Impossible que quelqu'un en France ne le sache pas ! Mercredi, Ingrid Betancourt, otage des Farc depuis six ans, a été libérée. Pourquoi cet évènement est-il surmédiatisé de cette façon ?
Mercredi soir, la plupart des chaînes de télévision françaises ont interrompu leurs programmes pour annoncer la libération d'Ingrid Betancourt, diffusant des images de l'ex-otage venant de Colombie, retransmettant une allocution de Nicolas Sarkozy et retraçant la vie de la Franco-Colombienne à grand renfort de sujets et d'interventions de spécialistes.
Le lendemain jeudi, tous les quotidiens titrent sur le mot "libre" et le visage d'Ingrid Betancourt. Les matinales radiophoniques parlent de cette libération de façon presque exclusive. Les émissions d'information et de débat de la journée leurs emboitent le pas. Des images émouvantes, celles des retrouvailles d'Ingrid et de ses enfants partis en Colombie, arrivent sur les écrans, diffusées en boucle par les chaînes d'info en continu. Les grands médias français parviennent à interroger à tour de rôle l'ex-otage par téléphone.
Troisième acte : vendredi après-midi, vers 16h, l'avion affrété par les autorités françaises pour rapatrier Ingrid Betancourt se pose sur la piste de l'aéroport de Villacoublay. La Franco-Colombienne est accueillie par le président de la République Nicolas Sarkozy, mais également par une foule de journalistes. TF1 et France 3 cassent à nouveau leurs antennes pour retransmettre en direct les images de cette arrivée, tout comme Direct 8, Public Sénat et les chaînes tout info. A l'issue de l'édition spéciale de la Une, Claire Chazal annonce qu'Ingrid Betancourt sera son invitée au JT de 20 heures. TF1 a donc obtenu la première grande interview en plateau de l'ex-otage.
On en est à là, et ce n'est pas fini. La libération d'Ingrid Betancourt pose des questions (Va-t-elle se relancer en politique ?), suscite des polémiques (Comment s'est réellement déroulée sa libération ?)… Alors qu'on a déjà l'impression qu'"on ne parle que de ça" et que même certains journalistes pensent qu'ils en font un peu trop !
Pourquoi cette surmédiatisation, ce "phénomène Betancourt" ? Parce que le 23 février 2002, date de la capture d'Ingrid Betancourt par les Farc, est née une sorte de "bulle". Cette "bulle Betancourt" a gonflé par l'action des médias français, qui aimaient à parler de cette femme en détresse au milieu de la jungle, au fin fond de l'Amérique du Sud, survivant dans des conditions extrêmes. La diffusion par les Farc de trois vidéos d'Ingrid (2002, 2003, 2007), les appels répétés de ses proches, la formation de comités de soutien, la décision de plusieurs villes (dont Paris) d'en faire leur citoyenne d'honneur ont fait progressivement gonfler cette bulle, avec des pics de médiatisation à la clé. Le grand pic final est logiquement celui de la libération d'Ingrid Betancourt, avant-hier, six ans après sa capture. Un pic qui devrait, comme tous les autres, retomber progressivement dans quelques jours.
La bulle, qui, ne nous leurrons pas, est uniquement franco-française, est actuellement en train de se dégonfler. Le "phénomène Ingrid Betancourt" va donc prochainement prendre fin. Un phénomène médiatique remarquable par sa longévité qui est finalement une longue histoire qui finit bien.
La bulle est Villepintienne.