Pour situer le débat, voici un premier commentaire tiré du site internet

http://videos.tf1.fr/jt-we/ces-grecs-qui-refusent-de-payer-leurs-impots-7001959.html?google_editors_picks=true

lequel porte sur un thème au contenu provocateur intitulé "Ces Grecs qui refusent de payer leurs impôts".

 

Dans les commentaires des lecteurs de l’article, nous pouvons lire :

 

pmvallezartisan, entrepreneur de pompes funebres,habitant un petit village de 750 habitants, surpris et inquiet des travaux réalisés dans ce dernier, il y a maintenant bien des années je faisais part de mes inquiétudes aux maire et adjoints de l’époque…. il m’avait alors été répondu d’un air supérieur et légèrement moqueur (voir supérieur) qu’il n’y avait aucun raison de s’inquiéter, les dettes, les prets m’a-t-on dit celà s’échelonne dans le temps – oui tout celà est vrai et tellement vrai que nos impôts locaux ont été multiliés par 10 sur environ 25 ans, alors si on appelle ça de la gestion moi je veux bien !!!!! en ce qui me concerne, je n’ai pas multiplié mes factures aux clients par 10 !!!!!!!

 

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Ce commentaire nous apprend donc que la Grèce prospéra, avant la crise actuelle, grâce au crédit, ce crédit qui est, selon certains, le moulin de l’économie capitaliste, mais qui peut également avoir des effets pervers, comme nous pouvons le constater avec la situation de la Grèce aujourd’hui, et également en lisant le développement que voici :

 

Après le krach boursier sur les valeurs technologiques (qui nous renvoie à la période 2000-2002), la FED (ou Reserve Federale Américaine, qui est l’équivalent américain de la Banque Centrale Européenne), décida, sous les auspices d’un président qui était à l’époque Alan Greenspeen,  d’abaisser durablement ses taux d’intérêt afin de soutenir la conjoncture.

Or une telle baisse, une fois prolongée durant un certain nombre d’années, suscita, sur le marché immobilier américain, un boom qui atteignit son point culminant en 2006, avant que la bulle n’éclatât et ne provoquât l’une des plus formidables crises financières que le monde ait jamais connue.

 

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Dans cette affaire, tout est parti du marché des "subprimes" aux Etats-Unis, ce marché qui permit à n’importe quel citoyen américain d’acheter à crédit une maison, sans que le créancier s’inquiétât de la qualité ou de la solvabilité du débiteur.

A ceci près que les taux d’intérêt sur ce type de crédit étaient stipulés en termes variables dans les contrats, ce qui revient à dire qu’une augmention des taux d’intérêt enchérissait le coût des emprunts pour les débiteurs, et qu’une baisse des mêmes taux soulageait, au contraire, le fardeau de la dette.

Mais là est le noeud gordien dans cette affaire : avec l’arrivée de l’inflation qui accompagna le boom dans l’immobilier, la hausse concomitante des taux d’intéret fut telle que les emprunteurs furent dans l’incapacité de payer les annuités hypothécaires.

Cette incapacité s’explique par le fait que les débiteurs étaient des salariés dont les salaires n’avaient pas suivi la hausse des prix, ce qui les rendit incapables d’honorer les contrats qui leur avaient permis de construire ou d’acheter leur maison à crédit.

 

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Quant aux organismes de crédit, pour préserver leur image (et aussi, par voie de conséquence, la valeur de leurs propres titres côtés en bourse, grâce à la bonne note accordée par des organes de contrôle tels que Fitch ou S&P), ils vont cacher les prêts à risque en les ôtant de leur bilan et en les confiant à des sociétés véhicule spécialement créées par elles, et ce avec le but bien précis de diluer le risque en titrisant les prêts, ou, ce qui revient au même, en refinançant les prêts en question grâce à l’émission de nouvelles obligations et à leur diffusion sur le marché.

Et pour mieux cacher les prêts à haut risques, ces mêmes sociétés véhicule mélangeront les créances à risque à d’autres créances plus sûres, au sein des obligations nouvelles; avec ce résultat que le détenteur des dites obligations ne saura bientôt plus à quoi elles correspondent en termes réels.

