Vous n’ étes pas sans avoir entendu cette histoire aux informations du soir.
Un medecin de Vitry sur Seine se trouve mis à mal par la sécurité sociale pour avoir laissé trop de médicaments se faire rembourser sur des ordonnances Bizones…
Alors qu’est ce qu’un ordonnancier Bizone?
En gros c’est une souche sur laquelle se trouvent des ordonnances un peu particulières. Elles sont divisées en deux colonnes et destinées aux Malades atteints "d’Affections de Longue Durée (abrégé par : ALD)".Sur une partie de l’ordonnance, le médecin doit impérativement inscrire les médicaments en rapport direct avec la maladie et remboursés à 100% par la sécu et sur l’autre partie, il y inscrit le reste de la médication qui ne sera pas prise en charge à 100%.
Que reproche t-on à Monsieur Poupardin?
Pour simplifier, on l’accuse de ne pas avoir assez utilisé la seconde zone de l’ordonnance et d’avoir inscrit, pendant environ un an, trop de médicaments dans la partie remboursable. Ceci est – somme toute – un beau combat pour aider des gens malades qui suite à leur condition de santé sont financièrement affaiblis!
Que risque t-il?
Toujours pour résumer : Il risque d’être condamné à rembourser de sa poche le manque à gagner qu’il a créé par ces ordonnances.
Et alors?
Alors… alors… ce procès montre une étrange vision de la sécurité sociale.En effet, ce système d’ordonnance Bizone ferait admettre une division, une partiellisation du corps humain! Une sorte de morcellement du malade. Il n’a plus une maladie, mais des maladies, séparables à souhait pour la CPAM! Les médicaments en lien avec la maladie de longue durée sont pris en charges, pas les autres. Comme si une maladie non soignée (notamment pour raisons financières) n’avait pas de répercutions sur la maladie pris en charge à 100%. Comme si une maladie grave n’affaiblissait pas le corps, créant ainsi d’autres pathologies! Pour considérer ce fait énoncé, il faut que le médecin fasse une demande de protocoles pour "polypathologie" auprès de la CPAM, ce qui est presque toujours refusé.
Cependant après avoir été entendu sur les faits qui lui sont reprochés, le Docteur Poupardin en a fait la demande pour huit patients. Ces demandes ont toutes été acceptées (par miracle administratif quasi inexistant à l’habituel en quelques jours) et ses dossiers ne seront donc pas pris en comptes pour son procès. Comme il restait quarante-trois autres dossiers du même type, le médecin a donc cherché qui pouvait avoir le droit au même protocole. Et sur vingt-deux personnes à pathologies multiples repérées par ses soins, il s’avère que, cette fois, seul deux dossiers ont été reconnus comme recevables!À croire que la validité du dossier est attribuée par tirage au sort!!!!
C’est cet arbitrage qui révolte le Docteur Poupardin! À croire que l’être humain n’a pas les mêmes droit devant une même loi… Certains peuvent se voir rembourser et d’autres souffrants d’une identique manière ne le peuvent pas! Le protocole de "polypathologie" ne fonctionne sensiblement pas. Il n’est pas dans l’intérêt d’une sécurité sociale affaiblie de rembourser. Ce fait remet considérablement en cause la moralité d’un service pour lequel chacun cotise! Les caractéristiques qui affirment la recevabilité d’un dossier sont floues et laissent aux médecins-conseils qui valident (ou pas) le dossier, une trop grande ampleur de subjectivité. Ainsi à une même pathologie, il n’est pas sûr que deux dossiers soient pris!
Dans son courrier à la presse, le docteur écrit :
"Les critères pour déterminer le caractère invalidant ou non d’une pathologie sont complètement opaques ce qui permet le déploiement de la subjectivité des médecins-conseils : Parmi les patients convoqués, les pathologies digestives ne sont jamais invalidantes ; l’ostéoporose n’entraîne aucune gène ; les problèmes de prostate n’empêchent pas les gens de dormir, et ne sont jamais l’objet de surinfections en particulier chez une personne diabétique ; la dépression nerveuse quand elle est soignée par le médecin généraliste, ne pose aucun problème dans la vie !"
Mais ce n’est pas tout. Il reste seize dossiers pour lesquels il lui est reproché d’avoir trop prescrit dans la partie "remboursement". Il s’agit notamment d’antalgiques, de bains de bouches, ou encore de médicaments remplaçant un autre remboursé, mais auquel le patient est allergique!
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Il est important de noter face à ce constat que ce procès semble être une parodie! On prend un médecin résistant, un médecin qui respecte le serment d’hypocrate, un médecin humaniste et on le met sur la sellette afin qu’ils servent d’exemple pour tous ses petits camarades qui résistent également! À l’heure où les gens ne peuvent pas disposer de leurs corps librement, le corps humain devient une marchandise étatique! Il rapporte aux mutuelles, et rebouche le trou de la sécurité ! Et ce, dans le cas des ordonnances bizones, au détriment de la santé du patient!
Il en va de notre futur à tous! Dans cette situation de crise, il est important de soutenir ce médecin. Il faut soutenir cette humanité à l’heure où les pratiques médicales deviennent de plus en plus inabordables! Il faut soutenir ses gens qui agissent aux coeurs des quartiers sans quoi le fossé social grandira de plus en plus avec une médecine toujours plus à deux vitesses : celle des pauvres et celle des riches! C’est triste à dire, mais sauvegardons nos acquis sociaux avant d’avoir un système de santé à l’Américaine!
Pour appuyer ceci, veuillez trouver un extrait du courrier de Monsieur Poupardin :
"À terme, pour faire face à cette pénurie, les médecins de quartier seront remplacés par des médecins formés en peu d’années, forcés d’adhérer individuellement à des « Contrats d’Application des Pratiques médicales (CAPI) » et d’obéir aux « recommandations » préconisées par la CNAM.
Celle-ci,
- gèrera d’un côté la limitation et le fichage des soins au moyen d’un dossier médical personnalisé consultable sur les cartes vitales, pour les pauvres ;
- et d’un autre côté encouragera les prouesses de réseaux de santé composés des médecins les mieux formés et disposant des moyens thérapeutiques les meilleurs, adeptes des dépassements et de l’utilisation privée des services publics hospitaliers. Les frais de ce secteur seront remboursés par des mutuelles les plus performantes que s’offriront sans sourciller les personnes qui en ont les moyens."
Plus d’infos sur : http://didierpoupardin.wordpress.com/