Le Sud Soudan a poussé le cri comme pour signifier sa venue dans ce monde de pays « indépendants ». Depuis vendredi, les sud soudanais célèbrent leur souveraineté vis-à-vis de l’éternel ennemi, le Nord. Cette indépendance annonce-t-elle la fin définitive de ce conflit cinquantenaire ? Tout le monde veut y croire et tellement d’efforts ont été entrepris pour que cette fois ci, cet accord de paix puisse être durable. Mais cette indépendance politique est aujourd’hui mise à mal par rapport à la dépendance économique, espérons le temporaire, vis-à-vis de Khartoum.

Une indépendance sous tension :

En proclamant ce samedi son indépendance avec  à sa tête, Salva Kiir, le Sud Soudan est devenu officiellement le 54e Etat africain de l’histoire. Etant donné que l’économie du pays repose à plus de 90 % sur l’exportation du pétrole, dont les pipelines sont contrôlés et passent par le Nord, on se dit que les sud soudanais ne sont pas encore sortis d’affaire. Cet argument économique très important aura son poids dans les futures négociations des deux frères ennemis. Un scénario à la Russe n’est pas à exclure.

Un scénario que le jeune état ne peut se permettre. Selon Reuters, un source proche du gouvernement Sud-Soudanais a déclaré qu’ils ne cèderont à aucun chantage quitte à vivre avec du crédit et des dettes extérieurs et sont même déjà à pied d’œuvre pour trouver des solutions même en cas de reprise de la guerre entre les deux pays. Cette indépendance économique va donc donner un peu de légitimé au Sud Soudan en cas des négociations.

 

 

"Dans le cas où le Sud est contraint de ne pas exporter son propre pétrole à travers l’infrastructure pipelinière existante à travers le nord, nous allons utiliser nos propres ressources pour continuer à vivre. Le sud peut encore survivre sans aucun problème à court terme", a assuré Arkangelo Okwang , le directeur Général de l’Energie du Sud  à Reuters. Et à en croire ce dernier, des investisseurs étrangers les auraient même approché pour leur accorder des prêts et des crédits contre le pétrole.

«Nous sommes un Etat souverain. Nous allons emprunter de l’argent. Nous avons du pétrole dans notre sous-sol. Nous avons beaucoup d’amis qui sont prêts à nous offrir de l’argent,"  a déclaré quant à lui, Barnaba Marial Benjamin, le  ministre de l’Information,

Mais l’autre problème du Sud Soudan est aussi le manque de ressource et notamment la famine. 1 enfant sur cinq souffrirait de malnutrition aiguë selon un rapport de l’OMS. Et cette indépendance intervient alors que des affrontements meurtriers  sont encore enregistrés le long de la frontière entre les deux pays, plus de 3000 morts rien que cette année.

Mais le problème principal reste surement la région d’Abyei. Si les européen ont encouragé et voire initié cette scission, c’est bien à cause de l’énorme quantité de pétrole dont regorge le sol de cette région. Et ce sont les enjeux pétrolifères de la région d’Abyei qui vont menacer  cette paix. Outre le pétrole, la région a en outre des nappes phréatiques assez importantes, de l’eau, ressource très rare dans ces régions désertiques.