Ces dernières seront à leur tour financées par des billets à court terme émis par de nouvelles sociétés véhicule, celles-ci ayant un besoin de plus en plus urgent de liquidités afin de payer, aux investisseurs, des taux d’intérêt toujours plus élevés en raison du gonflement de la bulle sur le marché de l’immobilier américain. 

 

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Et pareil jeu de se poursuivre aussi longtemps que les prix de l’immobilier augmentèrent, chaque investisseur désirant profiter de l’aubaine, jusqu’à ce que la pyramide ou le château de cartes s’effondre, chose qui survint quand un nombre croissant d’emprunteurs à risque furent dans l’incapacité d’honorer leurs annuités hypothécaires, et quand le marché de l’immobilier se satura pour cette raison même.

En effet, dans la mesure ou la quasi-totalité de la bulle immobilière américaine avait été alimentée avec de la monnaie de crédit, la faillite à un bout de la chaîne entraîna une vague défaillante tout le long de cette même chaîne, jusqu’à atteindre des investisseurs de dernier ressort qui n’avaient aucune idée, en raison de l’opacité des techniques ayant présidé à la création des titres dont ils étaient devenus les propriétaires, que ces mêmes titres reposaient, tantôt sur des débiteurs solvables, tantôt sur des débiteurs insolvables, les deux types  ayant été fusionnés au sein des nouveaux titres obligataires.

Les possesseurs des nouveaux titres ignoraient donc totalement les risques encourus sur ce genre d’investissement.

 

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Rappelons, pour la bonne règle, que l’émission de tels titres avait permis aux émetteurs (autrement dit à aux banques et autres institutions financières – assurances, etc –  qui avaient investi  les avoirs de leur clients ou de leurs assurés sur le marché de l’immobilier américain) de créer les sociétés véhicule dont j’ai parlé tout à l’heure, et ce avec l’objectif bien précis de sortir les mauvaises créances de leur bilan et de les stocker dans ces sociétés; leur permettant ainsi de préserver  leur bonne réputation auprès des agences de notation (Fitch, S&P, etc), et leur permettant également de profiter de la hausse, sur le marché boursier, de leurs propres titres, afin de  capter toujours plus d’épargne et diriger celle-ci vers un marché immobilier américain qui, pour être de plus en plus porteur en termes de profits ou d’intérêts, n’en était pas moins toujours plus risqué. 

 

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Et plus la bulle immobilière va se propager,  plus les obligations à long terme chargées de garantir les "crédits subprime" vont être financées par des billets à court terme, les seconds servant alors, comme dans le jeu de l’avion, à payer l’intérêt dû aux premières.

Mais chaque médaille a son revers : quand le marché de l’immobilier arriva à saturation, la baisse consécutive du prix des maisons fit chuter tout l’édifice fondé sur le crédit, obligeant les sociétés véhicule à vendre leurs titres à perte, qui pour rembourser les propriétaires des billets à court terme qui réclamaient leur argent, qui pour rembourser, en qualité de prêteurs de dernier ressort, les investisseurs qui s’étaient assurés auprès d’elles, en transférant sur elles, moyennant rémunération, le risque associé au non remboursement des "crédits subprime". 

Une fois que les ventes forcées débutèrent, c’est tout le marché du crédit qui s’en trouva ébranlé, en raison notamment de la panique des épargnants et de tous ceux qui réclamèrent leur argent à cette occasion.

 

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On peut résumer le tout en disant que la dérégulation des marchés qui débuta durant les années 1980, conduisit à la création d’une monnaie de crédit qui, une fois orientée vers le marché immobilier américain, prit un tour spéculatif de plus en plus phénoménal, et ce grâce à la politique de très bas taux d’intérêt voulue, à l’époque, par Alan Greenspan, responsable de la FED, politique qui fut la conséquence du dégonflement de la bulle internet des années 2000-2001, et qui déboucha, à terme, sur l’un  plus grands krachs immobiliers et financiers que le monde ait connu depuis les années trente.   

Or la Grèce, aujourd’hui, est en train de payer la note issue d’une politique de crédit qui lui permit d’alimenter sa croissance économique, du moins jusqu’au moment où les créanciers de la Grèce commencèrent à demander le remboursement de leurs avances.

 

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En un mot comme en cent, si le crédit est le poumon de l’économie capitaliste, il est également à l’origine des cycles engendrés par cette économie, et, au-delà, des phases de récession voire de dépression associés à ces cycles.

 

Claude Gétaz