Suite à un récent sondage réalisé à partir d’un échantillon largement représentatif de la population française et duquel on aurait pu aisément se passer tant il n’apporte rien de plus en terme d‘information que ce que l’on connaît déjà, du fait des récits qui défrayent quotidiennement nos chroniques, il ressort en gros sans devoir s’attarder sur les chiffres, que peu de Français considèrent l’islam comme un facteur d’enrichissement culturel alors qu’un grand nombre d’entre eux lui portent un jugement plutôt défavorable.
Derrière ce rejet souvent épidermique chez bon nombre de détracteurs, se cache ladite peur de la menace pour l’identité française que viennent avec force générosité, alimenter certains responsables comme Marine Le Pen, Jean-Pierre Copé, etc.
L’islam incarnant leur cheval de bataille, ces deux politiciens rivalisent d’imagination, entre celui qui n’hésite pas dans son livre «Manifeste pour une droite décomplexée» de parler de racisme anti-blanc, à comparer les petits musulmans à des voyous qui ne rechignent pas pendant le ramadan à imposer leur loi, ôtant de la bouche de leurs camarades de classe le pain au chocolat et l’autre qui les accuse en bloc de refuser toute intégration.
Avec de telles stratégies, il y’a bien matière à semer le flou dans le cerveau de nombreux de «nos concitoyens» qui finissent par redouter la présence du loup, à la manière de la grand-mère de Martine !
Quant aux combats qui font rage dans certains pays arabes comme en Syrie sur fond de conflits d’intérêt entre chiisme et sunnisme, sous le regard bienveillant de l’Occident en faveur du second courant, ils ne sont pas non plus reluisants et confortent ces derniers dans leur retranchement.
Mais en ce jour de l’Adha, il convient de s’attarder sur une très très belle histoire qui contrairement à toutes ces manœuvres mal intentionnées, démontre qu’avec un peu de bonne volonté les dialogues intercommunautaires, interreligieux peuvent fonctionner dans le plus grand respect mutuel.
C’est l’histoire des Saints Dormants Martyrs d’Ephèse. Elle a lieu vers le milieu du IIIe siècle pendant les persécutions exercées contre les chrétiens sous le règne de l’empereur romain Dèce.
Ne voulant abjurer leur foi sept responsables renoncent à leurs hautes charges en allant se réfugier dans une grotte du Mont Célion après avoir offert aux pauvres tous leurs biens. Pendant qu’ils sombrent dans un profond sommeil, ils seront emmurés vivants dans leur cachette par les soldats de l’empereur.
Bien plus tard, vers la fin du quatrième siècle sous le règne de Théodose, ils se réveilleront frais et pimpants avec tout l’éclat de leur jeunesse. L’un d’entre eux, toujours muni d’une pièce à l’effigie de Dèce se rend à Ephèse pour s’y approvisionner et découvre à sa grande stupéfaction des églises érigées à la gloire de Dieu.
Evêques et empereur constateront la résurrection par la chair de ces Martyrs qui de retour dans la grotte retrouveront le sommeil éternel pour y être inhumés. Au dessus du lieu du miracle un édifice religieux vit le jour. Ce culte fut introduit en Bretagne par des commerçants orientaux qui suivaient le chemin de l’étain.
Louis Massignon, ce grand orientaliste qualifié de «catholique musulman» par Pie XI en raison de sa conversion au catholicisme après la lecture du mystique musulman Hallaj a œuvré notamment via cette histoire en faveur du rapprochement entre ces deux religions.
Le geste phare de ses tentatives a lieu à la chapelle des sept Saints Dormants Martyrs d’Ephèse au Vieux Marché dans les côtes d‘Armor. En effet dans cette chapelle où trônent au dessus de l‘autel le souvenir des sept Saints Martyrs et où à côté du Christ repose un cadre portant le verset coranique s’y rapportant « Ahl Al Kahf », Massignon en 1953 célèbre la messe, n‘omettant pas de faire un rapprochement avec la version qui en est faite dans le Coran.
Depuis dans ce lieu de la Bretagne profonde s’est instauré un pèlerinage islamo-chrétien…