Et si le racisme était réellement inexistant? Si ce n’était qu’une illusion, une croyance faussée découlant de l’ignorance?

C’est en effet la théorie que Luck Mervil, parrain du Centre canadien d’étude et de coopération internationale, défend. Dans sa conférence «Ma race est la meilleure», ce québécois d’origine haïtienne proclame que la race humaine est la seule et unique race subsistant aujourd’hui, rendant ainsi la simple idée du racisme erronée puisqu’elle exige qu’au moins deux races coexistent en même temps.

Selon lui, nous ne sommes que des frères qui ont été séparés par la formation des cinq continents mais que l’évolution fulgurante de la technologie ne fait que rapprocher de jour en jour. Alors, au lieu d’être le siècle de la fin du monde, de la débandade et du chaos, le 21e siècle pourrait bien être celui des retrouvailles, réunissant un seul peuple que la distance aurait fait grandir et évoluer différemment sans toutefois bouleverser sa nature profonde, soit sa capacité à faire le bien autant que le mal. Mervil amène également l’hypothèse selon laquelle les frontières seraient inutiles, les pays; obsolètes et la culture; un simple outil d’adaptation géographique.

Maintenant que le multi-ethnisme est inévitable et que même ma petite ville québécoise de 30 000 habitants ne peut échapper au mélange des cultures, il est indéniable que l’avenir de cette planète dépend principalement de la réaction que nous aurons les uns par rapport aux autres. Une cohabitation harmonieuse pourrait mener à de grands projets si seulement chacun d’entre nous se donnait la peine de s’ouvrir, de s’informer et d’apprendre.  Le site PopulationData.net offre une idée de ce à quoi notre monde ressemblerait s’il s’agissait d’un petit village de 100 habitants. Il serait constitué de 59 asiatiques, 14 africains, 14 américains, 13 européens et compterais 51 femmes, 49 hommes ainsi que 50 jeunes âgés de moins de 25 ans. On sait également que 80% du village appartiendraient à 20 hommes et qu’une femme seulement aurait sa propre terre. 5 à 6 femmes auraient été victimes de viols et 42 personnes n’auraient jamais d’eau potable. De plus, 33 personnes vivraient une situation de conflit armé, 5 enfants seraient traités comme des esclaves, une petite fille travaillerait sans être payée et seulement 60 personnes, dont 40 hommes, sauraient lire, écrire et compter. 50 personnes auraient droit aux soins de santé et une seule personne serait riche, possédant ainsi, à elle seule, 50% du village et de ses richesses. 30 personnes gaspilleraient 90% des richesses naturelles et énergétiques du village, 24 habitants auraient accès à la bibliothèque et l’électricité serait coupée presque 50% du temps. Ce village est le nôtre, celui que nous avons bâti. L’évidence est que l’économie capitaliste, la religion pratiquée de façon orthodoxe et les barrières psychologiques que nous nous imposons ne servent qu’à construire ce genre de monde, où l’équité et l’ouverture d’esprit ne sont que des concepts abstraits dont l’application nous est très difficile.  Tout à coup, j’ai espoir, espoir que chacun adhère, d’une façon ou d’une autre, à cette vision pacifiste et universelle que M. Mervil nous propose, que chacun y contribue et que chaque peuple y verse une goutte de son essence la plus pure. On ne perd pas notre culture, on la laisse évoluer comme on laisse un enfant changer et apprendre sans qu’il perde pour autant de vue ce qu’il est ou d’où il vient. En s’imprégnant de celles qui l’entourent, un culture ne devient que plus vraie, plus vivante et plus représentative du peuple pour qui elle vit. C’est donc à nous d’enrichir notre propre culture, de la laisser s’épanouir afin qu’elle devienne un élément rassembleur plutôt qu’une frontière infranchissable, permettant ainsi au monde entier de se réunir sous une seule et même unité. Le concept des races pourrait bien n’être qu’une invention inutile que nous pourrions facilement faire oublier en portant plus d’attention à ce qui nous rassemble qu’à ce qui nous sépare. Pour ma part, je ne suis ni blanche, ni noire, ni asiatique, ni arabe, ni hispanique; je suis tout simplement humaine.  SourcePopulationData, [En ligne],  http://www.populationdata.net/index2.php?option=mondevillage (Page consultée le 18 avril 2010) À consulterLuck Mervil, Ma race est la meilleure, Montréal, Éditions Les Intouchables, 2008