C’est à l’occasion d’un article de Marianne sur la desserte de Faya-Largeau, au nord du Tchad, depuis Paris, que j’ai découvert la compagnie aérienne ayant, j’imagine, succédé au Point-Mulhouse, soit Le Point-Afrique. Ce voyagiste ne dessert plus en vol sec que Cotonou, au Bénin, mais propose aussi des circuits attrayants en Afrique de l’Ouest.
Souvenirs, souvenirs.
Point Mulhouse existe toujours, sous forme d’une agence de voyages, une sarl de cette ville, mais, pour moi, cela reste la compagnie de charters qui, dans les années 1980, desservait régulièrement Ouagadougou, au Burkina, notamment depuis Lyon. Je ne me souviens plus trop du vol aller, mais il me revient du retour l’image d’un aéroport à moitié rempli de routards qui ramenaient d’énormes balafons.
À l’époque, point de compagnies low cost, mais des charters, ou des places à tarifs réduits réservées aux étudiants. L’Afrique restait très mal desservie et à moins de prendre son temps, et le risque de perdre ou mal revendre une 203 ou une 404 bâchée à destination, le continent restait très peu accessible aux routards ou aux voyageurs à tout petit budget.
Le Point (dit Mulhouse, car l’idée initiale était surtout de décoller de Bâle-Mulhouse) allait vraiment changer la donne. En débarquant à Ouaga, on pouvait loger au Palais des Jeunes (pas de clim’, ventilateur en panne, lit en fer, douche collective à citerne), et se débrouiller pour rayonner un peu et découvrir une autre Afrique que celle des amateurs de safaris. La piste défoncée entre Bobo, dont j’avais pu visiter les geôles en tant qu’invité sous un prétexte fallacieux (en pleine nuit, je n’avais pas rempli la fiche de l’hôtel, et je fus cueilli à l’aube), et Bouaké, reste l’un de mes pires et meilleurs souvenirs. Imaginez l’effet ballast d’une citerne de mélasse sur une cabine qui ne peut toujours éviter les trous les plus profonds dont l’eau « des pluies » finissantes masque l’ampleur. J’allais goûter, à l’étape, mon « salaire de la peur » sous la forme d’un sabot de bœuf émergeant de la sauce arachide dans une gamelle de scout fortement cabossée.
C’est dit, un jour, si le sort prête vie au Point-Afrique, je tenterai de revoir le Burkina à partir du Bénin, puisque la compagnie dessert Cotonou depuis Paris, pour environ 730 euros l’aller-retour (deux fois par mois, tarifs entre 346 et 386 euros pour le parcours simple).
Moins cher… difficile
Il est peut-être possible de trouver moins cher, ponctuellement. Après la fin de la desserte de Ouaga par Le Point, il fallait passer par Tripoli, ou Casablanca, ou Bamako, à présent aussi Alger, pour rejoindre la capitale du Burkina à prix accessible. Le mieux est de partir de Bruxelles, sur Brussels Airlines, avec éventuelle escale à Bamako. Pour d’autres destinations, Le Point-Afrique reste la meilleure alternative (voyez « À propos de nos vols » sur leur site).
Le Point-Afrique propose surtout des circuits (Afrique de l’Ouest, Éthiopie, Madagascar, Tchad et Oman). C’est plutôt orienté « rando ». Voire nuitées chez l’habitant. Pour l’Adrar, le choix se fait entre le 4×4 et le chameau. D’autres voyages sont beaucoup plus « famille-farniente ».
Dans le genre « relax » et vraiment abordable, vous avez le séjour au Campement mauritanien Tamana en… Ardèche, près de la grotte Chauvet. Soit deux cases songhoy et quatre khaïmas maures. Comptez un peu plus de 80 euros la nuitée pour deux (un peu moins si vous amenez literie et petit déj’). C’est ouvert du 18 juin au 11 septembre et mieux vaut, évidemment, réserver au moins deux semaines à l’avance. Le hic, c’est qu’il faut, si piéton, débarquer en gare de Pierrelatte et rejoindre en auto-stop le village de Bidon. Il vous restera 500 mètres à couvrir à pied.
Pour Cotonou-Ouaga, il y a peut-être des bus (en tout cas, il y en eut), ou des taxis (deux passagers sur le siège avant, quatre à l’arrière), mais le mieux est peut-être de rejoindre Lomé, au Togo… À dire vrai, je n’en sais strictement rien. Parce que, de maigre expérience, je crois savoir que tout peut changer en Afrique d’un jour ou d’une semaine à l’autre. Louer (ou acheter puis revendre un scooter) est peut-être une solution tentante : mais attention aux accidents.
