Le procureur Nadal rue dans les brancards.

En voilà un qui « balance » comme on dit vulgairement. Il peut se le permettre, le premier procureur de France : il sera en retraite au mois de juin. Plus de langue de bois, plus d’obligation de réserve, il vient de clamer bien fort, lors du discours  de rentrée de la Cour de cassation, à quel point le monde judiciaire est en colère contre Sarkozy et Hortefeux.

Le ministre de la justice présent a dû avaler de travers les petits fours en entendant parler du président et du ministre de l’intérieur à qui le magistrat reproche d’« inspirer à l’opinion des sentiments bas en instillant de manière extravagante, la confusion entre la responsabilité du criminel et celle du juge dont on dénigre la décision, tout cela avilit l’institution et, en définitive, blesse la République. »  Hélas, ceux à qui s’adressait cette violente diatribe n’étaient pas là. Certains trouveront qu’il n’a aucun mérite puisqu’il ne risque rien. Sans doute, mais il est important que les choses soient dites. On ne peut pas voir piétiner les institutions sans réagir. Est-ce le rôle du ministre de l’intérieur, le nouveau ou l’ancien, d’envenimer les rapports déjà difficiles entre la police et la justice ? Est-ce normal d’ « en appeler à l’opinion contre ces mêmes magistrats quand ils prennent une décision qui leur déplaît » ? Il en a aussi profité pour égratigner le juge Courroye, qui ne s’est pas montré impartial, loin s’en faut, dans l’affaire Woerth-Bettencourt. “Quand l’un d’entre nous ne voit pas ce qui dans ses actes fait naître, même à tort, le terrible soupçon d’atteinte à l’impartialité, quand il oppose en guise de pauvre réponse, qu’il est le seul juge de sa conscience, c’est tout le respect dû à la justice qui est compromis.” Pour Jean-Louis Nadal, une seule solution s’impose : « Couper tout lien entre l’échelon politique et le parquet pour ce qui concerne les nominations. » Là, je pense que ça relève du vœu pieux. Jamais, un gouvernement quel qu’il soit ne fera cette démarche. Une justice plus indépendante, oui, mais je ne suis pas trop enclin à donner trop de pouvoir aux juges. Ce sont des hommes et ils sont faillibles. Vous trouverez le texte intégral du discours ICI

 

4 réflexions sur « Le procureur Nadal rue dans les brancards. »

  1. Suite mais pas fin : à lire dans le nouvel obs [url]http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/opinion/20110108.OBS5914/interview-sarkozy-a-fait-des-attaques-contre-les-juges-un-fonds-de-commerce.html[/url]

  2. Bonjour,
    Il a peut être raison, mais il ne faut pas perdre de vue que la partie au pouvoir ainsi que les autres partis puissants sont aguerris aux pratiques commerciales.
    Ils vendent leur « produit ».
    Monsieur Nadal ne peut pas nier que dans certains tribunaux c’est la mafia juge-avocat-notaire qui règne en maître.
    Le problème pour le justiciable, et ça Monsieur Nadal ne peut le nier, c’est que lorsque les affaires sont faussées au démarrage (TI, TGI et CA) on a beau venir à la Cour de Cassation, ça ne sert plus à grand chose
    Je vous enverrais bien une affaire pas piquée des vers dans laquelle on a successivement, des voyous qui agissent à savoir :
    avocat du défenseur et notaire du défenseur qui sont entre autre administrateur dans les sphères dirigeantes de la partie adverse.
    La partie adverse qui n’est officiellement pas représentée (pas de pouvoir des personnes agissant en justice)
    Des faux produits par la partie adverse, y compris faux en écriture authentique
    Etc…
    Tout cela arrivé en Cassation par 3 fois a donné droit à 3 jugements favorables à la partie adverse assorti d’une amende civile, parce que le défenseur aurait osé abuser de la justice !!
    Coût de l’opération 40000 Euros pour les avocats et notaires et environ 20000 Euros de frais injustifié si on y rajoute une perte sèche d’au moins 2 millions d’Euros (mon estimation alors que sur le marché on a vu poindre 200 Millions d’Euros payés cache) on avoisine les 2M 100 milles Euros .
    Alors Monsieur Nadal son commerce il peut se le garder car dans cette affaire il y a en face les amis de politiciens connus… et le justiciable c’est considéré contrairement à ce que fait croire la justice comme de la mer…

  3. C’est le discours 2010 sur lequel le lien pointe.
    Je n’ai pas trouvé le discours 2011 sur le site (le discours était trop virulent ?)
    On le trouve néanmoins facilement…ailleurs !

  4. C’est facile de dénoncer après et sans risque. Comme cette femme medecin dans les prisons qui a attendu que des révélations soient faites sur la situation de « violence  » soit dénoncée pour écrire un bouquin. mais pendant que cela se passait que faisait-elle ?
    On laisse faire et dès qu’on peut on profite.

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