Ne parlons pas de consommation. L’homme est, par nature, un consommateur. Tant de litre d’air inspiré par seconde, telle quantité d’eau absorbée par jour, tel nombre de vaches dévorées par an.

Parlons plutôt d’une invasion de nos consciences, d’une profanation de nos esprits naïfs, d’une imposition sur les âmes crédules. Deux mots, une évidence.

Boisson gazeuse, édulcorée, caféinée, aqueuse (encore heureux), plutôt banale à première vue mais toujours auréolée de rouge.

Rouge comme le père Noël ? Non, le père Noël est rouge comme elle.

 

 

Aujourd’hui, ce n’est plus mystérieux de voir placarder sur chaque vitrine des bars qui se veulent ‘in’, des sandwicheries à l’affut de l’étudiant en mal de cuisine, de certaines boulangeries (mais plus des vendeurs de pain, bien sûr) en recherche de diversification de clientèle, ces fameux logos, aussi tapageurs que des photos de top modèles dénudées.

  

Ne cherchez plus, l’envahisseur est ubiquitaire. Nous admirons ces lettres impies, chaque jour, une bonne trentaine de fois.

Coca Cola.

   

 

Sponsor devant l’éternel, synonyme de publicité lobotomie, créatrice d’obèse par son simple goût sucré, la boisson est bénie par tous. Voici enfin une religion universelle qui n’a de concurrent que ces ridicules boissons gazeuses qui se croient encore compétitrices.

N’est ce pas affreux ? Se voir proposer sans cesse de plier ses genoux devant la domination capitaliste américaine ? Prier pour quelques centilitres d’un breuvage qui n’a de divin que le bourrage qui l’a fait entrer dans nos crânes ?

Et, étrangement, il n’y a pas de rivalité autour du coca cola. Cette boisson est acceptée voire admirée par tous, comme si elle avait transformée la vie de chacun.

N’est ce pas un verre de coca cola qu’avait bu Proust pour se glisser dans la délicatesse de ses souvenirs d’enfance ? Einstein n’a-t-il pas lui-même imposé la lettre c pour sa fameuse formule : e=m*(coca cola)² ?

Et Socrate n’aurait certainement pas eu un si funeste destin s’il avait absorbé un bol de coca cola au lieu de sa chère cigüe.

Mais tout cela est normal. Nous sommes humains et cela nous rend victime, chaque instant, des décisions divines qui sont prises là haut, sur la montagne de breuvage gazeux qui descend de l’Olympe des usines de production de Coca Cola.

Et puis comme disait Descartes : Je bois du Coca Cola donc je suis !