Le Président sortant s’intéressant pour une fois au 1er mai, est-ce une provocation ?

Je pense qu’il est à peine besoin de rappeler l’histoire du 1er mai pour montrer combien cette fête est éloignée des gens de droite !

Donc, le 1er mai 1866, aux Etats-Unis, les syndicats exercèrent une forte pression sur le patronat et le gouvernement pour permettre à environ 200 000 travailleurs d’obtenir une journée de travail de 8 heures… Ce n’est que quelques années plus tard que les syndicats européens instaurèrent « une journée internationale du travail », encore appelée « Fête des travailleurs » qui devait être fêtée ensuite chaque année le 1er mai. On appelle aujourd’hui cette fête : « la fête du travail »,  bien que cette expression puisse prêter à confusion…

 

 

(Capture d’écran sur le site herodote.net)

 

Les 1er mai ont rarement été marqués par des actions de « la droite », sauf peut-être sous Pétain en 1940.

Je ne rappellerai pas ici, tous les premiers mai qui ont été marqués par des actions des syndicats et de la gauche.

Commençons par le 1er mai 1891, à Fourmies, dans le Nord, la mobilisation tourne mal… L’armée tire sur des grévistes pacifistes. Résultat : 9 morts et 33 blessés… Il y a aussi le 1er mai 1936 qui annonçait la victoire deux jours plus tard du Front populaire aux élections législatives et l’arrivée au gouvernement de Léon Blum.

 

Quitte à choquer un peu, je dirais que pendant des années et des années, le 1er mai, c’était pour moi le fait des syndicats de gauche et des partis de gauche. C’était avant tout du social ! Les partis de gauche participaient toujours, sans s’afficher au premier rang des défilés qui étaient toujours occupés par des syndicats.

Il est vrai que celui qui en a fait « un jour chômé » est un secrétaire d’Etat au Travail du gouvernement de Pétain (René Belin, ancien de la CGT)…

Mais en avril 1947, le gouvernement de la Libération fait du 1er mai « un jour férié et payé », sans en faire une fête légale… Cela reste une tradition.

En avril 1947, la mesure est reprise par le gouvernement issu de la Libération qui fait du 1er mai un jour férié et payé… mais pas pour autant une fête légale. Cela reste donc une coutume !

 

Voilà maintenant que le Président sortant s’invente « la fête des vrais travailleurs » le 1er mai, entre les deux tours de l’élection présidentielle ! Si je me souviens bien pendant les cinq ans écoulé, il n’a jamais montré le moindre intérêt pour le 1er mai, ni avant d’ailleurs ! Rien que pour cela, tout le monde comprendra sans grande démonstration que c’est cousu de fil blanc et que cela s’apparente à une provocation, dont on ne voit pas très bien ce que cela peut lui rapporter, en terme de voix, sinon de remettre au goût du jour un slogan bien connoté à droite « Travail, famille, patrie », même si les trois termes ne sont pas prononcés ensemble dans les discours, on les développe comme si rien n’était ! On voit bien qu’ils sont traités séparément, dans le but de plaire aux votants du FN du premier tour ! J’espère qu’on ne va pas revenir à des périodes troubles, mais comme beaucoup de citoyens, je suis frappé par le discours du Président-candidat dans lequel, je retrouve des « relents Pétainistes ». Je ne reprendrai pas ici le discours de Pétain en 1940 et celui du Président sortant prononcé le 19 février 2012, mais la ressemblance concernant le comportement des syndicats est troublante !

 

N’est-ce pas de la provocation de la part du candidat de droite de parler aussi de « la fête du vrai travail ». Le faux, c’est évidemment pour lui, ceux qui sont assistés, peut-être  aussi ceux qui perçoivent le RSA ? Peut-être aussi ceux qui sont au chômage ? peut être aussi ceux qui sont fonctionnaires ? J’ai remarqué quand même, qu’à la dernière émission « Mots croisés », le conseiller Guaino, ne parvenait pas à expliquer ce qu’il y a dans « vrai travail » ! On pourrait aussi peut-être rappeler au Président sortant que depuis 2007 son bilan en matière de « vrai travail », (le seul qui existe) est très négatif ! Selon l’insee, le taux de chômage devrait dépasser la barre des  10 % cette année.

 

Le 1er mai, le Président-candidat convoque donc la majorité silencieuse et « les vrais travailleurs ». Concernant la première, on ne l’a pas vue dans les urnes du premier tour ! Concernant les seconds, j’ai bien peur qu’il ne s’agisse que de sympathisants de droite amenés dans le meeting par l’organisation de l’UMP. Bref, il peut y avoir du monde, mais quel rapport avec les travailleurs et la fête du travail ?

Lui, qui accuse les  syndicats de faire avant tout de la « politique », organise une affaire politique porteuse de division entre travailleurs, le 1 er mai ! C’est certainement un comble ou une provocation ! Et, c’est quand même étonnant que des responsables politiques se disent « uniques représentants des travailleurs », en tentant aussi de détourner finalement l’objet du 1er mai ! Personne n’est dupe ! Le 1er mai est d’abord le jour des syndicats et le Président sortant tente d’en tirer profit pour sa campagne de deuxième tour ! On se demande ce qu’il va encore pouvoir trouver dans les quelques jours avant le second tour ? Lorsqu’on écoute la radio hier et aujourd’hui, on a presque la réponse, on se demande s’il n’a pas piqué les idées à la leader du FN et s’il ne tente pas de se situer à sa droite ! C’est pire que tout ce qu’on pouvait imaginer de la part d’un Président sortant qui veut être réélu vraiment à tout prix !

 

En fait, il va contribuer à rendre le 1er mai plus politique que jamais ! Tout le monde tente de s’approprier cette date clé… alors le 1er mais risque d’être à Paris un champ de bataille entre Sarkozystes et anti Sarkozystes surtout par médias interposés !

Comme disait un journaliste, le Président sortant « va perdre son âme et l’élection » (Michel Noir avait dit un jour « qu’il vallait mieux perdre une élection plutôt que son âme »…

 

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