La sierra de Atapuerca est un petit plateau situé à 13 km de la ville de Burgos, en Espagne. En cet endroit se sont accumulés les témoignages de la présence et du mode de vie de l’humanité depuis 1 Ma jusqu’au moyen âge.

Dans 4 de ces gisements ont été retrouvés des restes humains, appartenant à deux espèces éteintes. La plus ancienne à la sima del Eléphanté, un Homo antecessor, daté de 1,2 Ma, et la deuxième un Homo heidelbergensis, à la Sima de los Huesos daté d’environ 500.000 ans.

La Sima de los Huesos est un gouffre difficile d’accès, il faut d’abord entrer dans la cueva major, puis parcourir 1 km de terrain accidenté dans la caverne, pour enfin descendre un gouffre de 13 m de profondeur au fond duquel on trouve les restes fossiles d’une trentaine d’hominidés et de prés de 60 ours.

 

 

– Gran Dolina :

92 fragments osseux d’hominidés correspondant à six individus : 2 enfants de 3-4 ans, 2 adolescents (11et 14ans) et deux jeunes adultes (16à 18 ans), tous ont été victimes de pratiques cannibales il y a 800.000ans. Les animaux et les hominidés portent des marques de découpes étendues, faites intentionnellement à l’aide d’outils lithiques. La fracturation des os fossiles est très fréquente, le schéma de fracturation montre que les os où l’on attendait un plus grand contenu en moelle étaient très fracturés.

Les témoins suggèrent qu’ils étaient dépecés, démembrés et décharnés et les os fracturés à des fins strictement nutritionnelles. Dans ce niveau on trouve une grande diversité d’espèces, il n’y a donc pas d’indication de famine, le comportement des hominidés se rapproche d’un cannibalisme gastronomique. 

La Sima de los Huesos :

Site du pléistocène moyen, il a livré une grande quantité d’ossements : une trentaine d’hommes et des femmes jeunes exclusivement associés à des restes de carnivores, principalement des ours des cavernes. Une telle association ne peut pas être naturelle, on peut penser à une accumulation d’hommes par d’autres hommes.

Une des hypothèses est que les cadavres auraient été jetés dans le gouffre à partir de la fissure verticale qui donne aujourd’hui accès au site.

Mais l’analyse taphonomique du matériel indique que les cadavres n’ont pas été jetés de la fissure de 13 m et que l’accumulation des fossiles dériverait d’une accumulation antérieure des corps quelque part ailleurs dans le système karstique. Si ils avaient été jetés on aurait retrouvé des squelettes complets avec au moins quelques pièces en connexion anatomique, ce qui n’est pas le cas. Après simulation on a constaté que les crânes et mandibules auraient dû être plus fracturés qu’ils ne le sont et que les os longs auraient dû l’être moins si ils étaient tombés de la fissure.

La plupart des os longs sont cassés transversalement avec l’autre bout de l’os à quelques mètres et les bords sont arrondis par l’érosion sédimentaire. Ce qui suggère des processus de remaniement pouvant résulter d’un transport dans une coulée boueuse, qui se serait produite après la perte des chairs, donc après l’inhumation, il peut donc y avoir eu exhumation des os déjà minéralisés et enterrés.

Ces os ne seraient donc pas parvenus entiers à la Sima de los Huesos et n’auraient pas été jetés de la fissure, ils indiqueraient un dépôt antérieur quelque part ailleurs dans la grotte et un transport consécutif dans la sima. Ils ont probablement été déposés à l’ancienne entrée de la grotte où ils ont été mangés par de grands félins (lions) et des canidés, comme le suggère les traces de dents retrouvées sur certains ossements. Les Lions auraient traîné les corps dans la grotte.

Les raisons pour lesquels ces hominidés ont rassemblé les morts dans un endroit particulier pouvaient être nombreuses et variées, mais les corps n’ayant subi aucune modification on ne peut pas parler de rituel à la Sima de los Huesos.