A Atapuerca, dans le site de la Sima de los Huesos on à retrouvé les restes de 28 hominidés appartenant à l’espèce Homo heidelbergensis : un enfant entre 1 et 5 ans, neuf adolescents entre 11et 15 ans, neufs jeunes adultes entre 16 et 20 ans, cinq adultes entre 21 et 30 ans et quatre adultes de plus de 31 ans ; avec une proportion à peu prés égale d’hommes et de femmes. On ne trouve pas d’herbivores, que des hominidés et des carnivores, les ours ont été présents tout au long de la séquence, les hominidés, eux, ont occupé un niveau inférieur des dépôts. Ce qui laisse supposer que les hominidés ont été déposés pendant un espace de temps plus court que ce qui correspond au dépôt des ours. Quelques remaniements ont pu se produire ce qui expliquerait pourquoi le niveau où dominent les hominidés est actuellement en partie mélangé aux ossements d’ours.

L’agent ou les agents ayant causés cette accumulation doivent être clarifiés. Tout les éléments du squelette sont présents, la conservation n’a pas biaisé significativement l’échantillon comme le prouve la présence d’os fragiles dans le dépôt (os hyoïde et os de l’oreille moyenne). On doit supposer alors que les vestiges humains ont atteint la sima à l’état de cadavres et non de squelettes.

La courbe d’âge est non attritionelle,  elle ne correspond pas à celle obtenue dans le cas d’un piège naturel, de plus le nombre d’individus semble trop grand pour correspondre à une catastrophe qui serait intervenue au sein d’un groupe. Il doit donc s’agir d’une cause culturelle et les agents qui en sont responsables doivent probablement être des Hommes. Cette accumulation pourrait correspondre soit à quelques comportements impliquant un traitement différentiel des corps en raison de l’âge des morts, soit à un épisode de mort à l’extérieur de la grotte et qui n’aurait affecté qu’une partie de la communauté.

 

   La découverte d’un biface acheuléen à la Sima de los Huesos jette une nouvelle lumière sur l’évolution des comportements humains au pléistocène moyen. Une datation isotopique récente le date d’environ 350.000ans, peut être 400 à 500.000 ans.

C’est un biface en quartzite finement taillée, veiné de brun rouge clair. Il pèse 685 g, il est de forme amygdaloïde, avec une face plane et l’autre convexe.

Bien qu’il n’y ait pas d’érosion macroscopique notable, une analyse tracéologique a révélé  une abrasion naturelle microscopique de la totalité de la surface et particulièrement sur les bords et les arrêtes proéminentes des enlèvements. Cette abrasion semble avoir été produite par des sédiments sableux. Ce phénomène peut avoir oblitéré les traces possibles d’usage sur les bords de la pièce.

Les caractéristiques morphologiques et technologiques de ce biface sont semblables à celles de la Galéria, autre site de la sierra de Atapuerca qui a livré 1500 artéfacts lithiques de mode 2. La plus ancienne occupation de ce site est datée de plus de 350.000ans et se trouve à 500 mètres d’un possible accès ancien à la Sima de los Huesos.   

Ce biface peut avoir une signification particulière, de toute évidence il peut être tombé dans la sima lorsqu’il était porté par quelqu’un prés du site, mais d’autres implications méritent d’être considérées. Il n’y a pas de rebus lithique ou d’outils dans la sima, ce biface est le seul objet de ce type déposé dans cette accumulation d’ossements. Son utilisation n’est pas prouvée, il n’a pas été fabriqué à la sima puisqu’il ne s’agit pas d’un site d’occupation et il a été fabriqué dans un quartzite de très bonne qualité, tous ces éléments amènent la possibilité que ce biface ait été intentionnellement  associé à l’ensemble de vestiges humains.

   Si c’est le cas on peut voir se manifester le concept de comportement symbolique complexe chez Homo heideilbergensis.