ou les vaches regardent passer les politiques.

 

Quelle mascarade ce salon, ou femmes et hommes politiques y vont par ce qu’il faut y être présent pour avoir les suffrages de ces agriculteurs à qui l’on n’a cessé d’accorder des subventions et de les absoudre des exactions qu’ils ont commises contre l’État comme s’il n’y avait qu’eux, le monde paysan, à préserver avant toute autre considération nationale, un rituel bien Français, la France profonde en quelque sorte.

Alors ces politiques assiégés, entourés, serrant des mains, goinfrés de mets, comme des oies, qu’ils doivent trouver bons, quitte à avoir une indigestion, se laissent bercés par cette foule qui ne pense qu’à elle comme si les autres n’existaient pas. Alors, ils se sentent obligés d’accorder des subventions sans cela gare à eux, ils vont tout casser. Que la fonction politique est difficile, il faut plaire, faire obédience, renier parfois ses convictions en fonction des circonstances d’égoïsme de certaines castes influentes électoralement.

La vedette du Salon n’est autre que Jacques Chirac super star incontestable. Vendredi 06 mars au bas de l’escalator qui relie les deux halls principaux du Salon de l’agriculture, une foule impatiente et compacte attend l’invité du jour. Ils sont un bon millier. Puis, soudain, tout se fige. Une horde de gardes du corps et de caméras apparaît, entourant le maître incontesté des lieux qui surgit sous une immense vague d’applaudissements, une haie d’honneur dans les allées ou il passe. A-t-on jamais vu pareil déferlement humain pour une personne mise en examen, mais non encore jugée pour fraude bien qu’elle soit notre ancien président. Il y retrouve la jeunesse lorsqu’il était à l’agriculture et au développement rural en 1987 comme ministre dans le gouvernement de Pierre Mesmer sous Georges Pompidou. Quelle ingratitude pour tous ces autres ministres de l’agriculture qui ont fait ce qu’ils ont pu pour le monde agricole, qui n’auront jamais un tel honneur, et qui n’ont jamais été mis en examen.

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Nicolas Sarkozy a été très critiqué de ne pas avoir été à l’ouverture parade, rituelle pour les présidents de droite, on se rappelle son altercation «casse toi pauvre con» avec un visiteur en 2008 au salon de l’agriculture, on comprend bien qu’il ne veut plus être pris au dépourvu d’un langage non adapté à sa fonction, c’est pour cela qu’il a avancé sa venue à la dernière minute avant l’ouverture des portes devant un public non pas composé de fans mais de policiers, que la fonction présidentielle est cruelle ! 

Accueilli par le président de la FNSEA Jean-Michel Lemétayer, qui déclarait encore il y a une semaine que «Nicolas Sarkozy a beaucoup de difficultés avec le monde paysan» qui n’en n’aurait pas. Il a parcouru pendant deux heures les allées du salon, prêtant une oreille attentive aux agriculteurs qui l’ont interpellé sans animosité pour lui faire part de leurs difficultés. «Est-ce que les jeunes agriculteurs doivent tous changer d’orientation ?», lui demande un jeune exploitant après la présentation de «Vaillant», un robuste taureau de 1.210 kilos de race gasconne.

«Avec une viande à trois euros le kilo, Nicolas, comment on peut faire ?», lui demande un éleveur, alors qu’une agricultrice de montagne déclare : «Si vous ne faites rien pour nous, malheureusement on est condamné à disparaître. On ne vit que de nos vaches ». C’est effectivement difficile.

Ouvrant ensuite une table ronde avec des représentants des principales organisations agricoles, Nicolas Sarkozy a indiqué qu’il était surtout venu annoncer des mesures et des pistes pour sortir l’agriculture de la grave crise qu’elle traverse, comme si c’était possible ?

«Bien sûr, aller saluer les stands, les éleveurs, les producteurs, ça fait partie de la tradition, du folklore, c’est sympathique, j’aime beaucoup ça, je l’ai fait moi aussi depuis des années. Mais enfin, ce n’est pas au nombre de mains serrées qu’on va résoudre les problèmes des agriculteurs». «On prend les cadeaux, on embrasse les petites filles, on se fait photographier devant les plus belles bêtes. Tant mieux ! On fait la publicité de la nouvelle pomme, on encourage les producteurs de fraises, on n’oublie pas les éleveurs de brebis, mais ce n’est pas ça qui va sauver l’agriculture Française», a-t-il ajouté. «Je ne suis pas là pour ça. Tous peuvent faire ça. Mais moi, je suis président de la République. De moi, on attend les décisions, les actes, et du combat».

