La sixième Cour d'appel de Louisville dans le Kentucky a autorisé la poursuite du procès intenté par trois hommes se plaignant d'avoir été victime d'agression sexuelle durant leur enfance, contre les autorités du Vatican. Les plaignants accusent le Saint-Siège d'avoir étouffé durant des décades les sévices perpétrés par les membres du clergé contre des enfants à travers tous les États-Unis.

L'avocat représentant les trois victimes, Maître William McMurry, affirme qu'il voudrait arraché des dommages au Saint-Siège pour les préjudices dont furent victimes des milliers d'enfants dans le pays.

De nombreux procès ont déjà été intentés contre le Saint-Siège, mais à chaque fois les juges renvoyaient les parties vers des cours inférieures qui finalement se déclaraient incompétentes.

La décision de la Cour d'appel de Louisville est unique, et William McMurry espère pouvoir porter l'affaire jusque devant la Cour Suprême de justice des États-Unis, car il estime qu'en s'attaquant directement aux autorités du Vatican on pourra éradiquer le problème à sa source.

La Cour d'appel de Louisville s'est basée sur la directive numéro 1962 publiée par le Vatican en 2003 qui demande aux dignitaires de l'Église d'occulter les plaintes d'ordre sexuel émises contre des membres du Clergé. Selon McMurry cette directive rend le Saint-Siège complice de ces crimes.

En janvier 2007, un juge avait autorisé les trois plaignants à poursuivre le Saint-Siège pour négligence du fait qu'il aurait dû inciter les pontifes à mettre en garde les fidèles contre les possibles agressions d'ordre sexuel, mais rejetait le reste de la plainte.

La nouveauté dans la décision de la Cour d'appel de Louisville c'est que non seulement elle confirme la décision du précédent jugement concernant la négligence du Saint-Siège dans la protection des enfants qui lui étaient confiés, mais reconnaît également les plaintes pour mensonges et faux témoignages de la part des autorités ecclésiastiques. 

Hélas, ce jugement ne permet toujours pas d'accuser le Saint-Siège pour complicité, car la Constitution des États-Unis accorde souvent l'immunité aux États souverains, et même si McMurry affirme que l'État du Vatican et l'Église sont deux choses distinctes, un juge l'a déjà débouté en estimant que les deux parties étaient liées et qu'en attaquant l'Église on s'en prenait également à l'État souverain du Vatican.

Ainsi, la première chose que les plaignants devraient faire s'ils veulent réellement traîner le Vatican et ses représentants devant les tribunaux, c'est parvenir à contourner les lois accordant l'immunité aux États étrangers, ou arrivés à prouver qu'autorité ecclésiastique et autorité temporelle sont deux choses séparées.

Espérons qu'ils y arriveront et que cela mettra un terme à cette dépravation des membres du clergé. Les mêmes agressions sexuelles envers des enfants se produisent-elles dans les autres religions ? Il faut reconnaître qu'en dehors des affaires s'étant produites au sein de l'Église catholique, bien rares sont les cas défrayant la chronique… mais est-ce parce que les religieux y sont mieux encadrés ou simplement parce que la consigne du silence y est mieux observée ?