Décerné chaque année par le Parlement européen, le prix Sakharov récompense les personnes ayant le mieux œuvré en faveur de la défense des droits de l’homme, de la démocratie. C’est en commémoration du 10 décembre de 1948, jour de signature de la déclaration universelle des Droits de l’Homme par l’Organisation des Nations Unies qu‘à cette même date depuis 1988, se déroule la prestigieuse cérémonie de remise des prix.
Offert l’an dernier à des militants du Printemps arabe, les heureux bénéficiaires de cette année 2012 sont le cinéaste Jaafar Panahi et l’avocate Nisrine Sotoudeh, au grand dam des autres nominés que sont le groupe russe, les Pussy Riot et le dissident bélarusse Alès Béliatski.
Cette distinction faite à ces deux Iraniens survient à l’heure où l’étau ne cesse de se resserrer autour du régime de Téhéran, jeté en pâtures à la communauté internationale pour son fameux programme nucléaire hautement controversé !
Malheureusement, il est fort peu probable d’imaginer ces lauréats, condamnés tous deux à de lourdes peines et spoliés de toute liberté, pouvoir se rendre à Strasbourg afin de recevoir tous les honneurs qu’ils méritent.
En effet, arrêté alors qu’il préparait un film sur les manifestations qui dénonçaient la réélection du président Ahmadinejad, Jaafar Panahi fut assigné à résidence à Téhéran et condamné en octobre 2011à six années de prison assorties de vingt ans d’interdiction de réaliser des films ou même de s’exprimer pour motif de propagande contre le régime !
Quant à la seconde lauréate, qui s’est notamment fortement impliquée dans la défense d’opposants au régime en 2009, condamnée à 11 ans de prison avec 20 ans d’interdiction d’exercer le métier d‘avocate, elle végète dans une prison au nord de Téhéran !
En parallèle, une délégation de cinq eurodéputés de gauche et écologistes souhaitait se rendre à Téhéran dans le cadre d’échanges pacifistes avec le parlement iranien, et ce en dépit de la désapprobation du Parlement et du Congrès juif européens ; finalement, la proposition fut acceptée, avec le préalable de rencontrer les lauréats.
Or on vient d’apprendre l’annulation de dernière minute de cette visite pour refus par les Autorités iraniennes d’honorer cette fameuse condition jugée «irrationnelle» et source de «propagande politique».
Même si certains pensent qu‘un tel choix revêt des arrières pensées, il mérite quand même d’être salué pour toutes les retombées faites à ces personnages qui, au péril de leur vie, se battent pour le droit inaliénable à la liberté d’expression.
On se demande toujours comment se fait-il que la gauche existe encore