Le songe du Papillon…

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Un infarctus plus tard et une mère qui s’en va, doucement, victime de la maladie d’Alzheimer, me font dire que le sens de la vie, après lequel on court, est tout de même une drôle d’idée…

Pour plein de gens, l’idée de la mort, du temps qui passe, des choses qui changent, semblent être une idée lointaine, un peu comme la guerre en Afghanistan : un bruit de fond. Et, pour d’autres, quelque chose qui ne leur traversera jamais les neurones, tant ils ont la tête dans le guidon de leur routine. 

C’est comme ça.

Comme dirait l’autre : « Heureux les simples d’esprit, le royaume de Dieu leur appartient ».  Pour certains, c’est une réalité quotidienne. Elle est là, en permanence, embusquée dans un coin du cerveau. Ça doit être affreux, me direz-vous. Non, c’est comme ça, on vit avec, on sait que c’est là au réveil, et le soir au moment de fermer les yeux.

Combien de temps cela peut-il durer ? Les toubibs vous diront que cela dépend de votre capacité de « résilience », de la profondeur du choc traumatique, etc… Bref, on n’en sait rien. Ce qu’on peut dire, c’est qu’on se lève un matin absolument heureux d’être en vie, et que le matin suivant, on est là, étalé dans son lit, l’esprit vide.

Bon, et que fait-on du paquet, une fois qu’on se l’est ramassé ? On se bricole un quotidien. On tente de voir un peu de positif dans le cirque ambiant,  on s’efforce de trouver un rien d’intelligence habilement dissimulé dans un monde qui fait tout pour vous prouver le contraire.  Quelqu’un a dit : « si on comprenait pourquoi on fait les choses, on ne les ferait pas ».  Il y a des gens qui grimpent des montagnes, s’ils savaient pourquoi ils le font, peut-être qu’ils resteraient assis bien sagement à regarder les choses. J’espère continuer à survoler les choses comme si elles n’avaient qu’une importance relative, c’est léger comme sensation, douce anesthésie des sens. Comme de descendre de la pièce de théâtre dans laquelle on joue pour s’asseoir et la regarder de l’extérieur. La poésie, toujours la chercher, partout, où que l’on soit et quel que soit le décor : c’est ce qui nous rend la vie supportable.