Étonnante initiative du photographe Yvan Garçon. Exposé à la galerie parisienne Marassa Trois, il y tiendra « studio ouvert » trois samedis soirs de suite jusqu'au premier août inclus. L'occasion de se faire tirer le portrait à très bas prix pour obtenir un tirage A4 signé.
Cherchant toujours de nouveaux sujets et des modèles, hommes ou femmes, Yvan Garçon propose un « casting » bien particulier. Trois samedis sois de suite (18, 25 juillet, à partir de 18 heures, le premier août), derrière le rideau qu'il s'apprête à tendre entre les deux murs de la galerie Marassa Trois (89 bis, rue de Charanton, métros Bastille, Ledru-Rollin, Gare de Lyon), il disposera ses éclairages, son pied photographique. Et le sujet, ce sera vous, gratuitement ou non.
Si vous venez juste vous faire tirer le portrait, il vous en coûtera 39 euros pour un tirage A4 signé (par comparaison, le studio Harcourt, c'est 9 000 euros pour un tirage classique, grand format, 900 pour une personne, 300 par personne supplémentaire pour un petit tirage dit Instant Harcourt).
Si, en revanche, vous répondez aux conditions du casting, soit interpréter une scène érotique (de votre choix ou du sien, mais absolument rien n'est imposé), voire franchement « pornographique » (selon le regard de qui définit ce qui est ou non érotique ou pornographique), non seulement c'est gratuit, mais vous discuterez des conditions d'exploitation et de la rémunération avec la galeriste.
Yvan Garçon est un DJ à ses moments libres mais aussi un ancien acteur de films X. C'est un milieu dont il a claqué la porte voici quelques années, le trouvant de plus en plus bassement commercial et de moins en moins subversif, de plus en plus convenu et « performant » aux dépens des actrices surtout, des acteurs, des techniciennes, des fournisseurs, &c. Mais il en a conservé certains codes, qu'il transgresse artistiquement.
Les milieux lesbigays, les cercles libertins, peuvent aussi trouver là l'occasion, sans jamais transgresser leurs propres limites, de se mettre en scène. Ou d'accepter de se laisser suggérer des attitudes, des expressions, par un professionnel passé derrière l'objectif.
Et bien sûr, c'est aussi l'occasion, pour Yvan Garçon, de populariser son travail auprès des amateurs et des collectionneuses car, bien évidemment, pendant les prises de vue, l'exposition continue. Elle propose des tirages qui ne sauraient effaroucher des dames patronesses mais peuvent être vues tout autrement par les lectrices et lecteurs de l'époux de Diane Kotchoubey de Beauharnais et l'amant de Dora Maar – la photographe compagne de Picasso –, soit Georges Bataille.
Bref, que vous destiniez ce portrait à orner le bureau de votre épouse (ou époux) au bureau, ou que vous soyiez intéressé·e·s par l'éventuelle perspective devenir un·e ou des modèle·s rétribué·e·s (et intéressé·e·s aux ventes) – et dans ce cas, ce premier tirage vous sera offert – ce « studio ouvert » est une opportunité de s'intéresser autrement au monde de la photo.
Et puis, visiter en soirée une exposition, avant de rejoindre un bon restaurant ou un bar à vins du quartier, , c'est toujours, un samedi soir, une bonne manière d'entamer une rencontre entre amies ou amis ou connaissances. Rien ni personne ne vous obligera à passer derrière le rideau…
Cela étant, une mise en garde. Venir de lointaine banlieue, ou de province, engager des frais de transport, dans l'espoir de repartir avec un portrait gratuit et un contrat serait illusoire. Seules et seuls seront remboursé·e·s du coût du tirage minimal qui pourrait être retenu et voudrait consentir de céder partie de ses droits d'exploitation de son image. Le remboursement du passage derrière le rideau sera bien réel, mais aléatoire, et l'éventuel bénéfice fonction des ventes.