"Roots, Rock, Reggae" ce titre évocateur de Bob Marley inspire toujours un peu la nostalgie du passé, les années 70/80. Les années 90 et 2000 laissant place au digital, à la naissance de toutes les musiques électroniques, à l’explosion du hip-hop et la folie du dancehall.
Depuis quelques années on assiste à l’émergence d’une nouvelle vague dans le reggae, des "vibes" plus "roots", un retour au sources, aux valeurs morales, un reggae "conscious" qui s’oppose au "slackness" que le dancehall avait hissé au top des charts.
On parle généralement d’une génération "New Roots". Ce sont majoritairement des "singjays" qui posent leurs "lyrics" sur divers "riddims" produits par des labels qui de plus en plus, sont gérés par des européens. Le concept du "riddim" fais partie de la culture jamaïcaine. Plusieurs chanteurs posent donc sur le même "riddim". Parmis les "singjays" les plus connus de notre époque on peut citer Tarrus Riley, Lutan Fyah, Fantan Mojah, Chuck Fender, Jah Mason, Chezidek, Mr Perfect mais aussi des chanteurs plus vieux qui sont parfois passés par le "slackness" comme Junior Kelly, Anthony B, Sizzla Kalonji ou Capleton. De très jeunes artistes prometteurs apparaissent également comme Omar Perry (fils du légendaire Lee "Scratch" Perry), Ginjah ou Matthew McAnnuf (fils de Winston McAnnuf). On remarque en écoutant tous ces artistes une grande varieté dans les voix, dans les styles, dans les "flow". La culture reggae de nos jours est très vaste et le nombre d’artistes incalculable! On découvre de nouveaux artistes tous les jours!
Malgrès tout, cette vague "roots" touche très peu la Jamaïque elle-même. La population de ce pays est beaucoup plus tourné vers les Etats-Unis et toute la culture qui va avec. On peut d’ailleurs remarquer que le dancehall fais toujours fureur au pays de Bob et ce sont des artistes comme Mavado, Vybz Kartel, Busy Signal et autres qui font danser les rues bouillantes de Kingston. C’est donc bel et bien en Europe que le reggae retrouve une seconde vie. Des groupes comme The Gladiators, Israël Vibration, Burning Spear, Don Carlos ou The Abyssinians qui pratiquent un "reggae à l’ancienne", très "roots" ont énormément de succès ici en Europe et sont considérés en Jamaïque comme des « Johnny Hallyday » par les ados. Il n’est pas toujours évident de comprendre cela.
Les groupes de reggae actuels comme les Rootz Underground (qui viennent de sortir leur 2ème album "Gravity"), Groundation, Soldiers Of Jah Army, Danakil (en France) semblent vouloir faire revivre ce "Roots Rock Reggae". Chacun à sa façon: un mélange éléctrique de styles pour Rootz Underground, une éducation musicale basé sur le jazz pour Groundation, une touche de "pop surf" pour S.O.J.A. Mais ces groupes semblent minoritaires à coté de la vague de "singjays" qui ne cesse de déferler sur le paysage reggae actuel. Quand cette "lutte de flows" prendrat-elle fin? Car à force de vouloir chanter plus vite et plus fort que l’autre, ne dénigre-t-on pas le reste? J’ai tendance à préférer ces groupes qui composent eux mêmes leurs "sons" et à l’image des Rootz Underground créent encore des albums concepts, avec des interludes (extraits de discours etc) qui rendent logique la suite des titres. Finalement les "singjays" se perdent parfois dans l’abondance de leurs titres (il suffit de jetter un oeil à la discographie de Sizzla ou de Lutan Fyah) et du coup les auditeurs aussi. Les albums de ces artistes manquent alors parfois de force et ressemblent malheureusement trop souvent à des compilations de titres les uns mis à cotés des autres.
Beaucoup de gens ont dit que le reggae est mort avec Bob Marley. Je pense qu’au contraire, le reggae est née avec Bob Marley, et il n’as cessé de grandir et d’évoluer. Le reggae reste encore aujourd’hui une culture "underground", qui échappe aux grands médias et qui rassemble pourtant des milliers d’adeptes nottament lors des grands festivals en été (il suffit de prendre pour exemple le "Summerjam" de Cologne ou le "Rototom" d’Italie). Des sites comme Reggae.fr ou même des blogs comme Reggae-Unite.blogspot.com attirent de plus en plus d’internautes et se développent chaque jour. Quand verra-t-on tout ceci sur TF1? Est-ce vraiment ce que les addicts du reggae souhaitent? Ou n’est ce pas justement l’aspect "underground" qui attire et fais toute la force de cette culture? L’âge d’or du hip-hop correspond sensiblement à sa phase "underground" et on peut dire que sa commercialisation, sa banalisation l’as quelque peu dénaturé, détruis (en grande partie du moins). Beaucoup disent que le hip-hop est mort, le reggae lui est bien vivant, alors n’hésitez pas, jetez vous dedans, avant qu’il ne meure…