Toute ressemblance avec des faits ou des personnages ayant déjà existé est loin d’être fortuite dans ce film inspiré de ces révolutions qui secouent certains pays à travers le monde.Truffée de situations symboliques, cette fable semble aussi avoir emprunté quelques ingrédients propres au "Petit prince"comme pour mieux se nimber de poésie, de philosophie. Au lieu du s’il vous plaît dessine -moi un mouton,  Votre Majesté je veux une glace, demande le petit fils. En guise de réponse dissuasive, le dictateur amuse le Néron en herbe assis sur ses genoux en l’initiant à l’art de l’arrogance : donner royalement l’ordre d’allumer et d’éteindre les feux de cette belle capitale rien que pour le plaisir des yeux… 

Subitement les ordres ne sont plus exaucés, la désobéissance est activée ! Des détonations sourdes, des rafales de mitraillettes résonnent au loin. Tout bascule, c’est un coup d’état.Tellement bien filmées ces premières scènes qu’on pourrait se croire sur la Place Sidi Bouzid, la Place Tahrir ou quelque part à Benghazi, en Syrie, au Yemen, à Téhéran ou encore ailleurs. 

Le président descendu de son piedestal, dont la tête est mise à prix, se retrouve désormais seul avec son "Altesse royale" haute comme trois pommes. Il lui faudra user de tous les subterfuges pour échapper aux foudres d’une population chauffée à blanc. C’est alors une longue épopée au cours de laquelle déguisé en saltimbanque musicien, le despote entiché de ce petit-fils reviendra peu à peu sur terre pour y découvrir tous les ravages causés à son peuple par sa politique. Lui qui planait sous les ors de son palais ne peut que tomber de très haut devant les conditions de vie de ces pauvres gens frappés de plein fouet par la misère, du coiffeur aux prisonniers en passant par la prostituée : tout un tableau exhaustif des conséquences désastreuses d’une politique défile sous le regard désespéré de l’enfant.  

Alors qu’est bouleversé le président devant tant de désolation, les opprimés eux veulent la pire des vengeances à l’encontre de leur oppresseur. Un conte optimiste qui met l’accent sur l’ambivalence de tout être humain. Morale : la violence n’engendre que violence et  seul le dialogue peut réactiver cette part d’humanité qui sommeille en chacun de nous, susceptible de mettre un terme à cette spirale infernale. A bon entendeur ! 

Le défaut "mignon"de cette longue fable de Mohsen Makhmalbaf dictée par de bonnes intentions est de verser sans parcimonie dans le pathos et de manière très incongrue comme par exemple la danse de ce petit prince grimé en fillette ; une ritournelle absolument insupportable ! La bande sonore surexploitée est par moments si agressive, si tire-larmes qu’elle finit par plomber malheureusement certaines séquences. 

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