Il a raison, mais quel baratin !

Mais comment faire, il a quand même donné son accord pour une augmentation de 800 millions d’euros des prêts bonifiés des banques en faveur des agriculteurs en difficulté. M. Sarkozy a indiqué que la prise en charge pour l’État des intérêts bancaires de cette enveloppe supplémentaire sera de 50 millions d’euros. Nicolas Sarkozy avait annoncé en octobre à Poligny, Jura, un plan «sans précédent» pour l’agriculture en crise, comportant 650 millions d’euros de «soutien exceptionnel de l’État» et un milliard d’euros de prêts bonifiés. «Je ferai pour l’agriculture Française — un secteur stratégique et majeur — ce que nous avons essayé de faire pour la crise financière», avait-il promis. En une année, les agriculteurs ont vu leurs revenus baisser d’un tiers, et jusqu’à 50 % pour les producteurs laitiers. Alors ou sont passés ces 650 millions et ce prêt bonifié à un milliard d’euros il faut le signifier ?

Il ferait mieux de déclarer que nous ne pouvons rien y changer que nous sommes dans une mondialisation et que comme l’industrie nous sommes soumis à une concurrence qui prend nos parts de marché, et qu’il faudra malheureusement encore de nombreux sacrifices tant que cette évolution ne sera pas apaisée. Seules les banques dans cette mondialisation font des supers bénéfices et leurs Traders sont couverts d’or, cela ne peut durer, on ne peut plus l’admettre. Bien entendu, nous avons besoin de notre agriculture, elle fait de bons produits, mais ne doit-elle pas évoluer pour s’adapter à la mondialisation qui nous mange nos parts de marché ? Ce n’est que par des produits de qualité qu’elle peut survivre à cette évolution.

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Mais comme Chirac Dominique de Villepin n’est pas en reste, il y est resté 9 heures serrant des mains, signant des autographes se laissant photographier avec plaisir, un vrai show dans le plus pur style Chiraquien.

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Il est donc en train de faire populaire ce qui n’est pas dans son éducation, mais pour des visées présidentielles il lui faut en passer par là, au moins, il aura fréquenté le monde agricole qui déjà voit en lui le successeur à Jacques Chirac.

Martine Aubry ne pouvait pas faire moins que d’être aussi présente au salon, ce n’est pas la première fois qu’elle va au salon mais les précédentes fois c’était plus discret de sorte qu’elle y passait plus de temps. Elle est loin d’avoir la cote de ses prédécesseurs et Dominique de Villepin présent le même jour lui a escamoté la vedette, qu’importe elle a succombé au rituel, mais de gauche dans ce milieu elle n’avait que peu de chance. «Le monde agricole est en souffrance », ce mercredi matin 03 mars, Martine Aubry affiche sa préoccupation pour un secteur éprouvé par la crise. Et, pour convaincre de la sincérité de son inquiétude, la première secrétaire du Parti socialiste n’hésite pas à invoquer l’histoire familiale. «Des deux côtés de ma famille, on était agriculteurs. Alors, je connais bien toutes les difficultés. Et je n’ai jamais senti de problèmes aussi lourds que cette année».

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En fait, elle a mal choisit son jour, non seulement Dominique de Villepin était présent mais aussi Jean-Marie Le Pen et Cécile Duflot d’Europe écologie. Un vrai rendez-vous post-élections régionales ou il convient de se monter. Pour Martine, c’est un peu au pas de charge dans les stands de bovins ou Dominique de Villepin s’est attardé. Mais, elle n’est pas seule de gauche d’autres aussi sont là, le président de la Bourgogne François Patriat, Alain Rousset d’Aquitaine, et Jean-Paul Huchon de l’Île de France.

Ainsi va la France avec son cinéma d’hypocrisie ou les courbettes et les poignées de mains sont l’apanage de nos politiques, mais là je rejoins Sarkozy, et ce n’est pas mon habitude et «ce n’est pas au nombre de paluches serrées qu’on va résoudre les problèmes des agriculteurs» auquel j’ajouterais les problèmes de l’industrie.