Un gouvernement de la France libre ayant accepté la collaboration avec l’Allemagne.

 

C’est ce qui me reste comme pour beaucoup d’entre nous en mémoire.

 

Pour préciser cette pensée, il faut faire un peu l’histoire du début de la seconde guerre mondiale.

Lorsque débute cette guerre mondiale le 03 septembre 1939, j’avais un peu plus de 10 ans et je me souviens de notre naturalisation Française, d’origine Italienne, mon père décida de rester en France, mes parents y étaient depuis plus de 15 années, et moi j’étais né dans le Pas-de-Calais. Ce fût donc un choix important d’autant que beaucoup d’Italiens rentraient en Italie et c’est sans difficulté que le gouvernement de l’époque représenté par le président de la IIIème République Française Albert Lebrun nous décréta Français.

Son gouvernement était composé d’Édouard Herriot comme président du Conseil et membre du parti radical.

D’Édouard Daladier du même parti, il fût l’homme de Munich initiateur le 07 juin 1933 du «pacte à quatre» signé avec le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Italie pour intégrer l’Allemagne dans la société des Nations, remplacée par l’ONU après la guerre. Il fût aussi celui qui déclara la guerre à l’Allemagne en raison de l’invasion de la Pologne par les Nazis, après l’assentiment préalable des deux chambres, considérant que le vote unanime des crédits militaires au Parlement le 02 septembre valait approbation. Il fût jugé lors de procès de Riom par le gouvernement de Vichy et emprisonné par l’État Français de 1940 à 1943.

Pierre Laval la personnalité la plus importante du régime de Vichy après le maréchal Philippe Pétain, et principale maître d’œuvre de la collaboration d’État avec l’Allemagne nazie. Il a puissamment participé à la création de «l’État Français» en remplacement de la «République Française» comme suite de la défaite de juin 1940 et de la chute de la IIIème République.

Paul Reynaud, le plus isolé dans la IIIème République est celui qui déclara en septembre 1939 «nous vaincrons par ce que nous sommes les plus forts». Il est nommé le 22 mars 1940 président du Conseil et ministre des affaires étrangères par Albert Lebrun. Après le percée de Sedan, le 15 mai, qui voit les Panzerdivisionnen prendre à revers les armées Franco-britanniques en Belgique, il prend tout de suite conscience de la gravité de la situation et téléphone à Churchill pour lui dire que l’armée Française est battue. Il reprend le portefeuille de la Guerre à Édouard Daladier et s’adjoint le maréchal Pétain 84 ans le 18 mai comme vice-président, Georges Mandel, l’ancien chef de cabinet de Clemenceau, comme ministre de l’Intérieur, et le général de Gaulle, pour lequel il a une grande estime, comme sous-secrétaire d’État à la Guerre et à la Défense nationale, le 6 juin. Le 10 juin, en prévision de l’entrée des Allemands à Paris, les pouvoirs publics se réfugient à Tours puis à Bordeaux. L’affrontement entre les partisans de la continuation des combats, Mandel, de Gaulle, et les tenants d’un armistice, Pétain, et le général Weygand, tourne à leurs avantages.

En mai 1940 la situation militaire est si compromise que le commandant suprême, le général Maurice Gamelin, trop passif est écarté au profit du général Weygand le 17 mai par Paul Reynaud, à la même date le maréchal Pétain entre au gouvernement. Les divisions blindées Allemandes, ayant percé depuis le 13 mai le front à Sedan, poursuivent leur course à l’ouest en coupant l’Armée Française en deux, enfermant une partie de celle-ci ainsi que les troupes britanniques en Belgique.

Philippe Pétain maréchal de France en 1918, il est considéré comme le vainqueur de Verdun et comme le chef de l’armée qui jugula la crise du moral des mutineries de 1917, il jouissait d’un grand prestige.

Il est le père du slogan «travail famille patrie».

Dernier chef de gouvernement de la IIIème République, il est associé à l’Amistice du 22 juin 1940 scellant la défaite de la France contre l’Allemagne. Fondateur et chef de l’État du Régime de Vichy. Il a engagé la Révolution nationale comme étant l’idéologie officielle du Régime de Vichy et la collaboration avec l’Allemagne nazie. Il dirigé la France sous l’occupation du11 juillet 1940 au 19 août 1944. Ce Régime n’avait pas de Constitution.

La Constitution d’un État est à la fois l’acte politique à valeur juridique et la loi fondamentale qui unit et régit de manière organisée et hiérarchisée l’ensemble des rapports entre gouvernants et gouvernés au sein de cet État, en tant qu’unité d’espace géographique et humain.

La Constitution garantit aussi les droits et les libertés de la communauté humaine.

Le 10 juin 1940 le gouvernement quitte Paris pour Bordeaux. Les réfugiés qui fuient la Belgique et le Nord de la France sont alors rejoints par 2 millions de réfugiés de la région parisienne, «nous y étions». Pour Jean-Pierre Azéma, entre le 15 mai et le 10 juin, au moins 6 millions de Français ont abandonnés leur domicile et participé à l’exode de 1940, se retrouvant sur les routes sous la mitraille de la Luftwaffe et des avions Italiens.

La bataille de France est perdue, en dépit de la résistance farouche et héroïque de nombreuses unités, comme pendant la bataille d’Amiens du 24 mai au 9 juin 1940 «les 16e et 24e forces Françaises stoppent plus de 3 Panzerkorps pendant 9 jours et causent la perte de 196 panzers». Dans cette débâcle, les soldats que nous avons rencontrés n’avaient même pas de cartouches.

Le 14 juin les blindés Allemands entrent à Paris déclaré ville ouverte.

