De la polémique / Du politiquement correct
Auriez-vous remarqué, fortuitement, que nous vivons dans une société où tout ou presque tout est sujet à polémique ?
Il est, ainsi, devenu impossible d’appeler « un chat un chat » sans créer une polémique, de critiquer ceci ou cela sans générer des réactions outrées, et même parfois des envies de meurtre de la part de citoyens qui ont oublié que chacun a le droit de penser ce qu’il veut et de l’exprimer.
Votre chroniqueuse peut en témoigner, victime, sur certains réseaux sociaux, d’injures carabinées après la publication de sa chronique « De la religion » qui a fait l’objet d’une furie disproportionnée et de réactions négatives de certains internautes qui refusent la rhétorique, qui sont sectaires et intolérants.
J’ai même reçu une et une seule menace de mort ! D’où la nécessité de se planquer derrière des pseudos dont j’use et abuse avec bonheur, laissant libre court à ma créativité !
Il est, de nos jours, mal venu d’exprimer ses opinions de manière tranchée.
Le « politiquement correct », terme traduit de l’anglais et son équivalent français « la langue de bois », l’insipide, l’incolore et l’inodore ont tant et si bien envahi nos esprits que la plupart d’entre nous et de manière inconsciente, s’autocensure. Les médias en premier, devenus la voix de son maître, quel que soit le maître en place.
C’est le grand paradoxe de notre société. Nous vivons en démocratie, officiellement tout du moins, mais les citoyens ne supportent plus que certains expriment haut et fort des pensées jugées immédiatement subversives et dangereuses.
Tout doit être lisse, conforme, surtout conforme, pas trop affirmé, consensuel, il ne faut froisser personne, ce qui revient à une quadrature du cercle car comment exprimer une opinion en plaisant à la fois :
- aux associations en tous genres aptes à s’indigner dès lors qu’on fait de l’humour sur les handicapés
- aux citoyens de droite, de gauche, et d’un milieu dont personne n’a jamais compris à quoi il servait
- aux citoyens du nord, de l’est, de Jupiter et du centre de la terre
- aux nazillons d’extrême droite, euh, ceux-là je me fiche royalement de leur déplaire
- aux rebeus ou beurs, à votre préférence, ouille, désolée, il faut dire aux citoyens d’Afrique du nord
- aux noirs, ah zut, z’avions oublié qu’il faut dire black, et pourtant le noir est une belle couleur, très chic, très classe
- aux blacks des Etats-Unis, aille, que mierda, il faut dire Afro-Américain, je ne crois pas que je vais y arriver
- à toutes les sortes d’étrangers qui font la grandiose diversité de ce pays dont, personnellement, je ne saurais me passer
- aux obèses
- aux nains
- aux juifs et nains à la fois, ah les pauvres, c’est la totale !
- aux extrémistes de toutes les religions et en particulier, aux barbus, obtus et cons comme des balais – quand je pense qu’ils croient que la terre est plate et qu’on leur enseigne cela dans les écoles coraniques de Syrie, d’Iran et d’ailleurs –
- aux Belges, une fois et une seule …
C’est une mission impossible ! Cela relève de la schizophrénie paranoïde !
Votre chroniqueuse refuse catégoriquement de s’autocensurer mais n’est pas prête non plus à sacrifier sa vie pour des idées. Il ne faut pas exagérer, y laisser une vie n’en vaut pas la peine. Ce serait contreproductif car premièrement, je ne pourrais plus exprimer des idées non conformes dont certains se délectent et deuxièmement, cela ne convaincrait en rien mes détracteurs qui resteront crispés sur leur position.
Comment en sommes-nous arrivés là ?
Ce fût progressif, comme un cancer qui se développe lentement, genre cancer de la prostate, et je dirais que tout, et comme c’est généralement le cas, a commencé aux USA. Et que tout ce qui se passe et apparaît aux USA finit par parvenir chez nous. Il en est pareillement des hamburgers, comment peut-on manger cette merde qui fait grimper cholestérol et glycémie ? des films blockbusters crétins, dont le lendemain on a tout oublié, comment peut-on regarder cela ? …
Le politiquement correct, associé à un puritanisme exacerbé, voire paroxysé et à une religiosité présente à tous les niveaux, le Président américain jure sur la bible, faut-il le rappeler, n’ont fait que s’accroître aux USA et par conséquent en France. Comme pour remettre de la « valeur » dans une société qui a perdu ses valeurs depuis belle lurette et si tant est qu’en dehors du modèle américain, ce pays ait eu d’autres valeurs un jour.
Votre chroniqueuse souhaite remettre les pendules à l’heure en dénonçant que :
- Créer la polémique en traitant de raciste, le footballeur français, Antoine Griezman, parce qu’il a osé se grimer en basketteur noir des années 80 (avec perruque afro) pour honorer l’équipe de basket-ball les « Harlem Globe Trotteurs » dont il est fan relève d’un politiquement correct que je nomme « la dictature des minorités »
- Imposer l’écriture inclusive – kezako ? – c’est l’écriture qui vise à féminiser au maximum ce qui peut l’être pour soi-disant réduire les inégalités hommes-femmes, revient à nier la différence hommes-femmes qui est une évidence, vous voulez un dessin ? et qui ne changera en rien le fait acquis, depuis toujours, que les femmes, à compétences égales, gagnent 20% de moins que les hommes. Il faut cesser de nous prendre pour des connes et cette écriture inclusive recommandée par le ministère du travail aux entreprises relève d’un politiquement correct, que je nomme « instrument des classes dominantes »
Votre chroniqueuse conclut que le refus de la polémique tue la démocratie et que le politiquement correct divise la société en un catalogue d’identités minoritaires. Ainsi du technicien de surface, autrefois appelé balayeur. Cette nouvelle dénomination améliore-t-elle la condition de ce balayeur ? Que nenni !
Desproges, Coluche, les Inconnus et Michel Leeb seraient aujourd’hui poursuivis en justice par la galaxie entière s’ils continuaient à faire les sketches qui ont pourtant, quand la France était encore un pays « normal », fait rire cette même France à gorge déployée.