Ce n’est pas fini, il y a le rituel du henné

Chaque nouvelle mariée est soumise à ce rituel. Il peut être accompli dans la soirée qui suit la cérémonie de la Fatiha ; comme il peut être reporté à une date ultérieure, c’est selon. Ce soir-là, toujours au domicile de la future mariée, les femmes de la famille, les parents proches du marié, quelques voisines, et quelques amis sont invités au repas du henné. C’est après le dîner que le dispositif est mis en place ; plateau et accessoires en cuivre, cernés de rubans roses, pour les ingrédients nécessaires à la pose du henné. Selon les familles, il en est qui vont très loin dans le dispositif et les accessoires en recherchant toujours ce qui fera le plus sensation, comme il en est qui opèrent dans la plus stricte simplicité, cherchant avant tout à accomplir un cérémonial inscrit dans les mœurs depuis des générations.


La mariée, vêtue d’un apparat spécial, ayant la tête couverte d’un voile descendant sur le front, des bijoux traditionnels, un maquillage discret, tend la main droite pour la pose du henné, qui aura été préalablement humidifié grâce à  l’eau de fleur d’oranger et un peu de sucre pour la chance ; le henné lui-même est consigné dans ce code de la chance et du contre-mauvais-œil. Puis la main gauche ; d’autres font même les pieds. On protège les mains et les pieds par du coton et des gants en satin, pour que le henné prenne. La mariée est sacrifiée pendant quelques heures sans pouvoir se servir de ses mains tout au moins. Mais enfin, c’est le bonheur au bout de la course, espérons-le !

 Pendant la pose du henné, une parente est désignée pour chanter des louanges et souhaiter un bel avenir aux mariés et à leur famille, et donner des recommandations ; après chaque rime, les youyous fusent. C’est solennel et émouvant. Ça donne la chair de poule et l’envie de verser quelques larmes pour les plus sensibles.

La soirée est agrémentée de café et de thé à la menthe, accompagnés de pâtisseries ‘’fait maison’’ dont le spécimen-roi est le makrout au miel – gâteau de semoule et beurre.

Chaque région a ses recettes, comme partout ailleurs, mais désormais chacune d’elle s’est appropriée le produit de l’autre, la baklawa que l’on ne mangeait qu’à Constantine et sa région se retrouve à Tlemcen, tandis que le griwech de Tlemcen est servi dans les assiettes des Algérois et des Kabyles, et ainsi de suite. Sauf que chacune de ces régions se réclame de l’excellence de sa ‘’spécialité’’.

Zina avait elle-même célébré le henné de sa fille, un an auparavant, dans sa terrasse, qu’elle avait admirablement transformée pour la circonstance. Le service a été parfait, comme toujours chez elle, et sa fille très jolie dans sa tenue algéroise. Aujourd’hui, Nassima, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, attend son premier enfant.

La prochaine suite, et la fin, feront l’objet de la description du mariage du fils de Zina, si les lecteurs le veulent bien.