Faut-il investir dans un « visa entente » (Burkina, Bénin, Côte d’Ivoire, Niger et Togo) ou pas ? Que faut-il prévoir ? Le site Planète-Burkina semble encore régulièrement mis à jour (enfin, les nouvelles de 2009 sont sans doute encore valides) et c’est sans doute l’un des plus précieux pour s’initier aux pratiques du pays.
Apparemment, mon Palais des jeunes sur la route de l’aéroport de Ouaga n’existe plus, en tout cas, sous ce nom. C’est peut-être maintenant une auberge (deux établissements sous cette enseigne sont listés, moins chers que des hôtels, surtout pour les chambres « ventilées »). Mais au Bénin, à Possotome, un maquis de ce nom disposant de six chambres, qui fait boîte de nuit le samedi, est recommandé par le guide Le Petit Futé. Lequel me semble recommandable (et mieux actualisé que le Lonely Planet, sur l’Afrique de l’Ouest, comme celui du Routard, sans doute obsolète).
Si vous envisagez d’aller au Burkina, tentez d’avoir des infos actualisées. Ainsi, le site d’Aigle Azur indique toujours bien une desserte « tous les mercredis et samedis depuis le 12 janvier 2011). Cherchez un vol, moi, j’ai renoncé (toujours la même réponse « nous regrettons de ne pouvoir », &c., mieux vaut passer par Bamako).
Et le Tchad, dans tout cela ?
Selon Marianne, on aurait tenté de dissuader Maurice Freund, le fondateur du Point (Mulhouse, puis Afrique) de se poser à Faya-Largeau.
Cet aéroport surtout militaire (français) et commercial (pour les lignes intérieures tchadiennes) serait trop proche de la Libye. Sabine Grandadam croit pouvoir supputer que d’aucuns (militaires français ? toubous cherchant à rançonner Le Point-Afrique ? autres ?) ne verraient pas d’un trop bon œil l’incursion de touristes français dans la région.
C’est fort possible.
On attendra le 26 mars, et le vol retour de l’avion s’étant posé le 11 dernier, pour se faire une opinion.
Le circuit est destiné « à un public averti » cultivant l’esprit « pionnier » et prêt à consentir « une bonne dose participative. ». Vous voilà avertis.
Comptez près de 2 300 euros pour 16 jours (un peu plus si le prix des carburants grimpe à l’avenir).
Cela me fait plaisir de faire un peu de publirédactionnel pour l’entreprise de Freund. Il n’y a pas de bon plan de dernière « minute » proposé sur le site pour le moment.
L’ennui, avec les circuits, c’est que parfois, le nombre minimum de participants est de deux ou de quatre personnes. Ce n’est pas non plus tout à fait des prix « routards d’antan ». Mais si vous avez pris de l’âge, et qu’affronter l’Afrique en électron libre vous rebute (car c’est parfois un affrontement réel, qui ne la connaît que comme moi, même après avoir été un globe-trotter, peut se voir réserver de mauvaises surprises), Freund est un grand connaisseur de l’Afrique, dispose de relais et connaissances multiples. Sauf vrai impromptu, pas vraiment de mauvaises surprises avec lui…
Voyez aussi les liens sur son site.
Pour le Burkina, visitez aussi le site Ouaga, ça bouge. Il propose des chambres d’hôtes, tout plein de renseignements pratiques. Mais, en général, ne pensez pas que tourisme, en Afrique. Songez aussi actu : au Burkina, les récoltes n’ont pas été bonnes du tout, et comme au nord du Mali voisin, c’est plus ou moins la guerre ouverte, les réfugiés affluent au pays des Hommes intègres.
En général, le Burkina est calme, sauf émeutes sporadiques, comme l’an dernier, qui n’ont pas trop duré. Vous risquez davantage votre vie en montant dans un taxi roulant au gaz butane qu’en vous retrouvant au cœur d’une émeute. Comme celle de voici deux jours, à Bobo, survenue à la suite d’une bavure policière. Mais bon, ne vous exagérez pas les choses. Au Burkina, rien n’est vraiment insurmontable. Bon séjour, bon voyage !
Bon article Jeff ! Ayant connu l’Afrique quelques semaines, je confirme l’esprit pionnier qu’il faut avoir selon les circonstances…