune volcan de la chaine, qui se situe environ 35 km au sud-est de l’île principale d’Hawaï.

Les commentaires sont fermés.