Le gouvernement constitué à Bordeaux le 17 juin et le parlement vont s’installer à Vichy le 1er juillet, ville disposant de grandes capacités hôtelières pour pouvoir contrôler une partie de la zone libre. Sa relative proximité avec Paris,  4 h 30 par l’autorail, et la deuxième capacité hôtelière du pays présente dans la ville emportent la décision de l’installation. De plus, l’existence d’un central téléphonique très moderne, l’hôtel des postes, construit en 1935, permet de joindre le monde entier.

Le 1er juillet 1940, le gouvernement prend possession de très nombreux hôtels. 600 parlementaires (députés et sénateurs) rejoignent Vichy pour la réunion des deux Chambres. Les 9 et 10 juillet 1940, dans la salle de l’opéra, les parlementaires votent la fin de la troisième République. Le régime républicain est aboli, l’État Français, avec à sa tête Philippe Pétain, chef d’État, le remplace.

Le mercredi 10 juillet 1940 est soumise à l’Assemblée nationale et au Sénat, une proposition de révision de la Constitution permettant d’accorder les pleins pouvoirs au maréchal Pétain président du Conseil. Sur 649 suffrages exprimés
80 parlementaires (53députés et 23 sénateurs votent contre),
569 approuvent,
20 autres parlementaires s’abstiennent (dont 3 après une rectification de leur vote).

Le 10 juillet 1940, le parlement comptait 846 membres. 176 parlementaires sont absents dont 27 sont à ce moment là en mer vers Casablanca sur le paquebot Massilia. La séance est présidée par Jules Jeanneney, qui ne prend pas part au vote en raison de sa fonction. Les 61 parlementaires communistes, 60 députés et un sénateur ne peuvent siéger, depuis le 16 janvier 1940, ils sont déchus de leur mandat et condamnés à la clandestinité.

Les 649 suffrages exprimés représentent donc 71,5 % des 907 parlementaires que comptaient les deux chambres au début de 1940. Parmi ceux qui votèrent non Vincent Badie est célèbre pour s’être écrié après le vote «Vive la République quand même !».

Le gouvernement de Vichy est donc un gouvernement légalement constitué, qui fût ensuite définit par Régime de Vichy par le fait même qu’il n’avait pas de Constitution et que ses actions étaient autoritaires et criminelles.

La chambre des députés et le sénat ne sont plus réunis. Les syndicats sont dissous, la grève est interdite et les communistes sont pourchassés. En 1942, le procès de Riom juge les hommes considérés responsables de la défaite, Léon Blum, Daladier, le général Gamelin. Aucun verdict n’est rendu, mais les accusés sont livrés aux Allemands. Le régime est exclusif et dans les exclus se trouvent les juifs (révocation de la fonction publique, persécutions…), alors qu’il n’y a pas de pression Allemande directe avant 1942.

76.000 juifs de France sont morts en déportation. En juillet 1940, Pierre Laval devient vice-président du Conseil, et l’État mène une politique de collaboration avec les Allemands, mots utilisés par Pétain après l’entrevue de Montoire avec Hitler en octobre 1940.

Deux thèses expliquent cette collaboration, pour certains il s’agissait de sauver l’essentiel, pour d’autres c’est une politique délibérée de l’État Français. Laval a dit «je souhaite la victoire Allemande, parce que, sans elle, le bolchevisme, demain, s’installerait partout».

La collaboration est d’abord économique, livraison de denrées alimentaires à l’Allemagne et fabrication de matériel militaire par Renault. A partir de 1943, le STO, Service de Travail Obligatoire, créé par Laval sous la pression des allemands il est vrai, permet à l’Allemagne de bénéficier d’une main-d’œuvre qualifiée par l’envoi de nos hommes en Allemagne. La collaboration est aussi militaire avec la création de la LVF, Légion des Volontaires Français, dont les hommes endossent l’uniforme allemand pour se battre sur le front de l’Est. En 1943, Darnand chef de la milice (collaborateur et lieutenant de la Waffen SS qui a prêté serment à Hitler, il fût fusillé au fort de chatillon) crée la Milice qui épaule les troupes Allemandes en France dans la chasse aux résistants. La collaboration est enfin idéologique, de nombreux intellectuels adhérent aux thèses fascistes et/ou nazies. En 1942, la politique de collaboration s’intensifie, ce qui n’empêche pas Hitler d’occuper la France du Sud après le débarquement en Afrique du Nord en novembre 1942.

La question que l’on doit se poser, est donc la suivante :

on utilise deux expressions pour définir l’action des dirigeants à Vichy, gouvernement de Vichy et Régime de Vichy.

A mon avis les deux sont applicables, la première par ce que le terme de gouvernement est celui d’un gouvernement légalement constitué par le vote des deux chambres, la seconde par ce qu’il est devenu un Régime sous contrôle Allemand contre la résistance et les Français.

On ne peut considérer ce Régime comme représentant le peuple Français.

En d’autres termes ce sont des hommes nantis d’un pouvoir par leur collaboration qui définissent ce régime, ils ont trahis l’honneur d’être Français. 

Je sais que les Vichyssois portent ce fardeau depuis 1940, et que les jeunes qui n’ont pas connu cette période pourraient être tenus d’assimiler leur ville aux actions de ce Régime, ce qui serait une erreur, elle n’y est pour rien. Bien au contraire, c’est par ce qu’elle avait beaucoup d’atouts qui définissent sa qualité de vie qu’elle à été choisie.

Pour lever cette tache, il serait souhaitable de modifier l’appellation Régime de Vichy en Régime de 1940, c’est plus simple et plus propre, mais toutes les suggestions sont permises.